Desman des Pyrénées - Définition

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Écologie

L’habitat

L’habitat caractéristique du desman est composé de cours d’eau, dit « oligotrophes » de basse, moyenne et haute altitude (cours d’eau déficients en sels minéraux essentiels à la croissance des plantes donc constitués de peu d’algues).

Les cours d’eau que côtoie le desman sont neutres de toute pollution anthropique. En effet, les larves dont il se nourrit sont sensibles aux moindres variations d’acidité, de température, d’oxygénation et d’opacité de l’eau. En conséquence, la présence du desman sur une rivière démontre la haute qualité des eaux qu’elle charrie.

Les populations de desmans vivant sur les rives des lacs d’Ayous dans le parc national des Pyrénées occidentales ont un mode de vie et d’habitat particulier. En effet, cet ensemble d’une dizaine de lacs est profondément gelé 6 mois dans l’année. Les populations se réfugieraient donc dans les rivières souterraines. Une partie des desmans serait donc troglodyte (Combes et Salvayre, 1964).

Le régime alimentaire

Larve d'éphémère.
Larve de Plécoptère.
Larves de trichoptères.

Suite à plusieurs analyses de contenus stomacaux, d’observations réalisées en captivité et à des analyses de fèces, les scientifiques ont pu déterminer le régime alimentaire du desman(Bertrand, 1987, 1988, 1992).

Le desman des Pyrénées a besoin d’ingérer au quotidien plus du tiers de son poids en nourriture (20 grammes) pour être en pleine forme. L’analyse de près de 1500 fèces réalisée par différents scientifiques (Bertrand et Clergue, 1992), montre que son régime alimentaire se compose exclusivement de larves d’invertébrés benthiques, de trois ordres :

  • Les Ephéméroptères, aussi connus sous le nom d'éphémères.
  • Les Plécoptères
  • Les Trichoptères

Pendant longtemps, on a cru que le desman des Pyrénées était très sensible à la pollution issue des activités anthropiques, mais en fait, ce sont les larves dont il se nourrit qui meurent à la moindre perturbation du courant, de l’acidité ou de l’oxygénation de l’eau. Il est donc important de déterminer les indices biotiques de l’environnement aquatique, notamment l' analyse de DBO5 (Demande Biotique en Oxygène), qui correspond au taux d’oxygène consommé par les bactéries pour décomposer la matière organique présente dans un échantillon d’eau en 5 jours, permettant ainsi de déterminer une pureté relative de l’eau.

Le desman des Pyrénées semble privilégier les larves de Trichoptères, à valeur énergétique élevée, qu’il chasse exclusivement en plongeant de 15 à 20 secondes dans l’eau. De plus, ces larves sont de taille plus importante, donc plus faciles à capturer et par conséquent d'un grand apport d’énergie pour un effort moindre.

Celles-ci seront consommées hors de l'eau, sur la berge, en position assise sur les pattes postérieures. Et c'est à l'aide de sa trompe, une fois encore, qu'il les poussera vers sa gueule.

La consommation de poissons n’a jamais été remarquée au cours des différents travaux d’analyse. Le desman des Pyrénées ne consomme donc, à de rares exceptions près, jamais de poissons. Cette information jouit d’une certaine importance quand on sait que l’une des causes d’extermination du desman est cette réputation établie par des magazines de pêche en particulier.

Les magazines « Univers du vivant » de septembre 1985 et « Pyrénées Magazine » de janvier 1989, épaulés par de nombreux reportages télévisés, ont publié des photographies de desmans ingérant du poisson. Ces photographies ont été réalisées avec des desmans vivant en captivité et prouvent ainsi l’absurdité d’un tel geste ; si on laisse un animal dans une cage avec comme seule nourriture du poisson, il en est de soi que cet animal dévorera le poisson plutôt que de mourir de faim. Mais cette alimentation imposée par l’homme n’est pas le reflet de la réalité constatée dans la nature.

Répartition géographique

Le desman des Pyrénées possède une capacité d’adaptation élevée à l’altitude : on peut le trouver à partir de 15 mètres au-dessus du niveau de la mer, au niveau de Saint-Pé-de-Bigorre dans le bassin de la Nivelle (Pyrénées Occidentales) et jusqu’à 2021 mètres au niveau des lacs d’Ayous situés dans la haute vallée d'Ossau (Pyrénées-Atlantiques).

Toutefois, malgré cette grande diversité d’adaptation sur le plan altitudinal, il existe d’autres facteurs prépondérants, notamment des causes climatiques.

Limite liée à la pluviométrie

L’aire de répartition du desman reçoit des taux de précipitations annuelles supérieures à 1000 millimètres. Des travaux effectués dans un laboratoire du CNRS à Moulis en Ariège (09) ont montré que le desman avait besoin de torrents assez profonds (qui amènent beaucoup d’eau) pour s’épanouir. On a pu observé sur le bassin du Salat, en amont de Saint-Girons (Rivière Bouigane, Garbet), que le desman n’était présent que sur les affluents de la rive gauche qui parcourent des secteurs dont la pluviométrie dépasse les 1500 millimètres annuels, alors qu’il est totalement absent des affluents de la rive droite qui traversent des zones où les précipitations annuelles ne dépassent pas les 900 millimètres par an.

Limite liée à la nature géologique du terrain

L’analyse de la nature du sous-sol à partir de cartes géologiques franco-ibérique nous révèle qu’une très grande majorité du territoire du desman se limite uniquement à un sous-sol composé de roches métamorphiques ou ignées (granite, syénite, basalte, marbre, ardoise, gneiss, schistes...). En fonction de la nature géologique des espaces traversés, les cours d’eau brassent, en quantité plus ou moins grande, des alluvions qui favorisent la croissance des algues micro- et macroscopiques. Le desman ne vivant, en partie à cause des larves dont il se nourrit et qui sont très sensibles aux perturbation environnementales (notamment à la luminosité), que dans des cous d’eau dits « oligotrophes », c’est-à-dire néant de toute phytobiologie, survivra plus difficilement dans des milieux où la quantité de sédiments est importance (rapport indirect).

Évaluation du nombre d’individus

Selon les données géographiques les plus récentes, datant de 1993, le desman serait présent sur 236 zones des Pyrénées françaises (1 zone = environ 71,5 kilomètres carrés, soit sur une carte géographique un rectangle de 0,1 x 0,1 grade de côté) ; ce qui représente une zone d’habitat française de 1 687 400 hectares. Ce chiffre ne montre pas la réalité. En effet, le desman ne vit que sur les cours d’eau de ces zones, ce qui réduit sensiblement son espace de vie.

Selon les données de densités communiquées par le parc national des Pyrénées (Maison du parc national des Pyrénées à Gabas, magazine « Empreinte », n° 6) le nombre d’individus au kilomètre carré serait de l’ordre d’un seul individu dans une zone établie .

En considérant ces données identiques pour toutes les Pyrénées, la population de desmans s’élèverait à moins de 17 000 individus sur la zone française.

Certaines personnes pourront estimer que cette population est suffisante pour garantir un taux de naissance au-delà du seuil de régénérescence de l’espèce, et donc augmenter le nombre de spécimens, mais le taux de mortalité augmentant, le nombre d’individus se stabilise. Il ne faudrait pas que cette tendance très « aléatoire » ne s’inverse en défaveur du desman des Pyrénées. Or, la pollution anthropique atteignant de plus en plus souvent le dernier sanctuaire de notre petit protégé, l’homme doit agir pour le sauver.

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