L'après-guerre est une période difficile :
Le retour aux conditions du temps de paix provoque rapidement une baisse des effectifs d'internes ; la dénatalité de l'entre-deux-guerres, aggravée par la crise de 1939-1945, y ajouta ses effets si bien qu'en cinq ans le nombre d'élèves descendit de 746 à 500 en 1950. Ce n'est que progressivement que la poussée démographique d'après guerre fit remonter les effectifs à 617 en 1959.
Les scolarités payées par les parents suffisaient à peine à assurer la survie du Collège ; les augmenter encore était s'interdire la démocratisation de notre enseignement libre en rendant plus difficile l'arrivée des élèves de familles modestes.
Le Collège, comme tous les établissements semblables, ne survivait donc qu'en comprimant au maximum ses dépenses : les professeurs laïcs étaient mal payés, et en conséquence ne se recrutaient plus, le personnel domestique était insuffisant en nombre, l'entretien des bâtiments ne visait qu'à éviter le pire ; le mobilier scolaire et le matériel pédagogique ne se renouvelaient que difficilement. Seule une somme énorme de dévouements de toutes sortes permettait de tenir, mais pour combien de temps encore ? La fermeture paraissait inévitable à plus ou moins brève échéance. La liberté de l'enseignement n'aurait plus été qu'un souvenir, sauf dans quelques écoles "de luxe" réservées aux riches.
C'est la loi Debré qui arrive à point nommé pour renflouer le Sacré-Cœur menacé de disparition. Les enseignants sont désormais payés par l'État.
En 1960, l'Institution change de statut et devient un établissement privé sous contrat avec l'État, ce qui lui permet d'alléger les frais de scolarité supportés par les élèves et d'ouvrir son enseignement à de nouvelles classes sociales. Cette décision précède de peu la crise économique de la décennie 1970, qui ruinera Tourcoing et réduira quasiment à néant l'ancienne clientèle-type du Sacré-Cœur, la haute bourgeoisie textile.
Les évènements de mai 1968 secouent également les vieilles traditions de l'école : fin de la messe obligatoire, suppression des études surveillées... En 1973, le Sacré-Cœur (jusque-là école de garçons) fusionne avec le lycée féminin Notre-Dame de l'Immaculée Conception. La mixité précède d'un peu moins de dix ans la loi de 1981 qui oblige le vieux Collège de Tourcoing à se diviser en trois organes : l'école primaire, le collège et le lycée, le tout toujours sur le même site du 111, rue de Lille, et sous l'autorité et la dénomination de l'Institution libre du Sacré-Cœur. L'année 1982 voit le départ du dernier supérieur ecclésiastique.
Par ordre chronologique de promotion :
De 1838 à 1966, plus de cinq cents anciens élèves sont devenus ecclésiastiques.
De 1725 jusqu'à 1968 avaient lieu chaque année des concours scolaires qui récompensaient les meilleurs élèves. A l'origine, les matières du concours se limitaient à la rhétorique, la poésie, l'histoire et les mathématiques. La remise des prix avait lieu en présence des autorités municipales (sous l'Ancien Régime, les échevins; après la Révolution française, le conseil municipal) puis c'est l'Association des Anciens Elèves qui remplace les officiels lorsque le Collège se sépare de la Ville en 1882.
Les rares lauréats du Prix d'Excellence qui remportaient ce prix durant six années consécutives (de la classe de Cinquième à la Terminale) recevaient la Médaille d'Or de l'Institution (à partir de 1845). En 1912 fut créée la Médaille de Vermeil, pour les malchanceux qui avaient raté le « grand chelem » : elle était délivrée aux élèves qui avaient remporté « seulement » cinq prix d'excellence consécutifs).
Après la Première Guerre mondiale furent également créés des prix éponymes à la mémoire d'anciens élèves morts au champ d'honneur : notamment le Prix Joseph Masquilier, ancien élève titulaire de la Médaille d'Or en 1915, qui, juste après la fin de sa scolarité au Sacré-Cœur, parvint à rejoindre les troupes françaises après un véritable périple à travers la Belgique puis la Hollande. Joseph Masquilier mourut héroïquement au combat en 1917.
Toutes ces récompenses scolaires sont progressivement tombées en désuétude et ne sont plus en usage de nos jours.