Le Fort de Bicêtre est un ouvrage militaire défensif construit entre 1842 et 1846 sous le règne de Louis-Philippe, à un moment de tension avec l’Angleterre, sur la commune du Kremlin-Bicêtre. Il fait partie du dispositif de protection de Paris décidé par Adolphe Thiers.
Après 1874, selon le rapport du général Séré de Rivières, il sera renforcé d’une deuxième ligne de fortifications plus éloignée. Il servira ensuite de prison aux opposants de Louis-Napoléon.
Livré aux Prussiens en 1871, après leur départ, il sera brièvement occupé par les Fédérés. En 1940, durant l’Occupation, l’armée allemande s’y installe. Après la 2e guerre mondiale, il perd son importance tactique mais conserve sa vocation militaire. Il abrite successivement des artilleurs, un bataillon d’infanterie de marine détaché de la garnison de Paris, et enfin depuis 1946, des transmetteurs.
Le fort participe peu à l’Histoire pendant cette période. Cependant, en 1851, il sert de prison pour les opposants au coup d’État de Louis Napoléon Bonaparte. Certaines casemates sont transformées en geôle, avant que les prisonniers soient exécutés ou déportés. Voici un inventaire rapide de la garnison du fort de Bicêtre à cette époque : Les hommes Avant la guerre de 1870, les effectifs en hommes et en chevaux de la garnison du fort, le placent à la seconde position dans la hiérarchie de capacité d’accueil des forts de la chefferie du Sud :
Fort | Officiers | Hommes de troupe | Chevaux |
---|---|---|---|
Issy | 18 | 694 | 6 |
Vanves | 39 | 496 | 5 |
Montrouge | 28 | 575 | 5 |
Ivry | 32 | 1146 | 7 |
Bicêtre | 44 | 883 | 5 |
Un des chevaux est destiné à l’officier commandant le fort, les autres - des chevaux de trait - servent à monter et à descendre des courtines les pièces d’artillerie les plus lourdes. Ces dernières peuvent peser 1200 kilos et certaines, dont l’affût est en bois, doivent être mises à l’abri des intempéries en temps de paix. Les chevaux peuvent servir de nourriture en cas de siège prolongé.
Certes il y a du monde dans les chambrées, mais pour l’époque les conditions de vie du soldat sont plus enviables que celles de la majorité des Français. Chaque chambre possède une cheminée, les hommes disposent de latrines avec un système de tout-à-l’égout, ils sont suivis médicalement, et disposent de repas chauds quotidiens.
L’artillerie prévue est composée de vingt-neuf pièces d’armement de défense, vingt-neuf pièces d’armement de sûreté et quatorze pièces d’armement mixte (sûreté et défense). Les canons sont en bronze. L’intérieur du fût est lisse et chargé de boulet et de poudre noire par la bouche. Les canons ne peuvent tirer qu’a vue, leur portée de tir est limitée. L’infanterie dispose du célèbre fusil « chassepot », fusil à canon rayé de onze millimètres que l’on charge de cartouche papier à poudre noire. Sa portée est de quatre cents mètres. Il sera remplacé par le fusil Gras en 1874. Pour diverses raisons, les forts ne reçoivent pas totalement leurs pièces d’artillerie, il faudra les armer en catastrophe en 1870.
Durant la guerre de 1870 contre les Prussiens, le fort de Bicêtre, comme tous les forts du sud, est violemment bombardé. À l’issue de 132 jours de siège de Paris, le gouvernement français capitule et les Prussiens prennent possession des forts. Celui de Bicêtre est occupé par le 6e corps prussien du 29 janvier au 20 mars 1871.
La livraison des canons à l’ennemi provoque la colère des Parisiens ; l’insurrection éclate le 18 mars 1871 et la Commune de Paris est proclamée. Dans un premier temps, les Fédérés conservent les positions prises par la Garde nationale lors du siège et s’installent dans les forts du sud dont celui de Bicêtre. Après la déroute des Fédérés, le massacre des communards commence : c’est la « semaine sanglante ». Ceux qui occupent encore le fort de Bicêtre l’évacuent dans la nuit du 24 au 25 mai. Deux communards kremlinois se sont illustrés durant ces combats. Le marchand de vins Joseph Limasset, garde du 150e bataillon, s’est battu à Vanves, à Issy et à Gentilly avant de rentrer, le 20 mai, participer à la défaite de la Bastille où il trouve la mort. Le capitaine Camille Desbarats, chef de la 4e compagnie du 239e bataillon, a tenu les forts de Bicêtre et d’Ivry avant d’aller se battre et mourir rue de Bagnolet.
En 1914, des troupes de marine, dont la section de commis et ouvriers militaires d’administration des troupes coloniales, sont stationnées dans le fort.
Pendant la seconde guerre mondiale, le fort est occupé par l’armée allemande. Il est un point stratégique pour contrôler la route de Fontainebleau. Les allemands construisent cinq petits ouvrages bétonnés (trois blockhaus, un hôpital souterrain et une cuve à ciel ouvert qui sert de réserve d’eau). Les blockhaus, de petite taille et pouvant accueillir au maximum deux à trois soldats, servent principalement de poste d’observation. Pour l’un de ces petits ouvrages, les Allemands transforment un des abris de traverse du XIXe siècle en le prolongeant d’une casemate en béton. L’hôpital souterrain comprend trois pièces pour une surface totale de 80 m2 et est enfoui sous deux mètres de terre et une dalle de béton d’un mètre d’épaisseur. L’une des pièces, dont les murs et le plafond sont recouverts de carreaux de faïence, sert de salle d’opérations. La réserve d’eau qui se trouvait juste devant le mât des couleurs actuel a été rebouchée. Dans les années 1960, elle servira de piscine pour les soldats du fort. Ces ouvrages existent toujours mais ne sont pas employés, leur état en rend la visite dangereuse.
Depuis 1946, la vocation du fort de Bicêtre s’est quelque peu transformée. C’est à cette date que les Transmissions s’y installent ainsi que le 1er bataillon du 8e Régiment de Transmissions.
En 1949, arrive le service des munitions de l’ERGM de Versailles et de l’Etablissement Régional du Matériel des Transmissions qui sera intégré au service du matériel en 1967.
En 1968, l’Etablissement annexe du Matériel des Transmissions (EAMT) qui se trouve à cette date sur le Fort de Bicêtre devient le Centre Spécialisé des Transmissions Nord (CST Nord).
En 1969, le bataillon du 8RT fait place à la 2e Compagnie pour assurer le logement et l’alimentation des personnels des Centres de Transmissions de Paris.
Le fort accueillera en 1979 la Direction des Transmissions d’Infrastructure/Administration Centrale (le DTI/AC).
Après plusieurs déménagements sur le site du mont Valérien, le Centre de Contrôle des Fréquences (CCF/Nord) géré par le 8RT s’installe le 2 février 1983 au Fort de Bicêtre.
En 1984, la 3e Compagnie qui gère les Centres parisiens de transmissions s’installe sur le Fort mais elle ne restera que quelques années. Elle donnera naissance à la Compagnie de Quartier Général CQG et à la 2e compagnie en octobre 1990.
En 1991, le Centre National de Soutien des Transmissions implanté sur le Fort, devient le Centre de Soutien Spécialisé des Transmissions no 2 (CSST2).
En avril 1992, arrive la Direction Centrale des Transmissions (DCT) qui portera les noms DCTSI puis DCTEI, Direction Centrale des Télécommunications et de l’Informatique. Au même moment, s’installe l’Inspection des Transmissions qui sera restructurée en juillet 2000 suite à la création de l’Inspection de l’Armée de Terre. Les locaux seront repris par la DCTEI.
En 1994, le CSST2 du Fort de Bicêtre s’associe au CSST1 de Suresnes et au CSST3 de Toulouse pour devenir le Centre National de Soutien Spécialisé des Transmissions CNSST. Les CSST2 et 3 rejoignent Orléans puis se sera au tour du CSST1 de Bicêtre en 1995.
En 1996, arrivée du Centre d’Études et de Réalisation des Systèmes d’Information de l’Armée de Terre, Bureau Architecture Études (CERSIAT/BAE) qui a pour vocation de constituer, au profit de l’armée de terre, le moyen de la maîtrise technique de son informatique. Créé en 1992 et rattaché l’EMAT, le CERSIAT/BAE a été intégré à la DCTEI en septembre 1997.
Un an plus tard arrive la Mission SIFAT, Système d’Information des Formations de l’Armée de Terre, responsable de la maîtrise d’ouvrage du Système Automatisé des Formations (SAF).
En juillet 1999, le CERSIAT BDI/EM (Bureau Développement Informatique/État major) déménage de l’École Militaire pour rejoindre le Fort de Bicêtre et devient un des bureaux de la DCTEI.
Le 30 juin 2000, la Compagnie de Quartier Général (CQG) est dissoute et ses missions sont reprises à cette date par la 2e Compagnie.
Du 1er juillet 2000 jusqu'au 30 juin 2003, l’organisation de la vie au Fort de Bicêtre est assurée par le commandant de base extérieure qui appartient administrativement à la 2e compagnie.
Depuis toutes ces réorganisations, les structures du Fort de Bicêtre continuent d’évoluer pour s'adapter aux nouvelle technologies et aux besoins du commandement.
Depuis le 1er juillet 2003, le Groupement de Soutien Bicêtre, reprenant les missions du Corps de la DCTEI, est chargé du soutien de celle-ci et des organismes stationnés sur le fort. Il soutient aujourd’hui pour l’essentiel la Direction interarmées des réseaux d'infrastructure et des systèmes d'information (DIRISI) de la Défense.