L'Ensemble de lancement Vega (abrégé ELV, parfois nommé ZLV, Zone de Lancement Vega) est un ensemble de lancement de fusées spatiales située au Centre spatial guyanais construit en 1973, destiné à l'époque au lancement de fusées Europa 2 (sous le nom CECLES) puis des fusées Ariane 1, 2 et 3 (sous le nom ELA-1, pour Ensemble de lancement Ariane 1), et, fin 2010, de la fusée Vega.
Depuis 1947, la France utilisait pour développer ses lanceurs spatiaux et missiles balistiques le Centre interarmées d'essais d'engins spéciaux, situé à Hammaguir, en Algérie. La guerre d'Algérie et l'indépendance qui en découla conduisit les autorités Françaises d'abandonner le centre. Grâce à des « clauses secrètes » dans les Accords d'Évian, signés le 18 mars 1962, la France eut l'autorisation de disposer pour 5 ans encore de la base. C'est ainsi que décolla le 26 novembre 1965 une fusée Diamant-A avec à son bord le premier satellite artificiel Français, Astérix (A-1). Le centre est évacué en 1967.
Dès la signature des accords, le ministère de la défense français planifia la création d'une nouvelle base dans les Landes à Biscarosse, le Centre d'Essais de Lancement de Missiles. Ce centre ne permet cependant pas de profiter de la rotation terrestre pour mettre en orbite un satellite, puisque les lancements ne peuvent se faire que vers l'ouest, direction opposée aux zones habitées.
Le Centre national d'études spatiales (CNES) décide alors de créer sa propre base de lancement. 14 sites seront étudiés, à l'étranger comme dans les départements d'outre-mer. La Guyane sera finalement retenue le 14 avril 1964, pour sa stabilité politique, l'absence de tremblements de terre, de cyclones et son positionnement par rapport à l'océan Atlantique, autorisant des lancements vers l'est sans risque de retombée de débris du lanceur sur des zones habitées. De plus, la proximité du centre par rapport à l'équateur (5°23' nord) permet des lancements « économiques » en carburant, et donc en poids.
Un premier ensemble de trois pas de tir pour fusées-sondes est achevé dès 1968. L'année suivante verra la construction de l'ensemble Diamant. Le pas de tir adapté à Europa 2, nommé CECLES, ne sera terminé qu'en 1971.
L'échec du vol F-11 d'Europa 2 le 5 novembre 1971 provoqua l'arrêt du programme, et les vols des fusées Diamant sont stoppés en 1975. Le centre est mis en sommeil jusqu'à l'arrivée du nouveau lanceur européen Ariane, prévu pour 1977. Les seuls lancements pendant cette période furent ceux des fusées-sondes météorologiques Super Arcas.
Pour des raisons économiques, Ariane devra réutiliser le pas de tir CECLES conçu pour Europa 2. Mais celui-ci s'avère trop petit. Il faut donc « gagner de la hauteur ». Avec d'énormes vérins, la tour de lancement d'un poids de 1200 tonnes est rehaussée de 6 mètres, pendant que, par-dessous, de nouveaux éléments sont intégrés. Le massif de béton qui supporte le lanceur sera lui, « enterré » de 6 mètres.
La première Ariane 1 s'envolera le 5 novembre 1971 de ce pas de tir, rebaptisé ELA-1.
Par la suite, l'ELA-1 subira des modifications légères en 1981 pour lancer quelques exemplaires des versions Ariane 2 (vols 18, 23, 26, 28 et 30) et Ariane 3 (vols 10, 11, 12, 13 ,15, 19, 21, 24 et 32).
Après 25 tirs d'Ariane, l'ELA-1 est fermé en juillet 1989. La tour est détruite en juin 1991. Au sol, il reste le massif en béton et le château d'eau, qui seront réutilisés 18 ans plus tard par le nouveau lanceur Vega.
En 1998, l'Agence spatiale européenne (ESA) décide la création d'un nouveau lanceur de plus faible puissance qu'Ariane 5, proposant des lancements à coût moins élevés (21 millions d'euros contre 110 millions d'euros pour un lancement double d'Ariane 5). L'année suivante, il est proposé d'utiliser l'ELA-3, le pas de tir d'Ariane 5. La complexité de ce lanceur empêche de s'en servir ; l'attention se tourne vers l'ELA-2, voué à Ariane 4, encore employée à l'époque. Celui-ci est trop grand, et c'est donc l'ELA-1, renaissant sous le nom d'ELV (Ensemble de Lancement Vega) qui se chargera d'accueillir Vega dès son premier lancement, planifié en octobre 2010.
L'ELA-1 a dû subir des ajouts et des modifications, comme l'édification d'un nouveau portique.