Caractères diagnosiques de Sahelanthropus tchadensis
Les caractères diagnosiques du genre et de l’espèce sont les suivants.
Crâne
Moulage du crâne holotype non-reconstruit de Sahelanthropus tchadensis TM 266-01-060-1, surnommé Toumaï (orientation approximative selon le plan de Francfort horizontal). Taille : 182,5 × 105 × 97 mm A : vue antérieure B : vue postérieure C : vue latérale droite D : vue latérale gauche E : vue supérieure F : vue inférieure
en vue antérieure :
face haute
épais bourrelet supra-orbitaire (18,2 mm avant reconstruction, 16 mm après), continu (apomorphie supposée)
partie supérieure de la face large par rapport à la partie inférieure qui est étroite dans le plan frontal et courte antéro-postérieurement (apomorphie)
légère dépression de l’écaille frontale sans former de trigône comme chez Paranthropus
en vue latérale :
écaille de l’os frontal plate en vue latérale
pas de sulcus (gouttière ou dépression allongée) derrière le bourrelet supra-orbitaire, à la différence des grands singes.
trou auditif externe de forme ronde
crête temporo-nucale composée marquée (importante musculature de la nuque, caractère plésiomorphe)
prognathisme sub-nasal faible (de l’os maxillaire, en dessous du nez), face relativement droite, orthognathe (apomorphie).
petite crête sagittale située postérieurement
plan nucal subhorizontal, relativement plat et relativement long (apomorphie) avec une grande crête occipitale externe.
en vue supérieure :
boite crânienne allongée
constriction post-orbitaire marquée
en vue postérieure :
processus mastoïdes développés, toujours en relation avec l’importante musculature de la nuque.
en vue inférieure :
trou occipital (foramen magnum) en position relativement avancée, compatible avec une locomotion bipède (apomorphie).
forme du trou occipital certainement allongée antéro-postérieurement comme chez les représentants de la lignée humaine (bipèdes) et non-circulaire comme chez les grands singes (l’état de conservation de cette zone ne permet pas d’être absolument affirmatif).
petits condy×les occipitaux
cavité glénoïde de l'os temporal profonde avec un grand processus post-glénoïde (articulation temporo-mandibulaire puissante)
La capacité crânienne, estimée à partir d’une reconstruction virtuelle, est comprise entre 360 et 370 cm3, donc dans la variabilité de celle des chimpanzés.
incisives latérales supérieures situées de part et d’autre du bord latéral de l’ouverture nasale, comme chez les chimpanzés (plésiomorphie).
canines à couronne petite relativement à celles des grands singes, coniques et usées à l’apex, ce qui indique un complexe C-P3 non-tranchant, un caractère dérivé propre aux hominines. Elles ont en revanche une longue racine (caractère plésiomorphe).
pas de diastème C-P3 sur la mandibule (différence d’avec les grands singes, caractère supposé apomorphe)
dents jugales plus petites que celles des australopithèques
épaisseur de l’émail des dents jugales (prémolaires et molaires) intermédiaire entre Pan (chimpanzés et bonobos) et Australopithecus (caractère supposé apomorphe).
prémolaires inférieures et supérieures à deux racines et 3 canaux pulpaires séparés (plésiomorphie, caractère primitif supposé commun au rameau Homo/chimpanzé)
molaires à cuspides relativement bas et arrondis et à face linguale convexe (apomorphie)
M3 supérieure triangulaire et M3 inférieure rectangulaire et arrondie distalement
Restes post-crâniens
À ce jour, la MPFT ne déclare pas avoir trouvé de reste post-crânien. La bipédie est supposée d’après la base du crâne, mais non confirmée.
Cependant, Beauvilain, l'un des co-auteurs de la mise au jour de Toumaï, déclarait depuis plusieurs années sur un site internet qu'il existe 52 restes post-crâniens trouvés sur le site TM 266, dont un fémur gauche d'hominidé. La détermination zoologique de tous ces restes n'a pu être effectuée sur le terrain. 36 d'entre eux sont des os longs (tibias, fémurs, humérus, cubitus...), entiers ou fragmentaires. En conséquence, Beauvilain publie en mai 2009 un article scientifique comprenant la photographie de ce fémur au moment de sa découverte le 19 juillet 2001 à proximité immédiate du crâne de Toumaï.
Extrapolations à partir des caractères observés
Les mensurations des restes crâniens et dentaires récoltés permettent d'estimer que Sahelanthropus tchadensis mesurait 105 à 120 cm, soit une taille semblable à celle du chimpanzé commun Pan troglodytes. Les caractères dentaires suggèrent une alimentation plus variée que celle des grands singes, principalement herbivores et frugivores.
Pour ses inventeurs, le bourrelet supra-orbitaire, par sa très forte épaisseur (18,2 mm avant reconstruction) suggère que Toumaï serait un mâle. Il est toutefois impossible d'être affirmatif sur ce point : juger de la variabilité d'un caractère, en l'occurrence un dimorphisme sexuel, en l'absence d'un échantillon suffisant d'individus pour l'espèce est scientifiquement impossible. Paléontologue spécialiste des hominoïdes et hominines miocènes et pliocènes, Brigitte Senut note que « le bourrelet supra-orbitaire n'est pas un caractère classique de dimorphisme sexuel».
Une épaisseur de 18,2 mm le place en tout cas au-dessus de tout ce qui a pu être mesuré chez les chimpanzés et les gorilles femelles et même mâles. Elle le distingue aussi nettement des australopithèques.