Le Périple de la mer Érythrée, ou Περίπλους τῆς Ἐρυθρᾶς Θαλάσσης (mais souvent cité sous son titre latin Periplus Maris Erythraei par commodité), est un « périple » (récit) maritime rédigé en grec décrivant la navigation et les opportunités commerciales depuis les ports romano-égyptiens comme Bérénice le long de la côte de la mer Rouge, alors appelée mer Érythrée (Ἐρυθρος, « rouge » en grec ancien), et d'autres le long de l'Afrique orientale et de l'Inde.
Le texte exploité actuellement dérive d'un manuscrit byzantin du Xe siècle appartenant au fonds de la bibliothèque universitaire d'Heidelberg et d'une copie de celui-ci datant du XIVe ou XVe siècle appartenant au British Museum. Le Périple a connu sa première édition moderne par Sigismund Gelenius en 1553.
On le date aujourd'hui généralement de la première moitié du Ier siècle. Bien que l'auteur en soit inconnu, sa lecture indique qu'il s'agit d'une description de première main d'un familier de cette zone géographique et une source quasiment unique de renseignements concernant le monde antique dans les régions qui bordent l'océan Indien. En effet, bien que mer Érythrée soit la dénomination grecque antique de la mer Rouge, le texte inclut la description de l'océan Indien et du golfe Persique, partant de l'île de Dioscoride (aujourd'hui Socotra).
L'œuvre se compose de soixante-six chapitres, la plupart d'entre eux consistant en un long paragraphe. La première partie, chapitres un à dix-huit, décrit les routes maritimes suivant l'axe Nord-Sud depuis l'Égypte le long de la côte d'Afrique jusqu'à ce qui correspond probablement à l'actuelle Tanzanie. Le reste du texte suit un axe Ouest-Est, depuis l'Égypte, en faisant le tour de la péninsule Arabique et du golfe Persique jusqu'à la côte de Malabar. Le court chapitre cinquante-quatre, par exemple, dit dans sa totalité :
« Tyndis appartient au royaume de Cerobothra ; c'est un village bien visible depuis la mer. Muziris, du même royaume, abonde en navires envoyés ici avec des cargaisons depuis l'Arabie et par les Grecs ; la ville est située sur un fleuve, éloigné de Tyndis de cinq cents stades par fleuve et mer, et en remontant le fleuve de vingt stades depuis le rivage. Nelcynda est éloigné de Muziris par le fleuve et la mer d'environ cinq cents stades, et appartient à un autre royaume, celui des Pandya. Cet endroit est également situé sur un fleuve, à environ cent vingt stades de la mer. »
Dans un grand nombre de cas, la description est suffisamment précise pour pouvoir identifier les emplacements actuels correspondants, tandis que pour d'autres, les hypothèses sont très nombreuses. Par exemple, le lieu dénommé « Rhapta » est mentionné comme étant le marché le plus lointain le long de la côte africaine « d'Azania » ; des chercheurs ont reconnu au moins cinq endroits correspondant à la description, dans une zone s'étendant du sud de Tanga jusqu'au delta de fleuve Rufiji.
La description de la côte indienne mentionne le Gange tout à fait clairement, puis le périple perd beaucoup en précision lorsqu'en décrivant la Chine il cite comme une « grande ville intérieure », « Thina qui est une source de soie brute ».
Une autre caractéristique du Périple est que certains des mots décrivant les marchandises n'apparaissent dans aucun autre texte de la littérature antique, obligeant à faire des conjectures sur leur signification.