La plupart des constructeurs proposèrent un projet mais l'écart entre les performances demandées et la technologie du moment les conduisirent à imaginer des solutions trop innovantes pour envisager une mise en œuvre à court terme (composites bombardier + chasseur "parasite", moteurs nucléaires, drones, etc.)
Cette période d'incertitude prit fin le 18 septembre 1957, lorsque l'US Air Force formula son cahier des charges définitif. Il spécifiait dorénavant une vitesse de croisière de Mach 3, un plafond opérationnel de 22 860 mètres et une autonomie minimale de 9 650 km. Entretemps la technologie avait évolué, notamment dans le domaine des turboréacteurs et le marché s'était clarifié : seuls Boeing et North American demeuraient en lice.
Le 23 décembre, North American fut déclaré vainqueur. l'US Air Force espérait disposer de 30 appareils opérationnels à la fin de l'année 1965. La complexité du projet amena North American à sélectionner de nombreux sous-traitants, parmi lesquels :
De fait, le XB-70 (dénomination officielle depuis le 6 février 1958) comportait plusieurs innovations technologiques importantes :
Le bombardier était équipé de capsules de survie éjectables, ce qui permettait aux pilotes et à leurs copilotes de s'éjecter à grande vitesse.
Le 8 juin 1966, le deuxième prototype quitta Edwards AFB pour effectuer des mesures de bangs supersoniques. En outre, cet essai permettait à General Electric, fabricant les réacteurs du XB-70, de réaliser des photos publicitaires de l'avion avec un F-4B Phantom II, un F-104N Starfighter, un F-5A Freedom Fighter et un T-38 Talon, tous propulsés avec des moteurs de General Electric. Mais le F-104, pris dans la turbulence de sillage générée par le XB-70, le percuta, détruisant l'empennage vertical gauche. Après 16 secondes de vol, le bombardier devint incontrôlable, puis s'écrasa. Al White, le pilote du XB-70, s'éjecta à temps mais son copilote Carl Cross ne parvint pas à s'éjecter et périt, de même que le pilote du F-104, Joseph Albert Walker.
La deuxième version fut équipée d'un radar monté dans le radôme avant, ainsi que d'éléments d'avionique supplémentaires. Comme sur la première version, l'avant de l'avion, devant le cockpit, était peint en noir, de sorte que les rayons du soleil soient absorbés par la couleur et n'éblouissent pas le pilote et le copilote lors des vols à haute altitude. Cette technique est aussi utilisée dans les sports, comme le football américain.
La perte d'un des prototypes signa l'arrêt de mort du programme. Ce vol ayant été un vol publicitaire, de nombreux journalistes furent témoins de l'accident de cet engin extrêmement coûteux (il pesait 250 tonnes, et avait coûté 10 fois son poids en or !). De plus, l'avion était presque obsolète dès son premier vol : la capacité de l'Armée rouge de détruire en vol des avions ennemis à l'aide de missiles sol-air (cause de la destruction du U-2 de Gary Powers en 1960) provoqua un nouveau changement d'orientation de stratégie, favorisant la recherche d'avions furtifs plutôt que rapides, ainsi que le développement de missiles balistiques inter-continentaux.
Le premier protoype est exposé à l'US Air Force Museum.
Le programme du XB-70, malgré son échec, influença fortement l'Union Soviétique qui décida de concevoir un chasseur capable de venir à bout de bombardiers trisoniques comme le Valkyrie: celui-ci fut le MIG-25 « Foxbat », qui reste l'avion le plus rapide en service.