Abbaye Notre-Dame d’Aleth | |
---|---|
| |
Latitude Longitude | |
Pays | France |
Région | Languedoc-Roussillon |
Département | Aude |
Ville | Alet-les-Bains |
Culte | Église catholique |
Type | Abbaye, ancienne cathédrale |
Début de la construction | Moyen Âge |
Protection | Classé monument historique (1862 pour la cathédrale, 1922 pour d’autres éléments) |
modifier |
L’abbaye bénédictine Notre-Dame d'Aleth est située sur la commune d'Alet-les-Bains, construite vers 813. Elle a été élevée au rang de cathédrale entre 1318 et 1801, siège de l'évêché d'Aleth, d’abord sous le vocable de cathédrale Notre-Dame, puis — à la destruction de l’abbatiale lors des guerres de religion — sous celui de cathédrale Saint-Benoît.
La cathédrale Notre-Dame, en ruine, fait l'objet d'un classement au titre des monuments historiques depuis 1862. |
Alet-les-Bains est situé dans l'ancien comté du Razès, région historique du Moyen Âge, dont la capitale était Rheda, dépendant de l’archevêché de Narbonne, construit sur l’ancien territoire détenu par l’envahisseur sarrasin, c’est Charlemagne qui définit ce comté qui s’étend sur une grande partie des Corbières, mettant à sa tête Guillaume de Gellone un de ses fidèles compagnons.
Il existait au départ un monastère érigé sur le territoire d'Aleth ; en 813, le comte Berà de Barcelone décida d’élever au titre d’abbaye ce monastère consacré à Notre-Dame pour remercier Dieu, l’abbaye adopte la règle des bénédictins. Dès lors, l’abbaye fut richement dotée, ce qui provoqua convoitises et jalousie de la part d'autres seigneurs locaux, surtout de Couiza et de Limoux.
Les temps étaient incertains, les seigneurs féodaux se faisaient la guerre entre eux, encourageant les mercenaires au pillage des villages et des biens du clergé, c'est ainsi que l'abbaye fut ravagée par le comte de Carcassonne au XIe siècle. Vers 1091, l’abbé Pons d’Amely mit l’abbaye et le bourg attenant en état de défense en les dotant d’un mur d’enceinte en pierre de taille.
L'abbaye ainsi protégée continua sur sa prospérité et devint une des plus puissantes et influentes de la région, jusqu'à l'époque de la croisade contre les hérétiques cathares. Lors de cette croisade, les populations locales choisirent de rester fidèles à leurs suzerains, les vicomtes Trencavel de Béziers et de Carcassonne contre l'armée d'invasion des armées du roi, les moines d'Alet se sont ralliés aux Trencavel, ces derniers se sont donc retrouvés excommuniés.
Lorsque les armées de Simon de Monfort furent victorieuses, les moines demandèrent la protection du comte de Foix. Plusieurs décennies plus tard, à la pacification, les survivants du collège des moines d'Alet plaidèrent leur cause et furent autorisés à réintégrer leur abbaye. Mais ces moines s'étant en quelque sorte montrés rebelles, resteront suspects aux yeux de leur hiérarchie.
C'est certainement une des raisons pour laquelle le pape Jean XXII, qui considérait que l'archevêché de Narbonne auquel Alet était rattaché, était trop immense pour être efficacement administré et contrôlé, décida de le scinder et de créer trois nouveaux évêchés dont celui de Limoux, la ville la plus importante de la haute vallée de l'Aude, et de consacrer la basilique Saint-Martin de Limoux comme nouvelle cathédrale.
Mais le choix de Limoux fut contesté par les moniales de Lasserre-de-Prouille dont la basilique était leur fief attitré, attribué par saint Dominique en personne. Les moniales firent donc un procès au pape et le gagnèrent. Aussi Jean XXII dut-il se dédire et transférer le siège épiscopal de Limoux à Alet : l'abbatiale Notre Dame d'Aleth' devenant conjointement en 1318 la cathédrale Notre-Dame d'Aleth.
Le diocèse d'Alet comprenait grosso modo l'ancien pagus Redensis et était borné au nord-ouest, par le diocèse de Mirepoix, au nord et nord-est, par le diocèse de Narbonne, au sud, par le diocèse d'Elne et à l'ouest, par le diocèse de Pamiers.
Et puis est venu l'époque funeste des guerres de religion, partout en Europe de l'Ouest, catholiques et protestants s'entredéchirèrent « au Nom de Dieu », mettant le pays entier à feu et à sang.
L’abbatiale romane qui avait évité les dévastations de la croisade des Albigeois, ne put cependant pas échapper au pillage des protestants. Les huguenots prirent Alet en 1573, et le 6 janvier 1577, ils dépouillèrent la cathédrale de toutes ses richesses, renversèrent ses autels et brisèrent ses vitraux. Alet, cité calviniste connaîtra plusieurs assauts (sept ou huit selon les chroniqueurs). Lors d'un de ces assauts en 1577, un boulet de canon incontrôlé fit effondrer une partie de la toiture de la cathédrale. Le monument servit alors de carrière de pierres pour remonter les remparts de la ville.
La cathédrale Notre-Dame fut abandonnée vers 1600 au profit d’une cathédrale de fortune aménagée dans les vestiges des bâtiments conventuels (la cathédrale Saint-Benoît). Le pays étant ruiné suite à ces conflits répétés, la toiture ne sera jamais réparée et finira par s'effondrer complètement d'elle-même. Le dernier des 35 évêques qui se sont succédé à Alet, peu avant la Révolution française, ayant hérité d'un évêché bien mal en point et d'une cathédrale désaffectée, monument vide, sans toiture, se résoudra à en vendre les murs.
À la Révolution, le diocèse d'Alet fut supprimé et son territoire rattaché à celui de l'évêque concordataire de Carcassonne. Le concordat de 1801 supprima le siège épiscopal d'Alet et répartit son territoire entre les nouveaux diocèses de Carcassonne, Perpignan et de Toulouse.