La synagogue de la rue Chasseloup-Laubat à Paris (15e arrondissement) est l'une des dernières synagogues monumentales élevées selon l'esthétique élaborée au cours du XIXe siècle qui vit à la fois l'émancipation effective des Juifs de France et leur intégration à une société qui leur imposa des valeurs et de nouveaux comportements, même religieux. Indéniable réussite, elle conclut donc, magnifiquement, ce qui est reconnu comme « l'âge d'or des synagogues » françaises.
Il existait au début du XXe siècle, un petit oratoire situé avenue de la Motte-Picquet dans le 15e arrondissement de Paris, mais celui-ci s'avère insuffisant pour la communauté, constituée déjà depuis une cinquantaine d'années. L'Association Consistoriale de Paris décide d'édifier une synagogue et achète en date du 21 mai et du 15 novembre 1910, par devant maîtres Baudrier et Bourdel notaires du consistoire, un terrain de 754 mètres carrés situé rue Chasseloup-Laubat, à madame veuve Grouselle, pour la somme de 130 000 francs. Le baron Edmond de Rothschild, vice-président, puis président du consistoire de Paris, prend à sa charge la construction de la synagogue pour la somme de 340 000 francs et du pavillon d'habitation annexe estimé à 56 000 francs.
L'architecte Lucien Bechmann, qui avait déjà été choisi par les Rothschild pour la reconstruction de l'hôpital Rothschild, est retenu pour la construction de la synagogue. Les relations avec le baron Rothschild sont si difficiles que Bechmann plusieurs fois décide de se retirer, mais J. Wormser, collaborateur d'Edmond de Rothschild arrive à chaque fois à le persuader de rester. Dès 1910, Bechman réalise plusieurs esquisses pour la synagogue, mais ce n'est qu'en novembre 1911, que J. Wormser peut lui annoncer que son dernier plan a reçu l'agrément du baron: « Grand succès. Sainte Sophie a plu. C'est dans ce sens qu'il faut rapidement poursuivre votre étude ». Comme la Synagogue de Boulogne Billancourt, déjà financée par le baron Rothschild, œuvre de l'architecte Emmanuel-Élisée Pontremoli, et inaugurée deux mois plus tôt, la synagogue de la rue Chasseloup-Laubat sera d'influence byzantine.
Le permis de construire est obtenu le 26 septembre 1912, et un an après, le 29 septembre 1913, la synagogue est officiellement consacrée lors des fêtes de Tishri. Le grand-rabbin de Paris, Jacques-Henri Dreyfuss, remercie dans son discours le baron de Rothschild pour ses largesses, puis félicite le jeune architecte Bechmann, qu'il compare à Bezalel, l'architecte en chef du Tabernacle.
Marcel Sachs, rabbin à Saint-Étienne, est nommé en 1914, rabbin de la synagogue Chasseloup-Laubat. Il le demeura jusqu'à sa retraite en 1958. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il parvient à s'enfuir à Lyon, en zone libre pour rejoindre le nouveau siège du Consistoire central et du Grand-rabbinat de France, en montant sur une locomotive, déguisé en cheminot.
Le 4 mai 2009, en présence du Grand-Rabbin de France et de l'aumônier général israélite des armées, la synagogue Chasseloup-Laubat est consacrée, lors d'une cérémonie militaire, synagogue aux armées.
Le président actuel (2009) de la Synagogue est Georges Mezrahi et le rabbin Maurice Nezri.
La galerie des femmes et une des grandes rosaces | L'Arche sainte, un lustre, une applique et un lampadaire |