L’Urban eXperiment ou UX, est une agrégation de groupes clandestins, basée à Paris, qui utilise les espaces délaissés de la ville à des fins positives. Ces groupes sont apparus au début des années 80, dans le Quartier latin. À l'origine essentiellement composés de collégiens et collégiennes des alentours, ils se sont rapidement diversifiés socio-culturellement, dans le même temps qu'ils se structuraient et segmentaient leurs activités.
Leur première tâche fut la reconnaissance et la pérennisation des moyens d'accès de ces délaissés urbains, qui furent par la suite le théâtre de toutes sortes de projets (d'expériences pour reprendre leur terme), notamment culturels, comme l'organisation d'événements artistiques tels que des festivals de film, ou des concerts clandestins, mais aussi des chantiers de restauration d'éléments de ce patrimoine oublié.
Toutes leurs actions sont restées totalement invisibles pendant plus d'une vingtaine d'années, grâce à un effort soutenu de désinformation de la part de l'UX. Il consista dans un premier temps à se camoufler derrière la population des visiteurs de friches et de souterrains parisiens – connue dans les médias sous le nom de cataphiles – puis, plus tard, en des opérations de brouillage médiatique, destinées à détourner l'attention des autorités, par le biais de reportages entretenant la confusion autour de la vie souterraine parisienne.
Mais en août 2004, une dénonciation anonyme fit découvrir à la police une salle de projection clandestine utilisée par La Mexicaine De Perforation – la section de l'UX qui s'occupait des événements artistiques. Afin d'éviter que la rumeur ne remplace l'information, la Préfecture de Police fit un communiqué à la presse, qui donna lieu le 3 septembre à une première dépêche.
De nombreux articles s'ensuivirent, aussi bien en France (RTL, Le Parisien, Libé, Canal +, etc.) qu'aux quatre coins du monde (Herald Tribune, BBC, San Francisco Chronicle, El Sol De Zacatecas, Stuttgarter Zeitung, etc.). Tous issus en grande partie de la dépêche initiale et sans réelle information supplémentaire, ces articles font largement apparaître les limites du copié-collé en matière de journalisme.
On trouvera malgré tout quelques heureuses exceptions au milieu de ces reportages souvent non-documentés, parmi lesquels un article du Guardian, ainsi qu'un autre du Monde. Ce dernier sera même repris dans un questionnaire soumis en 2005 aux candidats à l’Examen de francés de la universidad de Río de Janeiro.
Trois ans plus tard, une nouvelle série d'articles plus importante encore – allant du Monde, au San Francisco Chronicle, en passant par The Guardian – rapporte qu'une autre section de l'UX, les Untergunther, est passée devant la 29ème chambre du tribunal correctionnel de Paris pour avoir restauré clandestinement l'horloge monumentale du Panthéon.
Ces derniers avaient en effet eu l'imprudence de proposer à l'administrateur du monument de remonter ladite horloge, à présent qu'elle était en parfait état de marche. Le Centre des monuments nationaux avait immédiatement porté plainte contre ces "terroristes culturels" – comme la presse les avait surnommés – mais le tribunal refusa de les condamner, au motif que le délit de "restauration clandestine d'horloge monumentale" n'était pas inscrit au code pénal.
Les ministres concernées à l'époque (Rachida Dati, Michèle Alliot-Marie, Christine Albanel) se promirent d'y travailler… et tinrent en partie leur promesse. Car un an plus tard, le trio interministériel présenta fièrement un décret, qui, en gros, stipule qu'il est interdit de s'introduire dans un monument (sous-entendu même sans intention de dégradation, voire avec des intentions positives).
Il est objectivement permis d'avoir un doute sur le fait que ce décret connaisse un jour des cas d'application, les effractions commises dans les monuments historiques étant dans l'immense majorité des cas motivées par le vol, qui est lui-même un délit, cette fois bien inscrit au code pénal.