La maladie de Gilles de la Tourette, parfois aussi appelée improprement « syndrome de la Tourette», est une affection neurologique qui se traduit par diverses manifestations, associées à des degrés variables :
Généralement, la maladie de Gilles de la Tourette est diagnostiquée vers l'âge de 16 ans, alors que ses premières manifestations apparaissent en général entre 3 et 8 ans, et on lui connait une prédominance masculine (4 garçons pour 1 fille).
On doit sa description, en 1886, au neuropsychiatre français Gilles de la Tourette.
Le premier cas de syndrome de la Tourette a été identifié en 1825 par Jean Itard, docteur français, qui a décrit les symptômes de la Marquise de Dampierre, femme importante de la noblesse à l'époque. Jean-Martin Charcot, influent médecin français, confia à Georges Gilles de la Tourette, neurologiste et médecin, l'étude de patients de l'Hôpital de la Salpêtrière, dans le but de définir une maladie distincte de l'hystérie et de la chorée.
En 1885, Gilles de la Tourette publia un rapport sur neuf patients, Étude sur une affection nerveuse, et conclut au besoin de définir une nouvelle catégorie clinique. Le nom choisi par Charcot fut finalement celui de "maladie de Gilles de la Tourette", en hommage à son découvreur.
Pendant un siècle, rien ne put expliquer ou traiter les tics caractéristiques du syndrome, et une approche psychiatrique fut privilégiée jusque dans le courant du vingtième siècle. La possibilité que les troubles du mouvement, dont le syndrome de la Tourette, puissent être d'origine organique, ne fut envisagée qu'à partir de 1920, quand une épidémie d'encéphalites entre 1918 et 1926 entraîna ensuite une épidémie de troubles des mouvements et de tics.
Pendant les années 1960 et 1970, l'approche psychanalytique fut remise en question par la découverte de l'halopéridol (Haldol), qui permet d'atténuer les tics. Le tournant eut lieu en 1965, quand Arthur K. Shapiro, considéré comme "le père de la recherche moderne dans le traitement des tics", publia un article critiquant l'approche psychanalytique, après avoir traité grâce à l'halopéridol un patient atteint du syndrome de la Tourette.
Depuis les années 1990, une approche plus nuancée est apparue, et la maladie est généralement considérée comme la combinaison d'une vulnérabilité biologique, et d'une interaction avec des facteurs environnementaux. En 2000, l'Association américaine de psychiatrie a publié le DSM-IV-TR, qui modifie le texte du DSM-IV et n'impose plus dans la liste des symptômes que les tics provoquent une souffrance ou des mouvements incorrects.
Les découvertes depuis 1999 ont surtout eu lieu dans le domaine de la génétique, de l'imagerie cérébrale et de la neurophysiologie. De nombreuses questions restent ouvertes sur la meilleure façon de caractériser le syndrome de la Tourette et sur le degré de proximité avec d'autres troubles des mouvements, ou troubles psychiatriques. Les données épidémiologiques sont encore insuffisantes, et les traitements disponibles pour l'instant ne sont pas sans risques ni toujours bien tolérés par l'organisme.