Le 30 décembre 1910 le principal actionnaire de la SGAL, Le Lt de Caumont, se tuait à Buc en essayant un REP Type III. Edouard Nieuport décida donc de le remplacer comme pilote tout en recherchant une meilleure assise financière pour son entreprise. En mai 1911 fut créée la Société Nieuport (E) et Deplante, installée au 9 rue de Seine à Suresnes.
Avec les premiers succès commerciaux les effectifs de l'entreprise s’étoffèrent : Alors que Léon Bazaine était chargé de la production, un pilote professionnel fut recruté. Le choix se porta sur Charles Weymann.
1911 fut une année de contrastes: Le 6 mars 1911 Edouard Nieuport dépassait les 101 km/h avec un moteur de 28 ch, puis portait le record du monde de vitesse à 119 km/h le 21 mai et à 133 km/h le 16 juin sur son Nieuport IIN. Le 1er juillet, à Eastchurch (Grande-Bretagne), la coupe de vitesse Gordon-Bennett vit Weymann et Edouard Nieuport se classer respectivement premier et troisième et Armand Gobé effectua un vol de 740 km sur un Nieuport IIG de 70 ch. Victime d'un accident à l'atterrissage, Edouard Nieuport se tuait le 15 septembre 1911.
Disputé en novembre suivant à l’initiative du Général Roques, le Concours des avions militaires de Reims fut remporté par Charles Weymann sur Nieuport IVG à moteur Gnôme de 100 ch. L’année 1911 se termina sur une autre victoire posthume d’Edouard Nieuport : A bord d’un Nieuport II à moteur Darracq-Nieuport Armand Gobé portait le record du monde de distance à 740 km (8h 16 min).
La disparition d’Edouard Nieuport aurait pu avoir des conséquences considérables pour la firme de Suresnes. Cependant Charles Nieuport travaillait depuis assez longtemps après de son frère pour reprendre le flambeau. Né le 4 août 1878, il obtint son brevet civil (No 742 de l’Aéro-Club de France) le 22 janvier 1912, puis le brevet militaire n° 156 le 9 février suivant, ce qui devait lui permettre d’assurer la réception des avions militaires Nieuport II G et IV G.
Le 24 janvier 1913 Charles Nieuport et le mécanicien Guillot effectuaient à Étampes des essais de réception, préalables à la livraison de trois monoplans triplaces à l’armée. Après avoir atteint l’altitude de 500 m avec une charge de 500 kg, ils effectuent un atterrissage un peu brutal, mais redécollèrent immédiatement. Ors une commande de gauchissement avait été faussée durant l’atterrissage et, alors qu’ils atteignaient environ 300 m, l’avion décrocha dans un virage serré et percuta le sol, tuant ses occupants.
Pour tenter de redynamiser l’industrie aéronautique française Victor Laurent Eynac, nommé ministre de l’Air le 11 novembre 1928, chercha à regrouper les industriels français dispersés, rivalisant pour des contrats sans suite. La Société Générale Aéronautique (SGA) fut donc constituée entre novembre 1929 et Février 1930 avec le soutien financier de la Banque Nationale de Crédit. Elle regroupait les avionneurs Hanriot (Paris et Bourges), CAMS (Sartrouville), SECM-Amiot (Colombes et Normandie), Nieuport et SAB (Bordeaux, ex Dyle et Bacalan), et le motoriste Lorraine-Dietrich (Argenteuil).
La SGA devait se révéler un véritable gouffre financier. N’acceptant pas ses méthodes de gestion, Gustave Delage démissionna fin 1932. Quelques mois plus tard le conseil d’administration de Nieuport décida de quitter SGA, qui fit faillite fin 1934, cherchant un autre partenaire.
Un accord fut trouvé en février 1934 avec les Ateliers et Chantiers de la Loire, à Saint Nazaire. En février 1937 Loire-Nieuport fut finalement nationalisée comme Société nationale de construction aéronautique de l'Ouest. La SNCAO fut la plus petite des six sociétés nationales, tandis que le nom Nieuport disparaissait du registre du commerce en mars 1937.