Projet de loi Devaquet - Définition

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Réaction des syndicats étudiants

L’analyse des syndicats étudiants

Les syndicats étudiants relèvent immédiatement plusieurs dangers dans cette loi. Tout d’abord ils réaffirment leur attachement au cadre national de l’enseignement supérieur. Les frais d’inscription doivent être fixés nationalement et doivent rester modérés. Ils craignent que cette réforme n’entraîne de fortes hausses du coût d’entrée (maximum de la fourchette) dans certaines universités élitistes. En outre, le cadre national leur paraît indispensable, lorsqu’il s’agit des diplômes. Ils demandent donc la stricte application de ce principe afin qu’une qualification délivrée par une petite université de province ait la même valeur que son équivalent frappé du sceau d’une université prestigieuse.

Plus que tout, ils dénoncent la sélection en premier cycle. Pour eux, le gouvernement veut fermer la porte à un certaine catégorie d’étudiant réputée moins intéressante, à cause de leurs résultats scolaires, à cause de leurs lycées d’origine ou en raison de problèmes de comportement passés. Les assurances de M. Devaquet sur le fait que personne ne sera oublié, ne les rassurent qu’à moitié. Ils craignent que les bacheliers en difficultés d’intégration universitaire soient obligés de choisir entre deux mauvaises solutions : la sortie du système éducatif avec le seul baccalauréat autrement dit, le chômage assuré ou du moins un emploi peu intéressant ou une voie de garage guère plus prometteuse du point de vue professionnel.

  • De manière générale, ils craignent que cette loi aboutisse à une université à deux vitesses. D’un côté, une poignée d’universités prestigieuses, délivrant des diplômes bien côtés sur le marché du travail et difficiles d’accès. Non seulement pour leur sélection rigoureuse, mais pour leur plus grand éloignement - donc des frais à prévoir - et la tentation des meilleures d'entre elles de prélever des frais d’inscription élevés.
  • D’un autre côté, la majorité des universités de petite taille, en province, risque de se retrouver avec des étudiants de niveau plus faible, accentuant le clivage par manque de mixité et perte des meilleurs pédagogues (ce qui renforce le premier effet). Conséquence logique de cette dynamique : les diplômes délivrés par ces universités seront un peu plus dévalorisés aux yeux des employeurs.
  • Ces dernières ne pourraient redorer leur image par des investissements massifs, dont la recherche pose problème dans les régions pauvres. Les universités ainsi mises en concurrence, risquent d'être aussi menacées par des « facs privées » que le système favoriserait.

En dernier lieu, même si cela est peu apparu dans le mouvement, les syndicats étudiants craignent un renforcement du pouvoir des « mandarins », autrement dit des enseignants-chercheurs carriéristes peu intéressés par la problématique étudiante. En effet la loi fixe un seuil de 40 % d’enseignants dans les conseils mais en autorise plus. Les étudiants redoutent donc une revanche des « mandarins » qui avait dû partager leur pouvoir en application de la loi Savary (là où elle s’appliquait déjà !).

L’UNEF-ID

L’UNEF-ID est en plein bouleversement : la plupart de ses cadres viennent de quitter le PCI à la suite de Jean-Christophe Cambadélis. Ce contexte particulier ne les empêche pas de se préoccuper du projet Devaquet, mais l’ambiance est morose : comment mobiliser les étudiants en plein été, pendant les vacances universitaires puisque la loi a été validée par le Conseil des ministres au mois de juillet. Aussi le syndicat décide, au moins dans un premier temps, de se lancer dans un travail de lobbying, avec l'objectif d'obtenir de la part des députés des amendements modifiant le texte en profondeur.

Fin août, la tendance majoritaire de l’UNEF-ID se réunit en université d’été à La Plagne. Ils commencent à constater l’inefficacité de leurs efforts. Isabelle Martin, une proche du président Philippe Darriulat, appelle même à la grève générale. Mais la proposition semble alors difficile à mettre en place. La direction du syndicat décide donc de renforcer l’agitation autour du projet. Le Bureau national multiplie les communiqués notamment lorsque, à partir d’octobre, le texte arrive devant le Sénat. En parallèle, il fait monter la pression dans les facultés en faisant circuler un appel/pétition et en lançant une grève d’avertissement. Pour ce faire, l’UNEF-ID base son argumentation sur quatre points expliquant les dangers de la loi Devaquet :

  1. Sélection à l’entrée de l’université et entre les cycles,
  2. Hausse des droits d’inscription,
  3. Fin des diplômes nationaux,
  4. Développement des inégalités et concurrence entre les universités.

La grève générale viendra un peu plus tard, largement à l’initiative de l’UNEF-ID, mais il est intéressant de voir d’abord la réaction des autres organisations étudiantes.

Les autres organisations étudiantes

L’UNI, la droite universitaire, est naturellement favorable à un projet qu’elle a largement contribué à faire émerger. De son côté le Collectif des Étudiants Libéraux de France, le CELF, proche de l’UDF, est plus réservé mais il ne désire pas faire quelque chose qui puisse gêner le gouvernement. Il se contente donc de contacter les députés et sénateurs UDF afin obtenir des modifications, de toute manière mineures.

L’UNEF-SE, de sensibilité communiste, est naturellement opposée à cette loi. Mais elle est empêtrée dans un problème financier, la faillite de sa coopérative d’achat (la CAEL). D’autre part, elle fait l’analyse que « la société française glisse à droite ». En conséquence, elle désire définir une base minimum sur laquelle s’appuyer dans sa lutte contre la droitisation du pays. Elle consacre donc sa campagne de rentrée à la défense du régime spécifique de sécurité sociale étudiante. De par ce choix, elle entrera dans le mouvement avec un temps de retard ce qui la marginalisera par la suite.

Il existe bien sûr d’autres organisations de gauche et d’extrême-gauche, notamment le groupe PSA (Pour un syndicalisme autogestionnaire), proche de la CFDT. Mais aucune de ces organisations n'a les reins assez solide pour se lancer seule dans une telle bataille. Localement, ils ont pu jouer un rôle important, voire moteur, mais nationalement, ils en sont réduits à suivre le mouvement en essayant de l’influencer.

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