Musée des beaux-arts de Nantes - Définition

Source: Wikipédia sous licence CC-BY-SA 3.0.
La liste des auteurs de cet article est disponible ici.

Les collections

Art ancien (XIIIe - XVIIIe siècles)

Le Songe de saint Joseph, Georges de La Tour (avant 1652)

Une des originalités de la collection d'art ancien est la relative importance du fonds de primitifs italiens, provenant essentiellement de la collection du diplomate François Cacault (constituée de 1785 à 1803), à une époque où ces œuvres étaient ordinairement peu prisées des amateurs. Outre un rare panneau du XIIIe siècle, le musée peut ainsi présenter des œuvres des écoles florentine et siennoise du XVe siècle et un bel ensemble d'œuvres de la Renaissance italienne : on y retrouve des oeuvres de peintres tels que Bernardo Daddi, Bicci di Lorenzo, Mariotto di Nardo, Cenni di Francesco, Cosmè Tura avec son Saint Nicolas de Bari, Jacopo del Sellaio, Sano di Pietro, Ambrogio Borgognone, Andrea Solario et Le Pérugin avec deux panneaux ronds provenant d'un retable démembré et représentant Le prophète Jérémie et Le prophète Isaïe ainsi qu'un très beau Saint Sébastien et un saint franciscain datant d'avant 1523. Le XVIe siècle se poursuit avec le célèbre portraitiste Giovanni Battista Moroni et notamment le Tintoret.

Le XVIIe siècle est la période où s'exprime le mieux la richesse de la collection du musée. L'école italienne demeure la plus importante, avec un exceptionnel ensemble d'œuvres d'inspiration caravagesque, illustrant le goût des frères Cacault pour cette peinture d'un puissant réalisme. On trouve également, grâce aux envois de l'État, des chefs-d'œuvre d'inspiration plus classique, comme de multiples petits tableaux de dévotion et des esquisses. Les nombreuses natures mortes et les paysages de la collection Cacault offrent un panorama presque complet des principales tendances de l'art italien de cette période. Au fil des salles on peut admirer des oeuvres de Guido Reni, Giovanni Francesco Romanelli, Luca Giordano, Valerio Castello, Gioacchino Assereto, Pietro della Vecchia, le peintre de natures mortes Giuseppe Recco, Giovanni Benedetto Castiglione ou Orazio Gentileschi avec une grande et majestueuse Diane Chasseresse.
Le Grand Siècle français est également bien représenté. Dans le domaine de la peinture religieuse, presque tous les grands courants de la première partie du siècle sont illustrés, avec des oeuvres de Philippe de Champaigne, Simon Vouet, Claude Vignon, Laurent de La Hyre, Jacques Stella, Sébastien Bourdon et Joseph Parrocel. Les autres genres (peinture d'histoire, de genre, portrait...) sont aussi présents avec des oeuvres de Charles de La Fosse sur le thème d'Enée, Jacques Blanchard, Nicolas de Largillierre ou encore Vouet. Mais le joyau en demeure les trois chefs-d'œuvre de Georges de La Tour (Le Vielleur, Le Songe de saint Joseph, Le Reniement de saint Pierre), entrés au musée avec la collection Cacault sous des attributions alors erronées, et qui furent parmi les premières œuvres permettant d'établir le corpus du peintre lors de sa redécouverte au début du XXe siècle.

Les écoles flamandes et hollandaises sont bien illustrées : de grands tableaux d'autel de Rubens, Gaspard de Crayer ou de Boyermans, mais aussi de nombreux témoignages de la virtuosité des écoles nordiques pour le paysage, la nature morte, les scènes de genre ou le portrait. On trouve des oeuvres de peintres comme Matthias Stom, avec deux belles compositions caravagesques de sa main, l'autre caravagesque Gerard van Honthorst, Hendrick Goltzius, Abraham Bloemaert, Jan Bruegel l'Ancien avec ses célèbres scènes représentant méticuleusement des centaines de personnages dans de grands paysages, Pieter Claesz et Osias Beert et leurs natures mortes, Adam Frans van der Meulen, Peter Lely, Jacob van Oost le Vieux, Adriaen van der Kabel ou encore Jacob Ferdinand Voet avec deux portraits. La peinture primitive flamande est aussi présente : on remarque surtout une belle composition de Marinus van Reymerswaele, Un Echevin et sa femme, thème très populaire au début du XVIe siècle et qu'il a souvent traité.

Les collections du XVIIIe siècle, moins développées, conservent néanmoins des œuvres rares. On peut admirer un bel ensemble de portraits de Tournières et un de la main de François de Troy, une allégorie de Jean-François de Troy, des natures mortes de Desportes et Oudry, une des toutes premières œuvres de Watteau, Arlequin empereur dans la Lune, le célèbre Camargo de Lancret, quatre œuvres de Greuze dont Le Guitariste, le célèbre buste de Lemoyne par Pajou. Des paysages de Pannini, de Volaire et Vernet rappellent le goût des collectionneurs du siècle des Lumières pour l'Italie. D'autres peintres présents sont Jean-Baptiste Santerre, Joseph-Marie Vien, Joseph Benoît Suvée et Antonio Canova.

XIXe siècle

Charlotte Corday, Paul Baudry (1860)

En raison de la présence d'une riche collection ancienne présentée enfin au public à partir de 1830, la municipalité décide en 1838 de n'acquérir que de l'art contemporain. Les choix se portent sur les artistes connus qui exposent à Nantes après le salon parisien. Ainsi sont achetées les œuvres de Delacroix, Rousseau, Corot et Gérôme. Le Portrait de Madame de Senonnes (1814) peint par Ingres est découvert par pur hasard chez un brocanteur d'Angers en 1853. En 1852, la Ville obtient le legs Clarke de Feltre et bénéficie en 1854 de la donation de l'armateur nantais Urvoy de Saint-Bedan.

La peinture française des années 1830-1850 entre au musée avec deux ensembles cohérents d'artistes représentatifs du goût de l'époque romantique, avec notamment les artistes Brascassat et Delaroche. En 1861, à l'issue de la grande Exposition nationale des produits de l'industrie, le musée s'enrichit d'un seul coup de plus de vingt œuvres. Parmi celles-ci, Charlotte Corday de Paul Baudry, Le Prisonnier, œuvre orientaliste de Gérôme, L'Escamoteur de Hamon et surtout Les Cribleuses de blé de Courbet, qui suscite une polémique dans la presse.

En 1866 a lieu à Nantes une grande exposition à laquelle participent Pissarro, Renoir, Sysley, Gauguin, Seurat et Signac, mais aucun tableau ne leur est acheté. On leur préfère des artistes moins audacieux comme Boggs, Luminais, Merson, Moreau de Tours, Salmson, Raffaëlli ou Debat-Ponsan. Cet exemple est significatif de la politique d'enrichissement menée jusqu'à la fin du XIXe siècle, reflet fidèle des engouements d'un large public pour une peinture académique.

Le musée bénéficie également de nombreux dépôts de l'État choisis parmi les acquisitions faites à l'issue des Salons officiels de Paris. Enfin, par don ou par legs, des ensembles significatifs d'œuvres d'artistes originaires de la région nantaise, comme les paysagistes Leroux ou Maufra, les peintres d'histoire et portraitistes Delaunay (Le Nu jaune, 1908), Merson ou Baudry renforcent les collections, en particulier par des fonds de dessins.

Depuis quelques années, la collection s'est enrichie d'œuvres importantes : un portrait préraphaélite de Burne-Jones, une subtile Copie de Madame de Senonnes par le peintre né à Nantes James Tissot, ainsi que des dessins de Maufra, Tissot et Redon.

Art moderne

XXe siècle

Les principaux mouvements de l'art moderne sont représentés dans les collections. Les différents administrateurs du musée, dès le milieu du XIXe siècle, portent en effet attention aux artistes vivants. Ainsi, Soir de septembre (1911) de Maurice Denis, est acquis en 1913, ou Kizette en rose (1927) de Tamara de Lempicka, en 1928.

La Société des amis du musée fait aussitôt l'acquisition du Port du Havre (1906) de Raoul Dufy et du Phare d'Antibes (1909) de Paul Signac. Claude Monet offre en 1922 une version des Nymphéas (1917). Le legs, en 1930, par Georges Clemenceau d'un tableau du maître de Giverny, Gondoles à Venise (1908), et l'achat, en 1987, du Nu jaune de Sonia Delaunay enrichissent l'illustration des grands courants artistiques du début du XXe siècle, de l'impressionnisme à l'expressionnisme.

De même, Le Café du commerce (1913) de Jean Émile Laboureur et Le Paysage à la fenêtre ouverte (1915) de Jean Metzinger, marquent l'adhésion de deux peintres nés à Nantes, à l'esthétique cubiste qui mena Alberto Magnelli au seuil de l'abstraction avec Deux Femmes debout (1917).

Un autre nantais, Jean Gorin, fait la même expérience avant de rejoindre le néo-plasticisme et le groupe Cercle et Carré, où il rencontre Joaquin Torrès-Garcia. Les tableaux de Pierre Roy réunis autour d'Adrienne pêcheuse (1919) et un ensemble important de photographies de Claude Cahun remettent en mémoire la participation de Nantes à l'aventure surréaliste. La Forêt (1925) de Max Ernst rappelle que les premiers « frottages » de cet artiste furent réalisés à Pornic, où André Breton fit en 1916 la rencontre de Jacques Vaché.

Onze œuvres de Kandinsky témoignent des expérimentations et des recherches de cet artiste en Allemagne, de 1922 à 1933. Dix d'entre elles proviennent du musée national d'Art moderne du Centre Georges Pompidou qui, en 1987, dépose un ensemble cohérent autour de Herunter (1929), première œuvre de ce pionnier de l'abstraction. Il s'agit du don d'un amateur particulier, Gildas Fardel, effectué pour encourager l'ouverture du musée dès 1947 à l'art non figuratif, notamment par l'acquisition en 1947 de Salve Regina (1945) de Manessier et en 1958 de Nocturne (1957) de Bissière.

Gildas Fardel offre aussi une collection d'œuvres caractéristiques de l'art abstrait en France dans les années 1950-60 (Hartung, Poliakoff, Soulages). Cette collection est complétée par des achats municipaux (Martin Barré, Camille Bryen, Sonia Delaunay) ou des dépôts du musée National d'Art Moderne (Maria Elena Vieira da Silva, Joan Mitchell).

En marge de ce courant, le musée conserve de singulières productions de Gaston Chaissac et de Jean Dubuffet. Picasso est présent avec deux œuvres de sa dernière période, confiée à Nantes par le musée national Picasso : Le Couple (1967) et L'Homme à la Canne (1971).

Art contemporain

XXIe siècle

La collection contemporaine du musée s'est enrichie depuis 2003 de nombreux dépôts d'œuvres du Fonds National d'Art Contemporain et aux nouvelles acquisitions. Le mouvement des Nouveaux Réalistes, né dans les années 1960, est bien représenté par les œuvres de Dufrêne, Villeglé, Raysse, Wolman, Tinguely et Raymond Hains. La collection regroupe des artistes d'origine italienne liés au mouvement de l'Arte Povera, tels que Manzoni, Fabro, Penone, Boetti et Pascali.

Les artistes qui ont marqué l'actualité internationale des années 1970-80 sont présents à travers les œuvres de Vito Acconci, Bernd et Hilla Becher et bien d'autres. Enfin, de nombreuses figures importantes apparues dans les années 1980 et 1990 introduisent la collection du musée aux débats qui animent l'art le plus actuel.

Page générée en 0.166 seconde(s) - site hébergé chez Contabo
Ce site fait l'objet d'une déclaration à la CNIL sous le numéro de dossier 1037632
A propos - Informations légales
Version anglaise | Version allemande | Version espagnole | Version portugaise