Jean-Michel Chevotet, destiné au commerce, fait de rapides progrès dans l'art du dessin à l'école des célèbres Audran. Cet architecte a sûrement été introduit dans le milieu du bâtiment par son grand-oncle Jean Chouannet, tailleur de pierre, ou par Louis Sublau, également tailleur de pierre et témoin au mariage de sa marraine Chevotet. Il faut au mieux imaginer que ses talents de dessinateur l’incitent très vite à exécuter, dès 1718, des relevés d’architecture.
En 1722, Jean-Michel Chevotet remporte le Grand Prix de Rome de l'Académie royale d'architecture avec une étude d'arc de triomphe, alors qu'il est l'élève de Jean-Baptiste Alexandre Le Blond. Le prince de Guise et le prince Charles de Lorraine lui confient des travaux importants.
Dessinateur talentueux, il illustre plusieurs traités d'architecture dont Versailles immortalisé (1720-1725) de Jean-Baptiste de Monicart et L’Architecture française (1727) de Pierre-Jean Mariette.
En 1732, Jean-Michel devient, par décision du roi, membre de l’Académie royale d'architecture. Il avait levé tous les plans des maisons royales. Il fait construire sur ses dessins l'église et la maison les frères de Saint-Jean-de-Dieu, appelés aussi frères de la Charité, à Château-Thierry.
En 1729, Louis de Bourbon-Condé (1709-1771) fonde l’Académie du Petit-Luxembourg où se réunissent des savants et des artistes comme les architectes Jean Aubert, Germain Boffrand, Jean-Michel Chevotet.
En 1733, il figure sur l’Almanach royal, comme membre de l’Académie en tant qu’architecte de 2de classe, habitant rue de Bouloy, donc tout près du Louvre. En 1738, Jean-Michel Chevotet figure sur l’Almanach Royal, comme architecte de 2de classe, habitant au Luxembourg.
Son brillant mariage, le 19 septembre 1741, avec Anne Catherine Rémond, lui permet de s'intégrer à la bonne société parisienne. Sur les 35 signatures figurant sur leur contrat de mariage la plupart sont des parents des Rémond-Mottet. Les autres sont en partie des relations de cette famille devenus des clients de l’architecte, comme :
Hormis quelques grands seigneurs, la plupart des signataires appartiennent au monde de la bourgeoisie et de la finance ; seule la présence du peintre Nicolas Lancret rappelle les relations que Chevotet pouvait avoir avec les artistes de son temps.
Pour plus de précisions sur sa famille, voir Famille Mottet.
C'est à partir de cette époque que l'on arrive à suivre avec une certaine précision le déroulement de sa carrière. En 1742 et 1743, Jean-Michel Chevotet figure sur l’Almanach Royal, comme architecte membre de l’académie, toujours de 2de classe, mais habitant rue Saint-Honoré.
C’est là que naît sa première fille, Anne Michelle Chevotet. En 1747, il déménage une dernière fois et s'installe au premier étage de l'ancien hôtel de Montbazon, rue Béthisy, dans lequel il fera des transformations. Chevotet concrétise son ascension sociale en commandant à Jean-Baptiste Perronneau plusieurs portraits : dont celui de sa femme en 1743, puis en 1751 leur double portrait. En 1750, il figure toujours sur l’Almanach Royal, comme architecte de 2de classe, habitant rue Bétisy (faubourg Saint-Germain).
En 1748 et 1753, il soumet sans succès quatre projets pour la future place Louis XV. Il n'est pas davantage retenu en 1764 pour l'agrandissement du Palais-Bourbon.
En 1749 et en 1751, il est élu à la première classe de l'Académie royale d'architecture, mais ce choix n'étant pas ratifié par le roi, il doit attendre 1754 et la mort de Germain Boffrand pour accéder à cette distinction.
Avant 1752, il participe à : Architecture Françoise, Ou Recueil Des Plans, Elévations, Coupes Et Profils Des Églises, Maisons Royales, Palais, Hôtels & Edifices les plus considérables de Paris, ainsi que des Châteaux & Maisons de plaisance situés aux environs de cette Ville, ou en d'autres endroits de la France, bâtis par les plus célèbres Architectes, & mesurés exactement sur les lieux...Tome Premier... vignettes by Jean-Jacques Flipart, Charles Nicolas Cochin, Claude Olivier Gallimard Charles Nicolas Cochin, Claude Lucas, Pierre-Edmé Babel, Antoine Herisset, et Pierre Patte, Jean-Michel Chevotet, Edmé Bouchardon, François Charles Prevostel.
En 1757, 1758, 1766, 1767, 1768, 1770, 1771 et 1775, il figure sur l’Almanach Royal, comme architecte de 1re classe, habitant rue Béthisy.
Malgré un certain mépris de la part de l’entourage du roi, Jean-Michel Chevotet, Prix de Rome, n'en établit pas moins sa réputation d'architecte auprès d'une clientèle aristocratique fortunée et adapte de nombreux hôtels parisiens existants au goût du jour. Ce promoteur et entrepreneur de travaux publics livre des châteaux clefs en mains.
Bien c'est un proche de la famille de sa famille qui va être son premier client : un des signataires de leur contrat de mariage.
La collaboration ne s'établit pas seulement entre Pierre Contant d'Ivry, Chevotet et son gendre Jean-Baptiste Chaussard. En 1752, la sœur de Madame Chevotet, Louise Gabrielle Rémond, épouse le peintre du roi Jean Valade. Ce dernier présente aux Salons, à partir de 1755, les portraits des membres de sa belle-famille. Par la suite, il sera parfois associé à la trilogie d’architectes Chevotet, Contant, Chaussard. Par exemple, en 1767, il expose au Salon le portrait de feu maréchal de Belle-Isle, pour qui Contant a construit les écuries du château de Bizy, et Chaussard donne les plans du tombeau dans l'église de Vernon (Eure).
En 1750, le château d'Arnouville à Arnouville-lès-Gonesse est construit pour le contrôleur général des finances de Louis XV, Jean-Baptiste de Machault d'Arnouville. Celui-ci veut bâtir un château moderne dans un parc à la place du modeste pavillon qu'il a hérité de son père dans ce village, siège d'une seigneurie appartenant à sa famille depuis le XVIIe siècle. Sur des dessins de Pierre Contant d'Ivry, Jean-Michel Chevotet dirige les principaux chantiers et aménage le parc entre 1750 et 1757. Seules les écuries, l'orangerie, une partie du château et l'aménagement du parc sont achevés. L'ensemble devait être grandiose. Le bâtiment comporte 18 fenêtres et lucarnes de façade, mais l'aile en retour projetée ne sera jamais construite. Le marquis d'Argenson note dans une lettre de 1751 : il fait des dépenses folles à son château d'Arnouville-lès-Gonesse : il y a abattu le village et fait devant sa maison une place publique grande comme la place Vendôme ; il espère que le roi y passera en venant de Compiègne, et il y fait passer le chemin.
En 1756, le château de Petit-Bourg, construit pour la présidente Chauvelin, le château de Petit-Bourg, en 1756, à Évry, sur le domaine que le Roi Soleil avait offert à Madame de Montespan. L'ancien château fut entièrement démoli en 1750 et remplacé par ce nouveau château construit à partir de 1756 dans le goût néo-classique. Il dessine également des jardins du château de Petit-Bourg.
Au moment de la Révolution, le château deviendra la propriété de la duchesse de Bourbon, née Bathilde d'Orléans, la sœur de Philippe Égalité.
Vendue plusieurs fois depuis 1798, la demeure princière sera finalement incendiée en 1944 par les nazis et rasée par la mairie.
Entre 1751 et 1757 Jean-Michel Chevotet construit une autre maison de campagne autour de Paris, le château de Champlâtreux, pour Mathieu-François Molé, témoin à son mariage, qui fait construire l’actuel château entre 1751 et 1757, avec l’argent de la dot de la dernière fille de Samuel Bernard, banquier des rois. Le coût de la construction sera de 513.507 livres, dont 20.000 pour Chevotet, peu de choses comparées aux six millions de livres que Samuel Bernard laissa à sa fille.
Le château de Champlâtreux est un parfait exemple de l'architecture classique, majestueuse, sans excès et conçu pour recevoir.
Dans les années 1735-1740, Jean-Michel Chevotet avait déjà construit les deux pavillons de garde et tracé des jardins à la française ainsi que la demi-lune devant l'entrée. Pour tenir ainsi les coûts, Chevotet crée une briqueterie en face du château, utilisé du gypse trouvé sur la propriété pour faire du plâtre, tiré le bois des forêts avoisinantes et la pierre des carrières de Luzarches et Saint-Maximin (Oise).
Considérablement enrichi, Jean Michel Chevotet ralentit son activité à partir de 1765, et ses principaux chantiers sont terminés par son gendre Jean-Baptiste Chaussard.
Il dessine également des jardins à Orsay (1758-1764) pour Pierre Gaspard Marie Grimod d'Orsay.
Travaille-t-il à la modernisation du château de Thoiry (Yvelines) ?
À Gagny, Jean Michel Chevotet doit se contente d’améliorer le parc du pavillon Gaillard de la Bouexière. Antoine-Nicolas Dezallier d'Argenville mentionne le nom de Chevotet en 1755, à propos des nouveautés apportées au parc de Gagny, sans en préciser le détail. Gagny est un célèbre domaine, crée vers 1650, par Dominique de Ferrari, Receveur Général des Finances, puis Conseiller du Roi (+ 1685) Il se composait d'un château entouré de superbes jardins dessinés par Le Nôtre, célèbres pour leurs jeux d’eau. Cet état est connu par plusieurs dessins conservés à la Bibliothèque nationale. La seigneurie de Gagny est achetée le 20 décembre 1725 par Jean Gaillard (1676-1759), seigneur de la Bouexière, en Bretagne Sa fortune colossale lui permet d'entreprendre de grands travaux dans sa terre de Gagny. Il est possible de situer ces transformations vers 1745, car le 24 avril 1747, Gaillard de la Bouexière, pour remercier Jean Michel Chevotet des travaux qu'il a conduits s’engage à lui verser à titre d'honoraires une rente et pension viagère de 200 livres à compter du 1er janvier 1747.
Le nécrologe de Le Carpentier précise qu'au pavillon de M. de la Bouexière, près de Montmartre, les plus belles parties du jardin ont été faites sur les dessins de Chevotet. Nous pouvons noter l'importance de l'architecture de treillage que Chevotet utilisera plus tard à l'hôtel de Richelieu. Le tracé très classique de ce grand jardin de vingt arpents est enrichi d'un important décor sculpté dont une partie était l'œuvre de Nicolas Sébastien Adam (1705-1778).
Entre (1754 et 1760), le prince Claude Lamoral II de Ligne dépense des millions pour donner à son château de Belœil et à ses jardins une grande magnificence. Par des achats de terrains jouxtant sa demeure, le creusement de canaux cernant le parc et nourrissant plans d'eau et fontaines, la percée d'une perspective à perte de vue sur la façade sud-ouest du château, le prince veut égaler le Versailles de Louis XIV. Il fait appel à l'architecte parisien Jean-Michel Chevotet, grand connaisseur de la production architecturale du règne du Roi Soleil. L'installation en 1761 du groupe sculpté de Neptune à l'extrémité de la grande pièce d'eau est l'achèvement de ce chef-d'œuvre de jardin à la française. À Belœil, Chevotet entoure le château d’une forêt jardinisée.
Claude Nicolas Ledoux fait un stage dans le cabinet de Pierre Contant d'Ivry, et entre également en rapport avec celui de Jean-Michel Chevotet, deux maîtres qui peuvent lui procurer d'utiles relations parmi leurs riches clientèles. Parmi les clients de Chevotet, il fait la connaissance du président Hocquart et entra dans les bonnes grâces de la présidente et de sa sœur, Mme de Montesquiou. Contant et Chevotet incarnent un style Louis XV en voie de passer de mode.