Le redressement du Collège est l'œuvre de quatre jeunes ecclésiastiques : tout d'abord l'abbé Louis-Joseph Didier (1838), mais surtout les abbés Albert Lecomte (1838-1856), Augustin Lescouf (1856-1858) et Henri Leblanc (1858-1900), ancien élève et successeur des deux précédents.
En 1838 arrive un nouveau directeur, l'abbé Didier : sa direction, bien que très courte (il meurt en novembre de la même année), apporte un renouveau spirituel à l'école. Il adopte un nouveau programme qui définit les valeurs chrétiennes primordiales que l'établissement entend, outre les études, inculquer à ces élèves : la foi, la tolérance et la modération.
Il est remplacé en tant que directeur par son adjoint et ami, l'abbé Lecomte, qui va marquer l'histoire de l'Institution. En moins de dix ans, le nombre d'élèves passe de 36 (en 1838) à 360 (en 1845). L'abbé Lecomte continue et perpétue le projet spirituel de son prédécesseur, en ajoutant ses remarquables talents d'administrateur et de « faiseur de projets » : par tous les moyens, il tente de diriger ses élèves vers les études littéraires, qui « ouvrent l'esprit » selon lui. C'est lui qui parvient à faire tripler en une année (1840) le budget que la municipalité de Tourcoing alloue à son Collège, permettant ainsi un développement d'une autre ampleur.
Le développement du Collège de Tourcoing tient donc surtout à la personnalité et à l'engagement de Mr Lecomte : celui-ci, convaincu que « ce sont les hommes qui font les institutions », se donne à corps perdu dans son collège, y dépensant une grande partie de son patrimoine et de ses revenus, et renonçant (momentanément) à une carrière parmi les ordres religieux réguliers.
Albert Lecomte fonde, sous l'égide du Collège de Tourcoing, quantité d'établissements scolaires catholiques dans la région : à Roubaix, à Solesmes, à Bailleul, à Douai, à Valenciennes. Le Collège en devient pour un certain temps la maison-mère.
La croissance de l'établissement est à peine freinée par la grave épidémie de typhus qui y fait rage en 1852 : l'abbé Lecomte ne peut empêcher le décès de huit élèves malgré l'évacuation rapide qu'il a ordonné. Lui-même manque y perdre la vie. Suite à ce triste évènement, il parvient à décider le conseil municipal d'autoriser le collège à quitter ses locaux vétustes de la rue des Orphelins.
En 1853, l'abbé Lecomte fait l'acquisition d'un terrain (d'environ deux hectares) au 111, rue de Lille. C'était à l'époque la dernière maison de la ville : tout le reste alentour n'était que champs et campagne. Il entreprend une vaste politique de construction, et le Collège de Tourcoing prend possession des locaux où il est demeuré jusqu'à aujourd'hui.
Ayant mené à bien la plupart des objectifs qu'il s'était fixé, l'abbé Lecomte quitte le Collège en 1856 pour rejoindre l'Ordre des Chartreux et sa vie monacale, rêve qu'il caressait depuis longtemps. Installé dans les Alpes, il continuera, par correspondance, de s'enquérir du devenir de l'Institution et donnera chaque année une forte somme d'argent (la quasi-totalité de sa pension de retraite) pour la construction de la chapelle.
Il fut l'un des directeurs les plus compétents et les plus appréciés qu'ait compté le Collège de Tourcoing.
De 1856 à 1858, année de son décès, l'abbé Lescouf, ancien adjoint de Lecomte, dirige le Collège avec, quant à lui, un penchant certain pour l'étude de la physique et de la chimie. C'est lui qui promeut les sciences au sein de l'établissement, jusque-là uniquement réputé pour sa formation de lettres classiques. En outre, Lescouf continue la construction de la grande chapelle, la finançant au moyen des dons des anciens élèves, dont les premières réunions ont lieu à partir de septembre 1856. Malheureusement, sa mort prématurée, le 10 février 1858, l'empêche de procéder à l'inauguration solennelle du bel édifice.
En 1859, le nouveau directeur, le jeune abbé Leblanc, une forte personnalité conservatrice qui dirigera l'établissement d'une main de fer pendant plus de quarante ans, inaugure la chapelle enfin terminée, qu'il consacre à la Vierge Marie.