Château de Joux | |||
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Période ou style | |||
Type | Château fort | ||
Début construction | XIe siècle | ||
Fin construction | XIXe siècle | ||
Destination initiale | Fortification | ||
Protection |
Classé MH « Patrimoine du XXe siècle » | ||
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Latitude Longitude | |||
Pays | France | ||
Région historique | Comté de Bourgogne | ||
Région | Franche-Comté | ||
Département | Doubs | ||
Commune française | La Cluse-et-Mijoux | ||
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Le Château de Joux est situé dans le Doubs, il surplombe la cluse de Pontarlier ouvrant passage vers la Suisse dans le massif du Jura. Il fait partie de la commune de La Cluse-et-Mijoux, Doubs.
Il fait l'objet d'un classement au titre des monuments historiques depuis le 18 juillet 1996.
Le Château de Joux est mentionné dès le XIe siècle en 1034). Il a été reconstruit en pierre au XIIe siècle par la famille des sires de Joux. En 1690, Vauban l'agrandit et en améliore les défenses. Il servit durant l'Ancien Régime et la Révolution de prison d'État. Il est célèbre pour avoir enfermé en ses murs Mirabeau, Toussaint Louverture qui y mourut de froid et de malnutrition, Heinrich von Kleist et d'autres.
Assiègé avec succès par les Autrichiens en 1814, il sera renforcé par la construction des forts du Larmont (inférieur et supérieur) durant le XIXe siècle. Il couvrira la retraite de l'armée de Bourbaki vers la Suisse en janvier 1871. Cette armée dite « de l'Est » avait tenté de secourir la garnison de Belfort.
En 1879, le capitaine Joffre, alors officier du Génie, le modernise et le transforme en véritable fort Séré de Rivières, avec des casemates de tir pouvant accueillir des canons de 155 mm, jugés comme les plus gros canons d'artillerie de l'époque. À ce sujet, ses deux casemates, appelés « casemates Mougin », sont complètement recouvertes non seulement sous plusieurs mètres de terre, mais aussi de plaques en fonte (4 plaques de 20 tonnes chacune). Un système de verrou à contre-poids permettait l'ouverture pour permettre le tir et d'énormes bouches d'aération permettaient aux gaz et poussières générés par le tir de s'évacuer rapidement. Récemment remise en état de marche, Joux possède la seule casemate Mougin encore en état de fonctionnement.
Un musée d'armes est situé à l'étage du donjon médiéval. Les armes présentées vont du début XVIIIe au début XXe siècle, avec près de 600 pièces (casques, baïonnnettes, sabres, cuirasses) dont certaines pièces très rares comme un fusil de 1717. À voir aussi un puits de 120 mètres de profondeur, un des plus volumineux d'Europe.
Amauri III de Joux se croisa vers 1170. Son épouse, Berthe, à peine nubile, l'attendit plusieurs années lorsqu'un soir, un chevalier blessé se présenta au château. C'était le jeune Amey de Montfaucon, très beau garçon si l'on en croit la légende, Berthe, qui n'avait plus de nouvelles de Terre Sainte et croyant son époux tombé sous les coups des infidèles, se consola dans les bras de cet ami d'enfance. Rentré alors qu'on ne l'attendait plus, Amauri surprit les deux amants. Ivre de rage, il transperça Amey de Montfaucon de trois coups d'épée et ordonna qu'on suspendît sa dépouille à un gibet planté sur les rochers de la "Fauconnière".
Quant à l'épouse infidèle, elle fut condamnée à être enfermée sa vie durant dans un minuscule cachot où elle ne pouvait se tenir qu'à genoux, face à une étroite meurtrière offrant pour seul spectacle le corps nu, disloqué et mangé par les corbeaux de son bel amant. À la mort d'Amauri, son fils, le jeune Henri de Joux, eut pitié de sa mère qu'il envoya finir ses jours "amendée" et repentie à l'abbaye de Montbenoît. Ce remords tardif près de la tombe d'Amauri ne fut peut-être pas suffisant pour apaiser la colère divine car, près de huit siècles plus tard, certaines oreilles exercées entendent encore, lorsque la bise souffle la nuit près du retranchement du Chauffaud, « Priez, vassaux, priez à deux genoux, Priez Dieu pour Berthe de Joux ! » Conte ou histoire vraie ? L'existence de Berthe est attestée dans les chartes médiévales. Elle vivait encore à Montbenoît en 1228. Amey de Montfaucon, ou son homonyme, comte de Montbéliard, vivait au XIIe siècle. Quant au lieu-dit de la "Fauconnière, il tirerait son nom d'Amey de Montfaucon...
Un sire de Joux avait trois filles : Loïse, Berthe et Hermance qui rivalisaient de beauté. Leur seul défaut était une extraordinaire coquetterie qui les poussait irrésistiblement à enflammer le coeur de tous les chevaliers et écuyers du voisinage. Quand leurs conquêtes étaient assurées, elles les délaissaient aussitôt pour exercer leurs charmes sur les malheureux qui osaient encore leur résister. Plus d'un noble prétendant put se croire l'élu de l'une de ces gentes dames, mais ses espoirs se brisaient toujours à la veille des noces.
Cependant, trois jeunes seigneurs, les plus séduisants et les plus courageux du comté de Bourgogne, n'avaient pas abandonné l'idée de se faire aimer d'elles. Ils firent bonne garde autour du château, avec la bénédiction du sire de Joux qui rêvait secrètement de les avoir pour gendres. Mais en vain.
Cédant à la colère et à l'impatience, le père décida que les vainqueurs d'un tournoi auraient pour récompense la main de ses trois filles et ce, bon gré, mal gré. On annonça la joute à plus de cent lieues à la ronde, mais peu de chevaliers se présentèrent, chacun connaissant trop bien l'humeur capricieuse et l'inconstance des belles demoiselles de Joux. La fortune des armes sourit à Bras-de-Fer, Raymond le Bossu et Hugues-au-Pied-Fourchu, dont la méchanceté n'avait d'égale que la laideur.
Le jour des noces, les fiancées parurent voilées. Pour échapper à l'horreur de telles mésalliances, elles s'étaient fait remplacer par des servantes. La supercherie découverte, la poursuite s'organisa en direction de Pontarlier puis du défilé des Entreportes, où les seigneurs abusés les rejoignirent. Mais lorsqu'ils voulurent prendre dans leurs bras les demoiselles de Joux, ils n'étreignirent que trois statues de pierre que l'on peut encore voir aujourd'hui et qui sont connues sous le nom de "Dame des Entreportes".