Du tableau à l'hypercube
L'informatique décisionnelle s'attache à mesurer :
- un certain nombre d'indicateurs ou de mesures (que l'on appelle aussi les faits ou les métriques),
- restitués selon les axes d'analyse (que l'on appelle aussi les dimensions).
Par exemple, on peut vouloir mesurer :
- 3 indicateurs : le chiffre d'affaires, le nombre de ventes, le montant de taxes pour les ventes de produits,
- selon un premier axe, l'axe temps : par année, par trimestre, par mois,
- et selon un second axe, l'axe produits : famille de produits, gamme de produits, référence produit.
On obtient ainsi un tableau à deux entrées :
- par exemple en lignes : la nomenclature produits à 3 niveaux (famille, gamme, référence),
- et en colonnes : les années, décomposées en trimestres, décomposés en mois,
- avec au croisement des lignes et colonnes, pour chaque cellule : le chiffre d'affaires, le montant de taxes et le nombre de ventes.
A titre d'illustration, les tableaux croisés des principaux tableurs permettent de construire ce type de tableau de bord depuis une base de données.
Si l'on s'intéresse à un troisième axe d'analyse :
- par exemple, la répartition géographique : par pays, par régions, par magasins,
on obtient une dimension de plus et on passe ainsi au cube.
Les tableaux croisés dynamiques d'Excel permettent de représenter ce type de cube avec le champ "page".
Si l'on s'intéresse à un axe d'analyse supplémentaire :
- par exemple, la segmentation des clients : par catégorie, par profession,
on obtient alors un cube à plus de 3 dimensions, appelé hypercube.
Le terme cube est souvent utilisé en lieu et place d' hypercube.
La navigation dans un hypercube
Les outils du monde décisionnel offrent des possibilités de « navigation » dans les différentes dimensions du cube ou de l'hypercube :
- le drill down ou le forage avant : c'est la possibilité de « zoomer » sur une dimension (par exemple d'éclater les années en 4 trimestres pour avoir une vision plus fine, ou de passer du pays aux différentes régions),
- le drill up ou le forage arrière (aussi appelé "roll-up") : c'est l'opération inverse qui permet d'« agréger » les composantes de l'un des axes (par exemple de regrouper les mois en trimestre, ou de totaliser les différentes régions pour avoir le total par pays),
- le slice and dice, aussi appelé "dice down" (que l'on peut traduire par « hacher menu », c'est-à-dire couper en lamelles puis en dés) : c'est une opération plus complexe qui entraîne une permutation des axes d'analyse (par exemple, on peut vouloir remplacer une vue par pays/régions par une nouvelle vue par familles et gammes de produits)
- le drill through : lorsqu'on ne dispose que de données agrégées (indicateurs totalisés), le drill through permet d'accéder au détail élémentaire des informations (chaque vente de chaque produit à chaque client dans chaque magasin).
Précautions à prendre
Chacune de ces vues partielles du cube se traduit finalement, soit par un tableau à double entrée (tri croisé), soit par un graphique le plus souvent bidimensionnel.
Ainsi, bien que la navigation dans le cube soit multidimensionnelle, le décideur n’a pas, en réalité, accès à une synthèse, mais à une multitude de tris croisés ou de vues bidimensionnelles dont l’exploration, longue et fastidieuse, est parfois court-circuitée faute de temps. Cela peut conduire à de coûteuses erreurs de décision.
Aussi peut-il être utile d’associer à cette démarche une iconographie des corrélations, qui permet une vue d’ensemble réellement multidimensionnelle, débarrassée des redondances.