Le prieuré de Saint-Arnoult est un prieuré situé à Saint-Arnoult dans l'Oise en Picardie, qui dépendit successivement des abbayes de Saint-Germer-de-Fly et de Beaubec en Normandie.
La rareté de cette architecture datant de la fin du Moyen Âge, en pan de bois et torchis, à double encorbellement, et la qualité de son décor sculpté, ont motivé l'inscription au titre des monuments historiques de ses façades et toitures, ainsi que des deux cheminées du rez-de-chaussée, par un arrêté du 30 mai 1988.
Le prieuré de Saint-Arnoult a tout d'abord dépendu de l'abbaye Saint-Germer-de-Fly. Ses origines sont attestées « dans les anciens titres authentiques conservés aux archives de l'hospice de Clermont ».
Son histoire est très liée à la propagation du culte de Saint-Arnoult, au milieu du XIe siècle, dans le Comté de Clermont-en-Beauvaisis. Saint-Arnoult (latinisé en Sanctio Arnulfus en 1210) possédait une seigneurie qui relevait du canton de Clermont, « elle appartenait à la maison de Cany ». L'abbaye de Saint-Germer-de-Fly en fit l'acquisition.
Le toponyme de Saint-Arnoult fait référence à Saint-Arnoult d'Yvelines. Ce saint, qui fut évêque de Tours, épousa Scariberge, la nièce de Clovis.Il mourut à Reims vers 533 et fut enterré à Saint-Arnoult-en-Yvelines, sur le chemin de Tours. Ses reliques furent l'objet d'un vol en 935 au profit de Crépy-en-Valois,où fut fondée une abbaye.
Au début de l'an mille, le culte de ce saint se propage et s'étend aux XIe et XIIe siècles, au nord de Paris et dans toute l’Île-de-France. À Clermont-en-Beauvaisis, une collégiale dédiée à Saint-Arnoult et à Notre-Dame est fondée par les seigneurs de Clermont (1023). Sous l'influence de Guibert de Nogent, ancien religieux de l'abbaye de Saint-Germer-de-Fly, le culte d'Arnoul d'Yvelines se développe en Beauvaisis.
Du VIe siècle au XIe siècle de nombreux pèlerinages voient le jour, célébrant une multitude de Saints. Les reliques tiennent une place importante dans la société médiévale et leur culte se propage au long d'itinéraires très fréquentés, la popularité des uns influençant les autres.
La coquille Saint-Jacques, présente à plusieurs endroits sur la façade du Prieuré de Saint-Arnoult, n'est pas sans rappeler le grand pèlerinage qui naît à l'aube du IXe siècle et atteint son apogée au XIVe siècle. Saint-Arnoult, dans l'Oise, se trouve sur un axe Boulogne-Chartres, emprunté par les pèlerins de Saint-Jacques de Compostelle. Ceux-ci descendaient de Boulogne à Paris en direction de Tours, empruntant la Via Turonensis par Chartres et passaient par Saint-Arnoult-en-Yvelines». À Tours, se trouvait également le tombeau de saint Martin (Martin de Tours) dont le pèlerinage très important a influencé le culte d'Arnoul.
Les abbés de Beaubec furent seigneurs, pour partie, de Saint-Arnoult. Un plan de 1751 conservé aux Archives départementales de l'Oise, atteste le lien du prieuré de Saint-Arnoult avec cette abbaye dont il dépend alors. On y voit les bâtiments d'exploitation agricole disposés autour de la cour carrée ainsi que le logis seigneurial.Sont également signalés, les terres et les bois appartenant à l'abbaye.
Un blâme d'Aveu, à l'initiative de Charles du Sauzet Du Mas, dernier abbé régulier de Beaubec, est déposé en 1746, par devant les notaires royaux au bailliage d'Amiens, résidant à Grandvilliers.
Plan de 1751 montrant les possessions de l’abbé de Beaubec sur Saint-Arnoult : les parcelles en jaune dépendent de la seigneurie de Beaubec. |
Au cours de son histoire, le prieuré va prendre le statut de simple exploitation agricole. C'est probablement ce qui lui permettra de se conserver jusqu'à nous, tant bien que mal, malgré quelques vicissitudes. En 1976,un incendie détruira un grand nombre des bâtiments, épargnant toutefois le logis du XVe siècle. À la fin du XIXe siècle, le comte Louis Antoine Ferrand et son frère, le vicomte Ferrand demeurant ensemble au château de La Bernardière, commune de Tessonnières (Deux-Sèvres), en sont propriétaires indivis. Par adjudication, le prieuré est vendu le 30 janvier 1898, avec ses terres, à la famille Lenoir, apparentée à la famille de Boufflers. Donné en bail à plusieurs générations de fermiers, la propriété restera dans cette famille jusqu'en 1982, date à laquelle, elle est vendue à Gilles et Nelly Alglave. Elle devient la résidence familiale de ses nouveaux propriétaires qui entreprennent la restauration du site. Le prieuré fait l'objet d'une inscription partielle au titre des monuments historiques depuis 1988 et est ouvert à la visite.