Le projet de loi instituant en France le contrat première embauche (CPE) puis son adoption par le Parlement français le 31 mars 2006 entraînent, au cours des mois de février, mars et avril 2006, un important mouvement étudiant et lycéen, soutenu par des partis politiques et par la plupart des syndicats.
Les syndicats et coordinations d'étudiants et de lycéens, ainsi que les partis de gauche, manifestent contre le gouvernement Dominique de Villepin et demandent le retrait du CPE. Un grand nombre d'Assemblée générale demandent aussi l'abrogation de l'intégralité de la loi pour l'égalité des chances dont il fait partie, et également le retrait du contrat nouvelle embauche (CNE), plus ancien, similaire par certains aspects au CPE. D’autres revendications ont également été défendues, sans succès (augmentation du nombre de postes aux CAPES, etc.).
Le conflit voit par ailleurs naître une opposition aux blocages des universités et des lycées.
Dans un appel commun, des organisations (syndicats de salariés, d'étudiants, organisations politiques, culturelles) créent un collectif de lutte contre le CPE et appellent à la déclinaison locale de ce collectif, ce qui se fait par la suite dans la plupart des grandes villes françaises. Ces étudiants estiment que le CPE est un emploi « précaire ».
La revendication première est le retrait de l'ensemble de la loi dite « pour l'égalité des chances ». Lors de la coordination nationale étudiante tenue à Toulouse le 25 février 2006, d'autres revendications sont énoncées : l'emploi stable pour tous et le retrait des contrats précaires, le réengagement financier de l’État dans le service public universitaire, le retrait de la loi Fillon, la reconnaissance des diplômes universitaires, le retrait du « pacte pour la recherche », ainsi que l’arrêt du « traitement répressif » des mouvements sociaux, l'amnistie des lycéens ayant participé au mouvement contre la loi Fillon et des personnes poursuivies suite aux émeutes urbaines de novembre 2005.
La coordination nationale étudiante tenue sur le campus de la faculté des lettres de l'université d'Aix-Marseille I les 25 et 26 mars 2006 réaffirme son attachement à la plate-forme de Toulouse et demande de démission du gouvernement Dominique de Villepin.
Certains étudiants ont affirmé leur volonté de mettre fin à l'économie de marché, de changer le système politique, et ont défendu des projets de société de type communiste ou anarchiste. Des mots d'ordre autogestionnaires ont parfois été mis en avant. Au cours des occupations, des étudiants ont essayé de commencer à autogérer certaines universités.
Le mouvement de contestation commence par des mobilisations d'étudiants dans les grandes villes françaises. Le mardi 7 février 2006, 218 000 personnes (selon la police et 400 000 selon la CGT) manifestent leur opposition au contrat première embauche. Certaines universités, comme Rennes II et Paris III, voient leurs étudiants se mettre en grève. Le 18 février, une coordination nationale d'étudiants se réunit à Rennes II pour lancer le mouvement.
Un mois plus tard, le 7 mars 2006, des manifestations sont à nouveau organisées en France et rassemblent près de 400 000 personnes selon la police (plus de 1 000 000 selon la CGT). 38 universités sont alors en grève : Aix-Marseille I, Artois, Brest, Chambéry, Dijon, Grenoble I, Grenoble II, Grenoble III, La Rochelle, Le Havre, Le Mans, Lille I, Lille II, Lille III, Limoges, Lorient, Lyon II, Metz, Montpellier II, Montpellier III, Nancy, Nantes, Orléans, Pau, Poitiers, Rennes 2, Rouen, Toulouse II, Toulouse III, Tours, Paris I, Paris III, Paris IV, Paris V, Paris VI, Paris VII, Paris VIII, Paris X, Paris XIII, Evry.
Le mouvement commence à ce moment à prendre de l'ampleur. Les étudiants organisent des assemblées générales (AG) dans les amphithéâtres des universités. Dans plusieurs, ils votent la « grève », souvent avec piquet de grève.
Le 10 mars 2006, plusieurs dizaines d'universités (quatre-vingt-quatre universités au total selon les mouvements étudiants et environ une vingtaine selon le ministère de l'intérieur) sont en « grève », revotée régulièrement par les étudiants réunis en assemblée générale dans les amphithéâtres. Dans le courant du week-end, seules certaines d'entre elles restent occupées par quelques étudiants (Aix I, Dijon, Marseille I, Toulouse II-Le Mirail, Rennes II, Montpellier II et III, Nice-Sophia-Antipolis UFR de Nice et Valbonne et campus de Nice Ville II ainsi que Saint-Étienne Tréfilerie).
Dans la nuit du 10 au 11, le site de la Sorbonne est évacué par les forces de l'ordre avant la fin de la troisième nuit de son occupation par des étudiants réclamant l'abrogation de la loi. La Sorbonne, la place de la Sorbonne et des rues adjacentes sont interdites d'accès par les CRS jusqu'au 24 avril.
Une mobilisation contre le CPE a également lieu dans les départements d'outre-mer (notamment la Guadeloupe).
Le président de l'université de Nantes apporte son soutien aux étudiants protestataires en demandant la suspension du contrat.
Le 14 mars avec 41 000 manifestants (source police) et le 16 mars avec 447 500 personnes (selon la police, 500 à 800 000 selon les organisateurs), les manifestations composées principalement d'étudiants et de lycéens se poursuivient. Des actions « coup de poing » sont également organisées, comme le blocage de trains (Nantes, Dijon), de rocades ou de voies rapides (Rennes, Nice, Rouen, Poitiers, Dijon, pont de l'ile d'Oléron), le blocage du convoi de l'Airbus A380 ou encore des « expulsions » des locaux du MEDEF et de l'UMP (Montpellier, Poitiers).
Le vendredi 17 mars, le gouvernement tente de « renouer le dialogue » et souhaite améliorer le CPE par la discussion. Il reçoit les syndicats mais ceux-ci refusent toute négociation tant que le contrat ne sera pas retiré.
Le samedi 18 mars a lieu une journée nationale de manifestations avec 530 000 manifestants selon la police (1,5 millions selon la CGT) défilent dans 160 villes de France. Des heurts avec la police ont lieu en fin de cortège.
Une grève interprofessionnelle a lieu le mardi 28 mars. Elle rassemble 1 055 000 manifestants selon la police (et 2 700 000 à 3 000 000 selon les syndicats). Le 30 mars, le Conseil constitutionnel déclare la loi pour l'égalité des chances — dont l'article 8 porte création du contrat première embauche — conforme à la constitution, à l'exception des articles 21 et 22. Le lendemain soir, Jacques Chirac, président de la République, annonce lors d'une intervention radiotélévisée qu'il promulgue la loi mais demande une nouvelle loi pour modifier les clauses qui « posent problème » (période d'essai de deux ans, absence d'obligation pour les employeurs de motiver la rupture du contrat).
Des préavis de grève sont déposés par les syndicats pour la journée du 4 avril appelant à des manifestations interprofessionnelles. Trente-deux villes de France connaissent des débrayages dans les transports publics, 40 % des écoles du primaire et 25 % du secondaire sont perturbées. Durant cette journée, plus d'un million de manifestants sont dans les rues selon la police et 3,1 millions selon les syndicats.
Le 5 avril, les négociations entre les parlementaires UMP et les syndicats de travailleurs, de lycéens et d'étudiants débutent pour une modification éventuelle de la loi, conformément aux souhaits du président de la République. Les syndicats demandent que le CPE soit abrogé avant le 15 avril 2006. Les députés socialistes déposent une proposition de loi allant également dans ce sens.
Le 6 avril, la grève continua avec une augmentation très importante des actions coups de poings, comme le blocage du pont de l'île d'Oléron par les lycéens du CEPMO qui bloqua le département pendant de longues heures, ou encore les arrêts de train en gare de Paris, Lille, Bordeaux, et le blocage du convoi de l'Airbus A380.
Le 10 avril, Dominique de Villepin annonce que « les conditions ne sont pas réunies » pour que le CPE s'applique. La majorité des Assemblées générales votent alors la fin du mouvement.