√2 vaut approximativement 1,414 213 562 373 095 048 801 688 724 209 698 078 569 671 875 376 948 073 176 679 737 990 732 478 462 107 038 850 387 534 327 641 572 7
Ces décimales constituent la suite A002193 de l’OEIS.
Le calcul d’une valeur approchante de √2 a été un problème mathématique pendant des siècles. Ces recherches ont permis de perfectionner les algorithmes de calculs d’extraction de racines carrées. En informatique, ces recherches se sont poursuivies afin d’optimiser ces algorithmes en réduisant les temps de calcul et la consommation de mémoire.
Les méthodes numériques d’approximation présentées ci-dessous sont destinées au calcul d’un nombre important de décimales. Elles se basent généralement sur une suite convergente de nombres rationnels ; ainsi l’itération s’affranchit du coût de calcul sur des nombres à virgule flottante — dont il faudrait en plus connaître la précision a priori. Les meilleures approximations par une suite rationnelle pn/qn donnent une erreur en 1/qn², une propriété de l’approximation diophantienne des entiers quadratiques.
On doit à Théon de Smyrne ces deux suites (pn) et (qn) définies par récurrence :
Ces suites sont à valeur entière strictement positive, donc strictement croissantes par récurrence, et vérifient
de sorte que pn/qn tend vers √2.
On ne sait pas si l’intention de Théon de Smyrne était de calculer une valeur approchée de √2.
Les solutions entières de l’équation a² − 2b² = k sont générées par récurrence
à partir des valeurs initiales (a0, b0) = (1, 1) pour k = −1 et (3, 2) pour k = 1.
Cette méthode est déduite de celle de Théon : chaque itération de la présente correspond à deux itérations de celle-là. Ainsi, an/bn tend linéairement vers √2.
Les premières solutions sont :
Les deux approximations mises en gras furent utilisées en pratique par les arpenteurs anciens :
On se donne (a, b), obtenues par la méthode de Théon, qui sont donc solutions de l’une des deux équations diophantiennes précédente 2b² = a² - k = K, avec k = ±1 et K> 1. On peut alors écrire
Les suites pn et qn définies par
vérifient
et donc, de la même façon que ci-dessus, la suite pn/qn converge vers √[K/(K + k)]. De plus, si k = 1, cette suite est croissante donc approche cette valeur par défaut, et si k = -1, elle est décroissante donc approche cette valeur par excès.
On peut utiliser cette relation pour estimer l’erreur :
et c’est une majoration si k= 1. La convergence est donc linéaire : elle fait gagner un nombre à peu près constant de décimales à chaque itération.
Cette méthode correspond à une généralisation de la méthode du paragraphe précédent au radical √[K/(K + k)]. Pour K plus grand, la suite qn croit plus rapidement, donc la convergence est accélérée.
itération | valeur fractionnaire | décimales exactes |
0 | 1 | 1 |
1 | 19601/13860 | 1,41421356 |
2 | 22619537/15994428 | 1,41421356237309 |
3 | 26102926097/18457556052 | 1,41421356237309504880 |
4 | 30122754096401/21300003689580 | 1,41421356237309504880168872 |
Une autre méthode consiste à approcher a√2 − b par sa fraction continue généralisée pour (a, b) solutions de l’équation diophantienne 2a² = b² + k, avec k = ± 1 :
m√2 − n est approximé à l’aide de la suite (pn/qn) déterminée par la relation de récurrence
L’erreur vérifie asymptotiquement
itération | valeur fractionnaire | décimales exactes |
0 | 1 | 1 |
1 | 114243/80782 | 1,414213562 |
2 | 54608393/38613965 | 1,41421356237309 |
3 | 26102926097/18457556052 | 1,41421356237309504880 |
4 | 12477253282759/8822750406821 | 1,4142135623730950488016887 |
On se donne (a, b) solutions de l’équation diophantienne 2a² = b² + k = K, avec k = ±1. On peut alors écrire √[K/(K − k)] comme somme d'une série via le développement en série entière de (1+z)½ (ou la formule du binôme généralisée, simple variante d'exposition).
et utiliser √2 = b/a √[K/(K − k)]
Dans le cas √2 = 7/5 √(50/49), ce développement se simplifie de façon remarquable comme l’a fait remarquer Leonhard Euler en 1755 :
itération | valeur fractionnaire | décimales exactes |
0 | 1 | 1 |
1 | 239/169 | 1,4142 |
2 | 6238763163557/4411471739168 | 1.41421356237309 |
3 | 712741258857407103/503984177369508992 | 1.414213562373095048 |
4 | 325705649507622468308893/230308673437608741128192 | 1.414213562373095048801688 |
Il est possible d’approcher √2 par bissection. Cette méthode est de convergence linéaire lente : on gagne trois décimales à chaque dizaine d’itérations.
La méthode de Newton appliquée à la fonction racine carrée permet de calculer une valeur approchée de √2 de manière itérative avec une convergence quadratique, c’est-à-dire doublant le nombre de décimales à chaque itération. La récurrence a la forme
Cet algorithme s’appelle méthode de Héron ou méthode babylonienne car il semble que ce soit celle utilisée par les babyloniens pour trouver des valeurs approchées de racines carrées.
Si l’on s’intéresse aux fractions successives à partir d’une valeur initiale p0 et q0, la récurrence sur le numérateur et le dénominateur sont
itération | valeur fractionnaire | décimales exactes |
0 | 1 | 1 |
1 | 3/2 | 1 |
2 | 17/12 | 1,41 |
3 | 577/408 | 1,41421 |
4 | 665857/470832 | 1,41421356237 |
5 | 886731088897/627013566048 | 1,41421356237309504880168 |
Un exemple de méthode cubique s’obtient par l’itération de Halley. Elle cherche le zéro de f(x) = x² − 2 en utilisant les deux premières dérivées. La solution itérative est
soit en posant xn = pn/qn :
Cette méthode est de convergence cubique : le nombre de décimales exactes triple à chaque itération.
itération | valeur fractionnaire | décimales exactes |
0 | 1 | 1 |
1 | 7/5 | 1,4 |
2 | 1393/985 | 1,414213 |
3 | 10812186007/7645370045 | 1,414213562373095048 |
4 | — | 1,4142135623730950488 016887242096980785696 718753769480731766797 |
L’itération de Householder appliquée à f(x) = 1/x² − 1/√2 donne une suite convergeant vers 1/√2 :
On utilise une méthode de Newton modifiée pour trouver le zéro de f(x) = 1/x² − 1/2. Cela donne la suite récurrente :
avec
Cette méthode est de convergence quartique, c’est-à-dire d’ordre 4 : le nombre de décimales exactes quadruple à chaque itération.
itération | valeur fractionnaire | décimales exactes |
0 | 3/2 | 1 |
1 | 23169/214 | 1,414 |
2 | 57367317478181003155381859082363/2105 | 1,41421356237309 |
3 | — | 1,41421356237309 5048801688724209 6980785696718753 76948073176679737 |
Il existe des méthodes d’ordre supérieur, notamment parmi les méthodes de Householder.