Soient S un ensemble, FS le groupe libre sur cet ensemble, et R une partie de ce groupe. R est l'ensemble des relations que l'on veut imposer, et pour cela, on va devoir quotienter FS par R. Comme R n'est pas forcément un sous-groupe distingué, on va en fait quotienter par le plus petit sous-groupe distingué N contenant R.
On appelle le groupe FS/N ainsi obtenu le groupe défini par générateurs S et relations R. On le note <S|R>. Cette écriture s'appelle une présentation du groupe. Si G est un groupe quelconque, isomorphe au groupe <S|R>, on dit que G admet <S|R> pour présentation.
Pour faire le lien avec l'introduction informelle ci-dessus, on peut remarquer que les éléments de N sont en fait les "conséquences" des relations R. On peut également remarquer que tout groupe admet une présentation : en effet, tout groupe est quotient d'un groupe libre (par exemple, le groupe libre FG sur G). Par contre, une présentation n'est évidemment pas unique.
Un groupe est dit finiment généré s'il est généré par un ensemble S fini, et finiment présenté s'il admet une présentation de la forme <S|R>, avec S et R finis. Tout groupe finiment présenté est donc finiment généré, mais la réciproque n'est pas toujours vraie. En fait, un théorème de Bernhard Neumann (en) affirme que les groupes à deux générateurs, à isomorphisme près, forment un ensemble dénombrable, alors qu'il est facile de voir que l'ensemble des classes d'isomorphisme de groupes de présentation finie n'est pas dénombrable.
Le concept de présentation de groupe peut permettre d'effectuer simplement des calculs dans le groupe. Cependant, il faut se rendre compte qu'il a ses limites. Par exemple, il est difficile de savoir a priori si un groupe défini par générateurs et relations est trivial ou non. Le moyen le plus courant pour montrer qu'un groupe défini par présentation n'est pas trivial est de le faire agir sur un ensemble, en utilisant la propriété universelle ci-dessus. Fabriquer cet ensemble n'est pas forcément une question facile...
Plus généralement, dans un groupe de présentation G=<S|R>, il est difficile de savoir si deux mots sur S représentent ou non le même élément dans G. C'est ce qu'on appelle le problème du mot. Il a été montré que, même dans le cas des groupes de présentation finie, c'est en général un problème indécidable : il n'existe pas d'algorithme permettant de décider si deux mots sont égaux ou non.
Par contre, on peut montrer que ce problème admet une solution dans de nombreuses familles de groupes. Parmi les exemples dont certains sont décrits ci-dessus, on pourra citer les groupes abéliens de type fini, les groupes de tresses, les groupes de Coxeter, les groupes polycycliques (en), les groupes finiment présentés résiduellement finis (en). Connaître les groupes qui ont un problème du mot résoluble est un sujet de recherches actuel.