L'Hôtel de Ville de Tourcoing est un Monument historique construit de 1866 à 1885 sur les plans originels de l'architecte tourquennois Charles Maillard.
Le gros bourg drapier qu'était Tourcoing se dota d'une halle échevinale en 1612 : construite en briques dans un style flamand, il s'agissait d'un bâtiment assez simple, doté d'un péristyle à colonnades, le tout surmonté du traditionnel Lion des Flandres. Cet édifice, situé sur la Grand'Place, tournant le dos à l'église paroissiale Saint-Christophe, abritait les réunions des échevins, présidé par le bailli : cette forme d'organisation municipale, créée en 1432, dura jusqu'à la Révolution.
Le rattachement de la châtellenie de Lille à la France en 1668 amena une volonté de classicisme dans l'architecture locale. La halle échevinale, vieille bâtisse flamande, devenait exigüe pour une ville comme Tourcoing qui atteignait alors douze mille habitants. En 1718, on décida de raser la halle et de construire un hôtel de ville dans un style très français, dessiné par l'architecte lillois Gombert : c'était un édifice en pierre blanche à un étage qui surmontait une entrée agrémentée de cinq arcades. Le duc d'Havré, seigneur de la ville, fit ajouter en 1753 un corps de garde qui servait surtout de salle d'archives. À la Révolution, on ajouta sur la façade deux statues allégoriques de la Justice et de la Liberté. Ce bâtiment subit divers aménagements au cours du XIXe siècle, notamment un agrandissement et de nouvelles arcades pour accueillir la bourse et la chambre de commerce de la ville. Cependant, dès 1850, la mairie était considérée comme trop petite pour une ville qui atteignait alors quarante mille habitants.
En 1853, le maire de Tourcoing, Louis Wattinne, proposa la construction d'une nouvelle mairie : mais les recettes de la ville étant fort limitées à cette époque, et le conseil municipal ayant déjà subventionné le déménagement de son Collège municipal, le projet demeura sans effets jusqu'en 1861 où fut orgnisé un concours d'architecture au niveau national. un certain Léon Trohard, architecte parisien, remporta le premier prix, mais son projet fut jugé trop ambitieux et mal positionné (le bâtiment proposé aurait occupé toute la Grand'Place). Ce fut finalement le troisième prix, l'architecte tourquennois Charles Maillard (qui est à l'origine de nombres d'hôtels particuliers remarquables dans la ville mais aussi de l'agrandissement néo-gothique de l'église Saint Christophe) qui fut sélectionné.
Le projet architectural de Charles Maillard, qui était assez monumental du point de vue des proportions et de l'esthétique, fut vivement critiqué d'une part pour son coût et d'autre part pour son emplacement : en effet, rompant avec la tradition locale, la future mairie ne serait pas construite sur la Grand'Place mais une cinquantaine de mètres plus loin, sur ce qui n'était alors qu'une esplanade sans importance (actuelle place Victor Hassebroucq). On reprocha à cet hôtel de ville d'être construit "à la campagne" ! Cependant, le conseil municipal tint bon et posa la première pierre en 1866. Les travaux de gros œuvre se terminèrent en 1871. En 1874, l'inauguration officielle et l'installation du conseil municipal dans la nouvelle mairie n'accélérèrent pas les travaux de finition qui ne s'achevèrent qu'en 1885 (cette date est d'ailleurs inscrite sur le fronton de l'édifice). L'ancienne mairie fut désaffectée, reconvertie en bourse de commerce puis finalement rasée en 1900.