Bernardino Ramazzini (1633–1714), professeur de médecine à Padoue, fut un autre précurseur dans le domaine des accidents du travail et de la « pathologie professionnelle ». Il précisa certaines mesures d'hygiène et de sécurité et essaya d'améliorer les conditions de travail et en se déplaçant sur les lieux de travail.
Son ouvrage, encore réédité, De morbis artificum diatriba, monumental « Traité des maladies des artisans » qui, pendant deux siècles, servira de référence absolue fut publié à Padoue en 1700, traduit en français, commenté et enrichi par Fourcroy en 1777. À cette date, la « pathologie professionnelle » était enseignée dans les facultés de médecine.
Percivall Pott (1713- 1788) est un chirurgien britannique qui a identifié pour la première fois une substance chimique comme étant la cause d’un cancer professionnel : En 1775 il a prouvé que la suie était responsable du cancer du scrotum des petits ramoneurs de Londres et a mis en cause les conditions de travail très dures des enfants qui devaient se faufiler à travers d’étroits conduits de cheminées encore brûlant et avaient en permanence la peau imprégnée de résidus de combustion de houille grasse. Il explique la localisation des tumeurs par l’accumulation de particules fines de suie au niveau de la peau fine et plissée des bourses, facilitée par la sueur et incrimine aussi l’irritation par le frottement du pantalon et de la corde dont se servaient les ramoneurs pour descendre dans les cheminées.
A cette époque les ramoneurs commençaient à travailler vers l’âge de 5 ans et le cancer apparaissait après la fin de leur activité professionnelle vers l’âge de 30 ans. Malgré cette étude le travail des petits ramoneurs n’a été réglementé qu’en 1840Lorsque la loi interdit d’employer pour le ramonage des enfants de moins de 10 ans le cancer continua à se manifester, mais seulement vers la quarantaine, ce qui démontre de façon quasi expérimentale une durée de latence constante entre le début du contact avec l’agent cancérogène et l’apparition de la maladie.
Le fait est peu connu, mais Benjamin Franklin (17 janvier 1706 - 17 avril 1790 qui en plus d’être un homme politique et un des pères fondateurs des états unis d’Amérique était un physicien et un scientifique curieux de tout, étudia la toxicité du plomb et son rôle dans l’apparition du saturnisme maladie qu’il diagnostiqua chez des cristalliers et des céramistes. Il expose ses découvertes dans une lettre datée de 1796 () mais il fait remonter le début de ses travaux à plus de 60 ans auparavant.
Amédée Lefebvre directeur de l’Ecole de Médecine navale de Rochefort aurait fait la même découverte quelques années plus tard, expliquant les cas constatés chez les marins par la contamination de l’eau potable à bord des navires par les tuyaux en plomb.
La toxicité du plomb avait été signalée dès l’antiquité notamment par des médecins grecs, (Nicandre de Colophon), et romains (Aulus Cornelius Celsus), ainsi que par l’architecte de Jules César, Vitruve qui déconseillait l’utilisation de conduites d’adduction d’eau en plomb, mais leurs avertissements n’avaient guère été pris au sérieux. On ne commença à prendre en compte ce risque qu’au début de l’ère industrielle. Ce fut d’ailleurs la première maladie à être reconnue comme maladie professionnelle dès 1919 en France.