Guacharo des cavernes | |||||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
![]() | |||||||||
Classification (COI) | |||||||||
Règne | Animalia | ||||||||
Embranchement | Chordata | ||||||||
Sous-embr. | Vertebrata | ||||||||
Classe | Aves | ||||||||
Ordre | Caprimulgiformes | ||||||||
Famille | |||||||||
Steatornithidae Bonaparte, 1842 | |||||||||
Genre | |||||||||
Steatornis Humboldt, 1814 | |||||||||
Nom binominal | |||||||||
Steatornis caripensis Humboldt, 1817 | |||||||||
Statut de conservation IUCN : | |||||||||
| |||||||||
|
Le Guacharo des cavernes (Steatornis caripensis) est la seule espèce de la famille des Steatornithidae, proche parent des engoulevents, et du genre Steatornis.
Cette espèce trogloxène et endémique de la zone néotropicale niche en groupes dans des grottes, du niveau de la mer jusqu'à 3400 m d'altitude. On retrouve chez le guacharo plusieurs caractéristiques peu communes chez les oiseaux, notamment la capacité d'écholocation, un bon odorat et un régime alimentaire strictement frugivore.
Le nom anglais (Oilbird) et le nom scientifique (Steatornis) signifie «Oiseau à huile», car les guacharos se nourrissant principalement de fruits d'un palmier à huile, les jeunes sont recherchés pour leur graisse, utilisée en cuisine, par les indigènes.
Le nom d'espèce S. caripensis signifie «de Caripe», nom d'une petite ville du Nord du Venezuela.
Son nom français vient l'espagnol «guácharo», de «guacho», vagabond, lui-même emprunté au quechua, «wáhcha», pauvre, orphelin.
L'oiseau est découvert le 18 septembre 1799 par Alexander von Humboldt (1769-1859) et Aimé Bonpland (1773-1858) dans une immense caverne des montagnes de Caripe au Venezuela. Ils écrivent dans leur journal :
Bien avant ce récit de Humboldt et de son compagnon, la nuée d’oiseaux surgissant de la caverne de Caripe à la nuit tombante avait déjà été remarquée en 1678 par un frère capucin, Fray Francisco de Tauste, en mission à cet endroit. D’ailleurs, celui-ci eut l’occasion d’apprécier le goût de l’huile provenant du guacharo que les indigènes ont appris à extraire à partir de la cuisson des oisillons. Cette huile, sans odeur, claire et qui se conserve bien, est utilisée principalement pour la cuisine et dans une moindre mesure pour alimenter les lampes à l’huile.
La chasse aux jeunes guacharos fut pratiquée au Pérou jusqu’aux années 1960, et jusqu’aux années 1970 à Trinidad, au Venezuela et en Équateur. L’espèce est maintenant protégée dans la majeure partie des pays elle se trouve. Il est probable qu’on l’exploite encore dans les régions reculées, mais cette activité a sans doute peu d’impact sur les effectifs de la population. Au Venezuela, on a observé l’abandon de cavernes traditionnellement occupées par le Guacharo des cavernes, mais cette désertion est probablement due à la perte de son habitat forestier causée par le développement de la population humaine.
L’état de la population du Guacharo des cavernes ne suscite pas beaucoup d’inquiétude pour le moment. Les grottes abritant des colonies sont suffisamment nombreuses pour assurer la survie de l’espèce à court ou moyen terme. De plus, considérant les vastes zones de forêt tropicale inexplorées, on estime qu’il existe probablement d’autres colonies dans des grottes non encore découvertes.
Historiquement, le facteur limitant pour l’abondance de cette espèce a sans doute été la disponibilité de grottes convenables pour sa nidification. Plus récemment, un deuxième facteur limitant s’est ajouté et pourrait devenir une menace pour l’espèce. Il s’agit de l’exploitation forestière qui détruit ses ressources alimentaires. La protection des forêts est incontournable pour la conservation du Guacharo des cavernes.
On estime que le guacharo contribue pour une part importante à l’ensemencement des espèces végétales dont il se nourrit en régurgitant les graines qu’il ne digère pas (voir Habitudes alimentaires). On a évalué que la colonie de la grotte de Caripe « épandait » l’équivalent de 21 tonnes de graines mensuellement dans les forêts avoisinantes. C’est dire combien cette espèce est un élément clé de l’écologie et de la conservation de la forêt tropicale.