Nadejda Kroupskaïa - Définition

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Un premier exil au service du marxisme et de Lénine

L’année suivante, elle rencontre Vladimir Ilitch Oulianov (Lénine) lors d’une conférence organisée à Saint-Pétersbourg. Elle remarque son énergie comme son sens très vif de la polémique, voire du sarcasme. En 1895, Kroupskaïa adhère à l’Union de lutte pour la libération de la classe ouvrière, fondée à Saint-Pétersbourg par Oulianov. Dès lors, les destins des deux militants se rencontrent, vie privée et vie publique s’associant alors définitivement aux yeux de l’histoire. Collaboratrice attentive, Nadejda prépare les congrès et les conférences du mouvement mais ne se cantonne pas à ce rôle secondaire. Elle participe activement, entre arrestations et emprisonnements, aux débats du Parti et à la diffusion d’articles de propagande.

En décembre 1895, Vladimir Oulianov est arrêté puis exilé pour trois ans en Sibérie. Condamnée peu après, Kroupskaïa est envoyée à Oufa en Bachkirie, à des milliers de kilomètres du premier, assigné à résidence dans la bourgade de Chouchenskoïe, sur le fleuve Ienisseï, à l’est de Novosibirsk. Pour le retrouver, Nadejda se déclare sa « fiancée », ce qui lui permet de le rejoindre en toute légalité en mai 1898 pour l’épouser en juillet suivant.

Leurs conditions de vie ne sont pas celles du bagne. Libre d’aller et venir, le couple Oulianov, auquel s’est rapidement associée la mère de Kroupskaïa, mène aux confins de l’empire une vie studieuse. De multiples lectures s’associent à des travaux de traduction d’ouvrages britanniques, moyen pour le couple d’apprendre l’anglais qui lui servira plus tard. Ils entretiennent aussi une correspondance très active, reçoivent et visitent tous les militants exilés comme eux dans la région.

En février 1900, la libération d’Oulianov – qui prend alors le pseudonyme de Lénine – permet au couple de quitter la Russie. Avec un décalage de quelques semaines, Kroupskaïa rejoint son époux à Munich. L’émigration marxiste russe en Allemagne est alors tout entière tournée vers la publication d’un journal de propagande, Iskra, qui paraît en décembre 1901 à Stuttgart avec le soutien efficace des militants du SPD.

« De l’étincelle jaillira la flamme (de la Révolution) » ainsi que l’annonce un premier numéro où se retrouvent tous les leaders du POSDR, à cette époque encore alliés sur les mots d’ordre marxistes : Julius Martov, Alexandre Potressov, Georgui Plekhanov, Véra Zassoulitch, Pavel Axelrod. Ces trois derniers, fondateurs, dix ans plus tôt, du groupe "Libération du Travail" ne suivent pas toujours les choix stratégiques de Lénine auquel Nadejda, à l’inverse, donne un soutien absolu alors même qu’elle gère l’intendance au quotidien avec une grande abnégation.

Kroupskaïa découvre en Allemagne le milieu des intellectuels exilés, leurs qualités et leurs défauts. Elle remarque leur éloignement des réalités russes, Plékhanov surtout, selon elle incapable de saisir les nouveaux équilibres sociaux au sein de l’empire. Elle côtoie en revanche les militants ouvriers qui, prenant tous les risques, parcourent des milliers de kilomètres pour délivrer des messages. Sans en connaître elle-même toute la rigueur, elle partage aussi les incertitudes d’une vie de révolutionnaire professionnel où, à de banales difficultés matérielles, s’associent les impératifs d’une existence clandestine basée sur le secret.

Durant cette période d’émigration, secrétaire d’Iskra, Kroupskaïa visite écoles et bibliothèques, rencontre des enseignants, s’intéresse aux méthodes pédagogiques locales. Ces travaux lui permettent de dresser un bilan critique des enseignements. Elle associe théorie et pratique pédagogiques aux préceptes marxistes, ce qui sera son apport le plus original dans ce domaine car personne, avant elle, n’avait relié l’enseignement à ces concepts. Elle partage aussi des discussions avec Lénine, alors tout entier concentré à l’écriture de son fameux Que faire ?.

En avril 1902, Kroupskaïa arrive à Londres, rejointe quelques mois plus tard par sa mère. Soucieux d'approfondir ses bases théoriques dans la ville où Karl Marx a vécu la dernière période de sa vie, Lénine travaille à la bibliothèque du British Museum au moment où les clivages au sein du POSDR se font plus rudes. En octobre, échappé de Sibérie, Trotski rejoint l’Angleterre, émissaire de l’Iskra à l’exemple de ses camarades qui recueillent des renseignements, alimentent les publications, nouent des liens entre la Russie et les milieux d’émigration, sélectionnant les militants d’envergure qui assurent la relève des camarades emprisonnés.

En avril 1903, le couple s’établit à Genève où s’édite Iskra tandis que le congrès de Bruxelles, au mois de novembre de la même année, marque la rupture au sein du Parti entre Menchéviques et Bolchéviques. Peu après, les premiers prennent le contrôle du journal ce qui oblige les seconds, menés par Lénine, Alexander Bogdanov, Anatoli Vassilievitch Lounatcharsky, Stepanov, Vladimir Alexandrovich Bazarov, à lancer en décembre un nouveau titre, Vperiod (En avant).

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