Le but de l'auteur du livre était de démontrer qu'une société dirigée par des militaires est bien meilleure. Le fait d'avoir effectué son service fédéral en mettant sa vie en danger, est censé prouver la volonté d'un civil à vouloir le bien de la nation. Il peut ainsi accéder à des postes de fonctionnaire et avoir le droit de vote.
À partir de l'univers du livre, avec une ironie subtile, Paul Verhoeven met en avant tout les défauts d'une telle société. Jouant sur le second degré, il mélange les clichés et les conventions de la propagande militaire, des sitcoms américains pour adolescents, des films de guerre et de science-fiction.
La plupart des personnages principaux viennent de Sitcom à succès : Beverly Hills 90210 (Casper Van Dien et Dina Meyer), de Melrose Place (Patrick Muldoon) et de Docteur Doogie (Neil Patrick Harris) ; la première scène montre des adolescents avec leurs histoires de cœur se faisant passer des petits messages dans la salle de classe. Verhoeven joue sur le contraste avec les scènes de combat, très crues et sanglantes.
L'instruction de l'infanterie, elle, est une référence flagrante à Full Metal Jacket de Stanley Kubrick. Enfin, une des batailles n'est pas sans évoquer Fort-Alamo, les soldats réfugiés dans un fort subissant l'attaque des insectes.
Le film est entraînant, les effets spéciaux spectaculaires ; mais on découvre qu'il y a plusieurs incohérences : le débarquement sur Klendathu fait penser à Omaha Beach ; où sont les armes lourdes, l'artillerie, les véhicules, les blindés, l'appui aérien (on voit une seule fois un bombardement aérien, en guise de préparation à une attaque terrestre) ? ; les soldats utilisent des projectiles à ogive nucléaire, puis pénètrent dans la zone contaminée, alors qu'ils n'ont même pas de combinaison de protection. De même, on constate une grosse différence de technologie entre les vaisseaux spatiaux, énormes, capables de traverser la galaxie rapidement, et les armes utilisés par les soldats, de simples fusils mitrailleur comparables aux armes actuelles. Les courriers vidéos sont diffusés par support physique (petits CD) plutôt que dématérialisés (Internet existait déjà et était déjà connu du grand public en 1997).
Par ailleurs, Verhoeven a aussi joué avec la diffusion en masse de la propagande par les media, et notamment les chaînes d'information en continu alimentées par des journalistes accrédités en encadré (la première guerre du Golfe a eu lieu à peine six ans avant la sortie du film) et l'arrivée du phénomène de l'internet dans les foyers. En effet, un certain nombre de scènes intermédiaires sont des extraits de journaux télévisés ou de « documentaires » sur les extraterrestres, avec une censure hypocrite (un vague bandeau masque une vache en train de se faire massacrer par un alien, tandis que les caméras montrent les soldats se faisant tuer en direct) et une navigation interactive (on voit un pointeur de souris cliquer sur « Would you like to know more? » (« Voulez-vous en savoir plus ? ») avant d'enchaîner).
Le film adopte un point de vue différent de celui du livre qui l'a inspiré : Paul Verhoeven a en effet souhaité faire de son film une critique politique des systèmes autoritaires et de la société américaine, comme il le dit explicitement dans la version commentée du film. En effet, les autorités exhortent sans relâche la jeunesse au devoir, au combat, tout en cultivant l'abnégation de soi et en les poussant au patriotisme. Le film se veut également une parodie de la stupidité humaine : l'amour et l'amitié en dégoulinent de bêtise, la moralité au ras des pâquerettes (scène de mort de la copine de Rico, le héros). Starship Troopers est en fait une critique acerbe de l'idéologie américaine, la montrant au premier degré dans tout ce qu'elle a de plus propagandiste, en y parodiant chaque instant. Sa critique est essentiellement ambiguë ou en tout cas inattendue puisqu'il n'y oppose pas, comme cela se fait généralement, la barbarie et la modernité : dans Starship Troopers, le public est forcé de se ranger du côté des « héros » alors même que leur combat n'a rien de juste. En effet, en lisant derrière la propagande on comprend que les Terriens sont les belligérants qui provoquent les « insectes » puis les attaquent « préventivement ». Ils sont par ailleurs incapables de se remettre en question, de s'interroger sur leurs méthodes (parodie de démocratie, sacrifice de troupes pour jauger l'ennemi) ou de sortir de schémas patriotiques.
À côté de ces aspects « barbares », les Terriens de Starship Troopers sont extrêmement « modernes » : la guerre des sexes est enterrée, le racisme n'existe plus, il semble que le niveau de vie social général n'ait pas vraiment d'exclus. Les sciences et les techniques ont atteint un degré de perfectionnement très élevé : vitesse supraluminique, colonisation de l'espace. Ces qualités, ainsi que la beauté physique des Terriens (caricaturaux dans ce registre) qui sont physiquement presque parfaits, les rendent bien plus séduisants que les « insectes » qui vivent dans un monde désertique et semblent dénués d'individualité, de réflexion et de sens critique. Paul Verhoeven fut fortement décrié par la presse américaine, la presse accusa son film de « néo-nazisme » car les militaires gradés portent des uniformes qui rappellent ceux des officiers allemands durant la Deuxième Guerre mondiale.
Quelques années après la sortie du film, Paul Verhoeven affirme que si ce film fait figure de prophétie de Cassandre, c’est aussi qu’il est en partie basé sur la politique menée au Texas en 1997. Georges Bush étant devenu président, il n’y a pas de coïncidence...