Milton Wainwright, dans une étude de 2003 intitulée The Semmelweis legend, rappelle que, dans les dernières années du dix-huitième siècle, Charles White avait montré que des mesures d'isolement et de propreté pouvaient prévenir radicalement la fièvre puerpérale (et que les désastres qui, dans l'hôpital de Vienne, suivirent l'abandon de la méthode de White furent le point de départ des réflexions de Semmelweiss); qu'Alexander Gordon, en 1795, reconnaissait le rôle des médecins, y compris le sien, dans la propagation de la fièvre puerpérale; et qu'en 1843, Oliver Wendell Holmes avait adopté les idées de White et de Gordon et précisé leurs conseils préventifs.
Toutefois, dans un livre paru la même année (2003) que l'étude de Milton Wainwright, Kay Codell Carter argumente de façon très détaillée (notamment contre Irvine Loudon) en faveur du mérite de Semmelweis par rapport à ses devanciers. Contrairement à ceux-ci, Semmelweis tirait de ses observations la conclusion que la fièvre puerpérale avait un agent unique. Cette idée ouvrait la voie à l'hypothèse microbienne. Semmelweis n'alla pas jusque-là, mais dès l'époque de sa mort, ce pas fut franchi par Carl Mayrhofer, un des obstétriciens viennois convertis à ses vues. Dans les années qui suivent, l'hypothèse de la cause microbienne des maladies contagieuses, et en particulier de la fièvre puerpérale, est fréquemment présentée comme étayée par les travaux de Semmelweis.