En électronique, le memristor (ou memristance) est un composant électronique passif. Il a été décrit comme le quatrième composant passif élémentaire, aux côtés du condensateur, de la résistance et de la bobine. Le nom est formé du rapprochement des deux mots anglais memory resistor.
Un memristor stocke efficacement l’information car la valeur de sa résistance électrique change, de façon permanente, lorsqu’un courant est appliqué. Là où une résistance classique apporte une valeur stable de résistance, un memristor peut avoir une valeur élevée de résistance interprétable dans un ordinateur comme un "1" en termes logiques, et une faible valeur qui peut être interprétée comme un "0." Ainsi, une donnée peut être enregistrée et réécrite par un courant de contrôle. Dans un certain sens, un memristor est une résistance variable qui, par la valeur de sa résistance, reflète sa propre histoire.
Le memristor a été prédit et décrit en 1971 par Leon Chua de UC Berkeley, dans un écrit de IEEE Transactions on Circuit Theory.
Depuis 1971, le memristor était un composant hypothétique, aucun exemple physique n’étant connu. En avril 2008 soit 37 ans plus tard, une implémentation physique du memristor a été reportée dans le journal Nature par une équipe de chercheurs des laboratoires HP conduite par R. Stanley Williams.
Le memristor est un élément dans lequel le flux électrique (ou densité de champ électrique et de courant électrique) Φe est une fonction de la charge électrique q qui a traversé le composant. Soit, Φe = Φe(q). Le taux de changement de flux avec la charge
est connu en tant que memristance. Ceci est comparable aux autres trois éléments fondamentaux des circuits; résistance , condensateur et inductance . Ici q est la charge électrique, I est le courant électrique, V est le potentiel électrique et ΦB est le flux magnétique.
Comme par ailleurs et , il en résulte que la tension V aux bornes du memristor est liée au courant I par la valeur instantanée de la memristance:
Ainsi à chaque instant donné, un memristor se comporte comme une résistance ordinaire. Cependant, sa "résistance" M(q) dépend de l’histoire du courant. Un memristor linéaire (celui pour lequel M est constant) n’est pas différentiable d’une résistance linéaire, avec M = R.
Les memristors semiconducteurs de Williams peuvent être combinés en transistors, bien plus petits que les transistors standards. Ils peuvent également être assemblés en mémoire de masse, qui permettraient une plus grande densité de données que les disques durs (avec des temps d’accès similaires à la DRAM), remplaçant ainsi ces deux composants.
Certains brevets liés aux memristors apparaissent comme incluant des applications en logique programmable, en traitement du signal, en réseaux neuronaux, et en systèmes de contrôle.
En informatique, ces composants permettraient d'écourter fortement le temps de démarrage d'un ordinateur. Comme une ampoule, l'ordinateur serait allumé quasiment instantanément et dans l'état exact de la dernière utilisation. La rapidité ultime serait atteinte avec ce composant d'après certains magazines spécialisés.
Fin août 2010, Hewlett-Packard a conclu un partenariat avec le fabricant coréen de puces-mémoire Hynix (deuxième fabricant mondial de puces-mémoire, derrière son compatriote Samsung ; Hynix est né de la fusion, en 1999, des activité de puces-mémoire DRAM des conglomérats LG et Hyundai), en vue de la commercialisation, d'ici 2013, des premières puces-mémoire de type memristor (appelées communément en anglais ReRAM, c'est-à-dire Resistive Random Access Memory, ou plus simplement encore RRAM).