Les renaissances médiévales sont des périodes du Moyen Âge occidental qui se caractérisent par un renouveau culturel significatif à l'échelle européenne. On recense essentiellement trois phases de renaissances médiévales, connues sous le nom de renaissance carolingienne (VIIIe siècle et IXe siècle), de renaissance ottonienne (Xe siècle) et de renaissance du XIIe siècle.
Le terme est utilisé par de nombreux médiévistes depuis le XIXe siècle, par analogie avec le concept historiographique de renaissance. Novateur car en rupture avec la vision d'un Moyen Âge obscurantiste dominant l'historiographie du XIXe siècle, le concept fait toujours l'objet de nombreux débats et de critiques, qui portent en particulier sur l'ampleur des mouvements de renouveau, et sur la pertinence du rapprochement avec la césure traditionnelle que constitue la Renaissance du XVIe siècle.
L'utilisation du terme de « renaissance » en histoire médiévale apparaît au XIXe siècle avec la naissance des études médiévales. C'est Jean-Jacques Ampère qui en fait le premier l'usage dans les années 1830, évoquant une renaissance carolingienne et une renaissance du XIIe siècle. Ampère va en cela à l'encontre de la vision alors dominante du Moyen Âge comme période culturellement rétrograde, reprise notamment par Jules Michelet. Mais le concept évoqué par Ampère (plus philologue qu'historien) bien que parfois réutilisé par d'autres auteurs du XIXe siècle n'est repris, pour caractériser un moment précis de l'histoire culturelle du Moyen Âge, que par les historiens du XXe siècle, à partir des années 1920.
Erna Patzelt reprend le concept en 1924 pour l'époque carolingienne, Hans Naumann l'utilise en 1927 pour l'époque ottonienne et Charles H. Haskins publie en 1927 son ouvrage le plus remarqué : The Renaissance of the Twelfth Century. Trois renaissances médiévales sont désormais identifiées, aux VIIIe, Xe et XIIe siècles.
Les termes de renaissance carolingienne, de renaissance ottonienne et de renaissance du XIIe siècle sont à clairement dissocier du travail de certains historiens, comme Jacob Burckhardt, qui recherchent les racines médiévales de la Renaissance (celle du XVIe siècle). Le concept de renaissances médiévales se réfère évidemment à elle, mais tente d'appliquer à d'autres périodes l'idée d'un processus de renouveau culturel, et de souligner leurs traits communs, notamment l'influence des textes de l'Antiquité classique et de leur étude. En cela, il ne s'agit clairement pas de « pré-Renaissances » (terme plus adapté au Trecento italien).
Au-delà des trois périodes considérées, le terme de renaissance a par la suite connu un succès remarquable chez de nombreux médiévistes à propos de diverses époques : renaissance vandale en Afrique au Ve siècle, renaissance isidorienne pour le VIIe siècle espagnol, renaissance northumbrienne au VIIIe siècle, et autres déclinaisons. On en trouve également l'usage dans l'histoire de l'Antiquité tardive avec l'idée de renaissance constantinienne, ou dans l'histoire de l'Empire byzantin, notamment pour la période macédonienne. Une multiplication de renaissances qui est également le signe de la permanence des références antiques tout au long du Moyen Âge.
Il convient cependant de modérer les comparaisons entre les différentes périodes de renaissance au Moyen Âge, et la renaissance du XVIe siècle. Les renaissances médiévales sont en effet commentées par des historiens spécialisés dans l'histoire de la culture, de l'éducation et du monde intellectuel au Moyen Âge. Elles ne sont donc pas présentées comme des périodes d'essor généralisé et cohérent de l'Occident médiéval – seule la renaissance du XIIe siècle semble recouvrir une période de grande transformation économique et sociale de l'Occident. Par ailleurs, les phénomènes décrits ne partagent pas le développement très sécularisé de l'humanisme du XVIe siècle. Le terme de renaissance n'ayant pas d'équivalent latin, on peut le rapprocher de l'idée de renovatio culturelle courante dans les périodes considérées, mais on ne peut pour autant le dissocier au Moyen Âge d'une autre idée, celle de la reformatio de l'Église et de la société chrétienne. Les renaissances médiévales doivent donc être replacées dans ce mouvement continu de mutation religieuse. Enfin, les renaissances médiévales, qui voient l'une après l'autre le renforcement des structures scolaires et du monde des écoles monastiques et épiscopales, se distinguent en cela de la Renaissance du XVIe siècle, pour laquelle on observe la rupture entre la science et l'enseignement.