En analyse réelle ou complexe, une intégrale indéfinie d'une fonction f intégrable sur un intervalle I est une fonction définie sur I par
où a est un élément de I et K une constante
Lorsque f est une fonction continue, F est une primitive de f , c'est-à-dire que la dérivée de F donne f (F' = f). On prend alors l'habitude de noter toute primitive de f sous forme
et de confondre intégrale indéfinie et primitive
Lorsque f n'est pas continue, il n'y a pas de correspondance simple entre intégrale indéfinie et primitive.
Toute fonction continue sur un intervalle I est intégrable sur tout intervalle fermé inclus dans I. Le théorème fondamental de l'analyse affirme que pour tout réel a de I, la fonction définie sur I par
est la primitive de f qui s'annule en a.
Les primitives de f sont donc les intégrales indéfinies
La constante K est nécessaire pour couvrir l'ensemble des primitives possibles de f.
Durant 4 siècles, les mathématiciens, de Torricelli à Jaroslav Kurzweil et Ralph Henstock en passant par Leibniz, Euler, Cauchy, Riemann, Lebesgue, Denjoy et Perron, se sont efforcés de rechercher un lien fort entre intégrale d'une part et primitive d'autre part. Tant que le travail s'effectue sur les fonctions continues, la relation est simple, et c'est Cauchy qui en fournit la preuve (26ème leçon du Résumé des leçon données à l'école royale polytechnique sur le calcul infinitésimal en 1823). Ce résultat établi, les recherches se portent sur le cas des fonctions non continues. Riemann, puis Lebesgue, puis Kurzweil et Henstock s'efforcent de présenter des définitions de l'intégrabilité qui permettent d'élargir la relation entre intégrale indéfinie et primitive.
L'intégrale indéfinie d'une fonction Riemann intégrable est toujours continue. Elle est de plus dérivable en tout point où la fonction initiale est continue. Ce résultat est démontré par Darboux et du Bois Reymond en 1875. Mais la relation entre intégrale indéfinie et primitive devient plus lâche. On rencontre ainsi
Les fonctions Lebesgue-intégrables élargissement le champ des fonctions intégrables et donc celui des intégrales indéfinies.
L'intégrale indéfinie d'une fonction Lebesgue-intégrable est absoluement continue. Réciproquement une fonction absolument continue est l'intégrale indéfinie d'une fonction Lebesgue-intégrable.
L'intégrale indéfinie d'une fonction Lebesgue-intégrable est dérivable en tout point où f est continue et F'(x)=f(x) et, plus généralement, elle est dérivable μ-presque partout de dérivée f.
Si F est dérivable sur I et de dérivée bornée alors F est une intégrale indéfinie de sa dérivée. Autrement dit, si f est bornée et possède une primitive, cette primitive correspond à une intégrale indéfinie de f.
Si F est dérivable sur I et de dérivée finie Lebesgue-intégrable alors F est une intégrale indéfinie de sa dérivée. Autrement dit, si f est Lebesgue-intégrable et possède une primitive, cette primitive correspond à une intégrale indéfinie de f.
Mais il existe encore des fonctions F continues, dérivables presque partout, dont la dérivée est Lebesgue-intégrable sans pour autant que F soit une intégrale indéfinie de sa dérivée. Une exemple classique de telle fonction est l'escalier de Cantor.
Cependant, toute fonction F à variation bornée est dérivable presque partout et est la somme d'une intégrale indéfinie de F' et d'une fonction G à variation bornée de dérivée nulle μ-presque partout.
Les fonctions KH-intégrables élargissent encore le champ des fonctions intégrables et fait coïncider presque parfaitement la notion de primitive et d'intégrale indéfinie.
Si F est dérivable sur I, alors F' est KH-intégrable et F est une intégrale indéfinie de sa dérivée. Autrement dit, si f possède des primitives, alors ce sont des intégrales indéfinies de f.
Si f est KH-intégrable sur I, alors toute intégrale indéfinie de f est continue et admet presque partout une dérivée égale à f.