Fort de Bicêtre - Définition

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Présentation

Sous le règne de Louis-Philippe Ier, Adolphe Thiers propose au Parlement de transformer Paris en place forte. Le principe retenu consiste à réaliser une enceinte fortifiée autour de la capitale en dehors du mur d’octroi.

Réalisé entre 1842 et 1846, l’ensemble se compose d’un rempart bastionné à la Vauban et de dix-sept ouvrages détachés appelés « forts de la première génération ». Il s’agit de la forteresse du Mont Valérien et des forts d’Issy, de Vanves, de Châtillon, de Montrouge, de Bicêtre, d’Ivry, de Nogent, de Rosny, de Noisy, de Charenton, de Romainville, d’Aubervilliers, de l’Est, de la double Couronne du Nord et des forts de la Briche et de Vincennes.

La mission principale des forts consiste à former une première ligne de défense afin de tenir l’ennemi à une distance suffisante de la capitale pour rendre impossible l’action des projectiles incendiaires. Le coût élevé de leur construction les laisse sous-équipés et leur équipement est prélevé sur la flotte impériale.

Le fort de Bicêtre, commandé par le capitaine de frégate Fournier, est armé de 86 pièces d’artillerie. Les galeries des anciennes carrières situées sous le fort sont aménagées et celles qui débouchent dans la campagne avoisinante sont fermées par des chicanes crénelées.

Comme tous les forts détachés, le fort de Bicêtre est composé d’un ensemble de murs d’enceinte, de bâtiments maçonnés et de talus de terre, le tout entouré de glacis. D’une superficie de vingt trois hectares, le fort est de forme pentagonale à polygones réguliers, constitués par les murs d’escarpe et de contrescarpe espacés d’un fossé. À l’origine, des talus de terre complètent l’édifice en protégeant des tirs ennemis l’extérieur de ces murs, et servent intra-muros à la constitution de cavaliers destinés à l’artillerie et à l’infanterie de défense. Le plan à cinq bastions est la solution élégante - d’autant plus qu’elle représente l’homme qui se défend - la plus proche du cercle et la moins coûteuse. Cette vision anthropomorphique est concrétisée par le bastion sud tourné vers l’ennemi représentant la tête, les deux bastions latéraux correspondant aux bras et les deux de chaque côté de la porte aux jambes (selon le dessin de l’italien Pietro Cateano dès 1554).

Le fort, en détail

L'entrée du fort : la porte et le pont-levis

L’entrée du fort comporte une porte flanquée de deux corps de garde. À l’origine, elle donne à l’extérieur du fort sur le fossé qu’un pont-levis de type Poncelet permet de traverser. Le système Poncelet permet à deux hommes de relever rapidement le tablier du pont et grâce à des contrepoids d’éviter que celui-ci vienne taper en fin de course sur la maçonnerie.

Sur le fronton extérieur, on peut lire « Fort de Bicêtre » et à l’intérieur, les dates 1842-1846, dates de la construction du fort. Actuellement il ne reste du pont-levis que le système de poulie et de contrepoids, le fossé a été rebouché.

Magasins à poudres

Installés dans les bastions de gorge et d’une superficie de cent quarante-deux m2 chacun, ils sont prévus pour contenir environ cinquante tonnes de poudre noire. Edifices rectangulaires, aux murs en pierre meulière d’une épaisseur de plus de deux mètres, ils sont entourés d’une enceinte renforcée au niveau de la porte d’entrée. Ces mesures sont destinées à contenir l’effet de souffle en cas d’explosion. L’intérieur comprend deux étages. Le rez-de-chaussée est couvert d’un plancher de bois et comprend en son axe central des poutres verticales surmontées de chapiteaux également en bois. Ces poutres supportent le plancher du premier étage. Deux trappes dans ce plancher permettent de monter les barils grâce à un système de poulies. La poudre noire étant très instable, son stockage dans des barils de cinquante kilos nécessite un certain nombre de précautions. Ainsi, les madriers formant les planchers sont assemblés avec des chevilles en bois ou des clous en bronze afin d’éviter les étincelles lors d’un frottement accidentel avec un autre métal. Le bâtiment n’a qu’une seule porte d’entrée et possède deux petites fenêtres diamétralement opposées, une série de lucarnes de chaque côté et deux chiens-assis sur le toit afin d’assurer une bonne ventilation de la poudre. Ces ouvertures servent également à l’éclairage de l’intérieur de l’édifice puisqu’il est très dangereux d’employer des lampes à pétrole. Un paratonnerre de huit mètres cinquante les surmonte afin de les préserver des effets de la foudre. Actuellement, les murs qui entouraient les poudrières et les chiens assis ont disparu. Le reste est encore parfaitement visible et sert de pièces de stockage.

Le pavillon des officiers et la caserne

Au XIXe siècle, il n’y a pas de bureaux pour l’état major d’un régiment, il n’y a qu’une chambre-bureau pour les adjudants. Le chef de corps n’est présent que pour les exercices et le grand rapport. Le pavillon des officiers est une construction jumelle de la caserne de l’autre côté de la place d’armes, il est réservé aux officiers « subalternes ». Ils sont une quarantaine à y loger, généralement en famille. À l’origine, on y trouve l’infirmerie. En 1859-60, suite aux incessantes réclamations d’officiers mariés, une infirmerie est construite dans la cour fermée qui prolonge le bâtiment vers le Sud (n’existe plus actuellement). Ce bâtiment accueille aujourd’hui l’infirmerie, et divers services de la DIRISI/ La caserne est réservée à la troupe, on trouve l’inscription «Caserne A » sur sa face avant. Le bâtiment, construit sur quatre étages, est prévu pour héberger environ sept cents hommes. Son toit est une terrasse, moins sujette aux incendies que les poutres d’une charpente, et qui permet en cas de nécessité de placer de la troupe en hauteur et servir ainsi de camp retranché. Au rez-de-chaussée, on trouve les cuisines et les chambres pour les sous-officiers. Comme pour le pavillon des officiers, une cour fermée le prolonge sur le côté sud. En 1857-58, pour gagner de la place pour des chambres sous-officiers et construire des cellules pour gradés, il est prévu de supprimer les cuisines qui se trouvent dans le bâtiment et de construire une cuisine centrale et des magasins de stockage dans cette cour. Aujourd’hui, il ne reste qu’un mur de celle-ci sur lequel s’appuie un bâtiment plus moderne. Le sous-sol est entièrement occupé par une citerne à eau. Ce bâtiment est occupé actuellement par le général directeur central et toutes les équipes de commandement de la DIRISI.

Les casemates

Au nombre de trente, elles sont réparties en deux groupes de quinze. Un groupe se trouve entre les bastions 2 et 3, l’autre entre les bastions 3 et 4. Elles sont longues de vingt mètres pour une largeur de six mètres, avec un plafond voûté recouvert de terre. Sur leur face sud, on peut observer trois meurtrières qui permettent la défense rapprochée du fossé. Une plus grande ouverture (un évent) au-dessus des meurtrières permet l’évacuation des gaz toxiques dus à la combustion de la poudre noire. Chaque casemate peut héberger et protéger des feux ennemis trente-huit soldats. Certaines d’entre elles servent de magasin du génie, de cellules pour les punis et l’une accueille le four à pain. Elles serviront de prison pour des opposants au régime en place (voir chapitre le fort dans l’histoire). Actuellement, les casemates sont aménagées en bureaux, en salles informatiques et l’une d’entre elles en chapelle.

Les latrines

Situées derrière la caserne et le pavillon des officiers ; un système d’aqueduc permettait l’évacuation des eaux usées vers les fossés en passant sous les courtines. Pour des raisons sanitaires (épidémies et odeurs), les latrines étaient toujours construites à l’extérieur des bâtiments. Il faudra attendre le début du XXe siècle pour les voir entrer dans les casernements. L’accès aux latrines est actuellement bouché, on ne peut y accéder.

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