Institution libre du Sacré-C?ur - Définition

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Introduction

L’Institution Libre du Sacré-Cœur est la plus ancienne des écoles de Tourcoing. Elle a pour origine le Collège Saint Bonaventure, fondé par les Révérends Pères Récollets en 1666, avec l'autorisation du roi Philippe IV d'Espagne. L'école dispense un enseignement général et est actuellement un établissement privé lié à l'Etat par contrat d'association.

INSTITUTION LIBRE DU SACRÉ-CŒUR
Cour d'Honneur du Sacré-Coeur.JPG
Devise "Timete Dominum et Nihil Aliud"
(Craignez le Seigneur et rien d'autre)
Informations
Fondation 1666 par les Pères Récollets
Type Établissement privé catholique d'enseignement général, lié à l'Etat par contrat d'association
Localisation
Ville Tourcoing
Pays France
Direction
Directeur MM. Louis-Marie Tanghe (Lycée), Bertrand Van Nedervelde (Collège) et Mme Pascale Rousselle (Ecole)
Chiffres clés
Enseignants une cinquantaine de professeurs
Premier cycle École primaire (150 élèves)
Deuxième cycle Collège (500 élèves)
Troisième cycle Lycée (800 élèves)
Divers
Site internet www.sacre-coeur-tourcoing.net

L'appellation usuelle de l'école est le Sacré-Cœur. Par tradition séculaire, on la désigne encore fréquemment sous le nom de Collège de Tourcoing.

Elle est installée depuis 1853 au 111, rue de Lille, à Tourcoing.

Fondation du Collège de Tourcoing (XVIIe siècle)

Contexte

Armes de Tourcoing

Quand, en 1661, le Révérend Père Simon de Hennin, supérieur provincial de l'Ordre des Frères Mineurs Récollets (une branche des Franciscains), demanda officiellement au duc d'Havré l'autorisation d'ouvrir un collège et un couvent en sa bonne ville de Tourcoing dans la campagne de Lille, celle-ci ne comptait alors que douze mille habitants. La Flandre, dont faisait partie Tourcoing, bien que parlant français dans la région lilloise, était demeurée sous l'autorité lointaine mais incontestée du roi d'Espagne depuis plus d'un siècle et demi.

Le jeune duc d'Havré et seigneur de Tourcoing, Ferdinand de Croÿ, étant âgé d’à peine neuf ans, c'est sa mère, Marie-Claire de Croÿ, qui gère et administre les biens de son fils. C'est donc à elle que la lettre des Récollets est adressée : évoquant les divers services que son ordre a déjà rendus aux Tourquennois, Simon de Hennin explique l'utilité d'un collège religieux car il faut « enseigner la jeunesse » et lui apprendre « le latin jusqu'à la rhétorique, en passant par les mathématiques et l'histoire tant ancienne que moderne ».

Cette proposition fut bien accueillie, aussi bien par le seigneur que par les échevins, et, à l'automne 1662, les Récollets préparaient déjà leurs valises pour s'installer à Tourcoing.

C'est alors que, sans explications, ils reçurent de la part de la municipalité de la ville une missive les informant de l'annulation de tout ce qui avait été prévu et l'interdiction formelle pour les Récollets d'établir un collège et un couvent à Tourcoing.

Les Récollets contre les Carmes : 1661-1664

Cette réaction aussi étonnante qu'injustifiée stupéfia les Récollets; et ils n'eurent pas à chercher très longtemps la cause de ce refus.

L'Ordre des Carmes, rival des Récollets, avait subi de lourdes pertes matérielles lors des guerres que Louis XIV de France avait mené dans la région contre son beau-père espagnol. Les Carmes cherchaient donc de nouveaux établissements dans la région, et ils avaient jeté leur dévolu sur Tourcoing. Pourquoi ?

Tout simplement parce que l'oncle du jeune Ferdinand de Croÿ (duc d'Havré et seigneur de Tourcoing) n'était autre que le révérend père Philippe de Croÿ, responsable provincial de l'Ordre des Carmes.

L'ordre des Carmes avait donc souffert des dernières guerres. Il cherchait donc lui aussi à établir de nouveaux couvents et lieux de culte. Philippe de Croÿ proposa à son neveu, au nom des Carmes, de fonder un collège à Tourcoing. La proposition fut soumise aux échevins, qui pour plaire à leur seigneur, acceptèrent sans discuter.

La mère du seigneur de Tourcoing (à l'époque mineur), la duchesse Marie d'Havré, fit comprendre aux Récollets de ne plus venir troubler ses conseils. Au mois d'avril 1664, Marie d'Havré vendait aux Carmes une grande propriété à la sortie du bourg de Tourcoing: l'acte notarié prévoyait que la première traite serait versée le 15 juin par les Pères Carmes, et que ceux-ci pourraient alors construire leurs couvent et collège. Trois mois plus tard, en juillet 1664, les Carmes n'avaient pas versé un centime.

Marie d'Havré en fut grandement mécontente, et ordonna à son bailli de Tourcoing de « saisir la terre des Carmes, empêcher lesdits Carmes d'accéder à cette terre et d'interdire par tous les moyens la construction d'un couvent ou collège quelconque. »

On fit comprendre aux échevins que si les Carmes ne payaient pas, on ferait appel aux finances communales pour remplacer les religieux défaillants. Les Tourquennois s'opposèrent avec virulence à cela, considérant que la ville de Tourcoing ne pouvait pas se permettre de « dépenser ses maigres recettes pour l'établissement de religieux auxquels la ville n'avait rien demandé. » Certains notables de la ville se déplacèrent jusqu'à Lille pour parler au père Simon de Hennin, le provincial des Récollets.

Les Récollets, d'ailleurs, n'étaient pas restés inactifs. Puisque les autorités locales refusaient de lui accorder le droit de s'installer à Tourcoing, Simon de Hennin décida d'en appeler directement au roi : Philippe IV, roi d'Espagne, alors comte de Flandre et donc suzerain de Tourcoing. Le conseil royal répondit aux Récollets en décembre 1664 et le roi Philippe envoya officiellement ses lettres d'octroi à Simon de Hennin, l'autorisant à construire son couvent et son collège, à condition de s'entendre avec l'évêque de Tournai (dont dépendait alors Tourcoing) et avec la municipalité tourquennoise.

Marie d'Havré étant morte en septembre 1664, on aurait pu croire que plus personne ne s'opposait à la venue des Récollets. Cependant, les Tourquennois, qui considéraient déjà que les impôts locaux étaient excessifs, refusaient de débourser un sou pour la construction du futur collège. Simon de Hennin se déplaça alors en personne pour essayer de convaincre la municipalité. Il alla à Tourcoing le 26 mars 1665, et prit rendez-vous à l'hôtel de ville avec le bailli et les échevins ; la scène qui suivit est assez cocasse pour être retranscrite ici :

« Le révérend père Simon de Hennin, suivi par son adjoint le père Grasi, entra dans la salle de réunion de l’échevinage : tous les échevins et le bailli du duc d'Havré étaient présents. Après les politesses d'usage, on en vint rapidement aux faits ; le bailli parla, exposant le point de vue des autres : la construction d'un collège coûterait une somme inimaginable à la ville. Face aux dénégations de Simon de Hennin, le bailli se raidit et ajouta qu'il considérait les lettres d'octroi comme des faux fabriqués par les Récollets. Simon de Hennin, furieux, lui répondit :

- Eh bien, Messieurs, puisque vous y allez ainsi, malgré l'octroi qu'il a plu à Sa Majesté de nous accorder, je vais de ce pas prendre possession de ce lieu ! dit-il en tapant du poing sur la table.

Il se leva, et dit à son adjoint, le père Grasi :

- Je vous ordonne, mon frère, de vous rendre au lieu choisi pour l'emplacement de notre collège. »

Grasi s'agenouilla et reçut la bénédiction de son supérieur. Sur ce, ils quittèrent tous deux la salle, laissant les échevins stupéfaits.

1665 : le long procès

L'incident théâtral qui s'était déroulé lors de la visite de Simon de Hennin fit vite le tour de la ville, qui se divisa en deux camps (forts pacifiques, il faut le préciser) des pro-Récollets et des anti-religieux. Les opposants aux Récollets avaient pour principal motif la hantise de devoir payer la construction du collège et du couvent.

Si les échevins étaient restés muets de stupéfaction durant la visite des Récollets, ils réagirent cependant promptement. Le lendemain, ils se rendirent à Lille consulter deux avocats renommés dans la région, qui leur conseillèrent les trois points suivants :

  • la prise de possession par Simon de Hennin étant juridiquement nulle, envoyer des sergents et des gendarmes afin d'empêcher les Récollets de construire quoi que ce soit.
  • convoquer les habitants qui prennent parti pour les Récollets et les menacer de prison et autres sanctions s'ils persévèrent.
  • envoyer une lettre au conseil du roi pour demander une attestation de nullité des lettres d'octroi, ou du moins de retarder leur mise en vigueur.

Ils envoyèrent la missive au conseil du roi, qui, sans doute pris par des affaires plus urgentes, renvoya le règlement du conflit au tribunal de la Gouvernance de Lille, dirigé par le gouverneur, le comte de Bruay. Simon de Hennin porta plainte aussitôt et défendit sa position devant le gouverneur. Les échevins et le bailli de Tourcoing furent assignés à comparaître devant le lieutenant du gouverneur afin de justifier leurs actions envers les Récollets. Embarrassés, ils demandèrent le soutien de leur seigneur, ce que celui-ci accorda sans hésiter.

Pendant que la procédure judiciaire suivait son cours, Simon de Hennin demanda à l'évêque de Tournai de venir choisir l'emplacement du futur couvent-collège. On envoya, le 22 juillet 1665, l'archidiacre de Bouloigne qui s'acquitta de cette mission en sélectionnant le fief des Mottes, à la périphérie du bourg. Les Récollets envoyèrent immédiatement quelques frères pour garder le lieu. Des rumeurs affirmant que le duc d'Havré et les échevins se vantaient de « chasser les religieux de ce couvent par la force et de leur donner une bonne correction », un lieutenant du roi à Lille, Monsieur de Robiano, leur interdit d'utiliser la violence avant la fin du procès.

La création du Collège de Tourcoing : 1666

En janvier 1666, le Tribunal de la Gouvernance de Lille déclarait les lettres d'octroi authentiques et autorisait les Récollets à les appliquer. Les échevins se plièrent au verdict et, bon gré mal gré, le duc d'Havré autorisa solennellement les religieux à s'installer à Tourcoing et leur vendit « 14 cens de terre situés au fief des Mottes » le 6 mars 1666. Le 8 avril de la même année, une convention fut signée entre les échevins, le duc et les Récollets fut signée, instituant les droits et devoirs de chacun.

Le 19 avril 1666, les Récollets s'installèrent à Tourcoing et commencèrent la construction de leur collège, dédié à Saint-Bonaventure, qui demeura à cet endroit jusqu'en 1790 (des vestiges de l'ancien collège des Récollets étaient encore visibles il y a peu au 76, rue Saint-Jacques, à Tourcoing).

Cette date, avec les lettres d'octroi de Philippe IV (datées du 3 décembre 1664), est considérée comme la fondation officielle du Collège de Tourcoing, aujourd'hui Institution Libre du Sacré-Cœur.

Les quatre fondateurs officiels du Collège sont donc :

  • Philippe IV, Roi d'Espagne et Comte de Flandre.
  • Ferdinand de Croÿ, Duc d'Havré et Seigneur de Tourcoing.
  • Mgr François Villain de Gand, évêque de Tournai.
  • Simon de Hennin, Révérend Père Provincial des Récollets de Lille.
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