Abbaye d'Ardenne - Définition

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Introduction

Abbaye d’Ardenne
Vue générale de l'édifice

Latitude
Longitude
49° 11′ 47″ Nord
       0° 24′ 50″ Ouest
/ 49.1964917, -0.4138917
 
Pays France  France
Région Basse-Normandie
Département Calvados
Ville Saint-Germain-la-Blanche-Herbe
Culte Catholique romain
Type Abbaye
Rattaché à Prémontrés
Début de la construction 1121
Fin des travaux XVIIIe siècle
Style(s) dominant(s) Gothique
Classé(e) CLMH, 28/08/1918 et 21/10/1947
SC, 16/07/2003

L’abbaye Notre-Dame d'Ardenne est une abbaye prémontrée, fondée au XIIe siècle à Saint-Germain-la-Blanche-Herbe près de Caen. Elle est aujourd'hui occupée par l'Institut mémoires de l'édition contemporaine.

Histoire

La fondation au XIIe siècle

La légende veut qu'en 1121, un bourgeois caennais nommé Ayulphe du Marché (latinisé en Ayulfus de Foro) et sa femme Asseline, pieux et pratiquant la charité aient eu une vision de la Vierge Marie leur ordonnant de bâtir une chapelle en ce lieu. Ils acquièrent sept acres de la parcelle nommée « le puits aux saxons » et installent un prieuré dont Gilbert, chanoine venu de Picardie, prend la tête. En 1138, l'église romane qui a succédé à la chapelle primitive est consacrée par l'évêque de Bayeux, Richard III de Kent.

En 1144, le prieuré est rattaché à l'abbaye de La Lucerne, la faisant entrer dans l'ordre de Saint-Norbert. Elle devient une abbaye indépendante en 1160. L'abbé Robert reçoit en donation une carrière de pierre à Bretteville-sur-Odon, indice important d'une campagne de construction au XIIe siècle.

Moyen Âge

L'abbaye d'Ardenne se développe rapidement et son patrimoine devient très important :

  • Prieuré de Saint-Vincent de Lebisey (Hérouville Saint-Clair) en 1291.
  • Prieuré de l'Ermitage (Saint-Martin-des-Besaces) à la fin du XIIe siècle.
  • Prieuré de Saint-Thomas (Lion-sur-Mer) en 1328.
  • Les curés de douze paroisses dans le Calvados et l’Orne sont nommés par Ardenne.

Le 23 février 1230, le choeur de l'abbaye s'écroule et tue vingt-six religieux, dont le troisième abbé, Nicolas. Cette catastrophe aura des répercussions importantes sur le plan de l'abbaye.

XVe siècle

L'abbaye est touchée par la guerre de Cent Ans.

Le 14 décembre 1417, pendant le siège de Caen, les moines doivent se réfugier dans cette ville pour échapper au pillage de l'abbaye.

Le 5 juin 1450, l'abbaye est occupée par Charles VII de France pendant le siège de Caen, qui n'en repart qu'après la reddition de la garnison anglaise, le 5 juillet. La guerre terminée, l'abbé Robert Chartier fait reconstruire le cloître et un bâtiment conventuel.

XVIe siècle

Le régime de la commende s’instaure à Ardenne et l'abbaye décline. Pendant les guerres de religion, les moines doivent se réfugier par deux fois à Caen. C'est surtout en 1562 qu'Ardenne souffre de destructions. Les bâtiments sont laissés à l'abandon ou saccagés ; l'abbatiale sert d'étable. Pendant de nombreuses années, l'abbaye reste à l'état de ruine, occupée seulement par deux ou trois moines. La vie communautaire reprend peu à peu et en 1587 on compte huit chanoines, quatre novices et leur maître.

Le redressement est réalisé par le prieur Jean de la Croix, venu de l'abbaye de Belle-Étoile en 1596. Il restaure matériellement et spirituellement l'abbaye, reste chef spirituel d'Ardenne pendant près de cinquante-huit ans. Il ramène la règle à plus de rigueur dès 1598, suivant en cela l'action de Servais de Lairuelz, vicaire général de l'ordre des prémontrés à Pont-à-Mousson.

XVIIe siècle

Vue de l'abbaye en 1702

La restauration se poursuit grâce à un concordat conclu en 1602 entre le prieur et le nouveau commendataire Pierre de Villemor. Bien que celui-ci désapprouve le relèvement de l'abbaye pour des raisons financières, un nouveau mobilier est acheté, ainsi que tous les vêtements et linges liturgiques. En 1609, l'église est consacrée. Sont construits ensuite un dortoir, une bibliothèque et un nouveau maître-autel qui est consacré en 1639. C'est probablement sous Jean de la croix qui fait clore les arcades du cloître gothique pour transformer la claire-voie en galerie bien protégée du vent.

Le 12 novembre 1627, le prieur, en conflit avec son abbé commendataire Guillaume Galodé, fait adopter capitulairement par une forte majorité les statuts réformateurs de Pont-à-Mousson. L'abbaye n'adhère à la Congrégation de Lorraine qu'après avoir obtenu des garanties sur la régionalisation (la Lorraine ne faisant pas partie du royaume de France), notamment à propos du noviciat et des « migrations » des religieux. Jean de la Croix convainc ensuite d'autres abbayes à adhérer à cette réforme, malgré de fortes oppositions, comme celle du chapitre général de Prémontré. Ardenne devient l’abbaye prémontrée la plus puissante de Normandie et le nombre des religieux atteint trente en 1628.

Jean de la Croix meurt le 4 janvier 1654 et un manuscrit rapporte qu'il fut « enterré au-dessous du sanctuaire, vers l'Orient. » Après sa mort, la rénovation architecturale continue. La porte Saint-Norbert, donnant immédiatement accès aux lieux réguliers par le Nord, est édifiée en 1680. En 1686, les voûtes ruinées de l’abbatiale sont remplacées par des croisées d’ogives en bois ; la galerie qui longe le cloître est restaurée en 1689 et l'on construit deux chapelles contre le mur nord de l'église.

XVIIIe siècle

Le siècle est surtout marqué par le remaniement méthodique des bâtiments. En 1766, on reconstruit la galerie orientale du cloître et on démolit l'ancienne salle capitulaire. Le pressoir est rétabli et, sur le côté nord de ce dernier, un nouveau logis abbatial est construit après 1711, hors les lieux réguliers, au bénéfice de l’abbé commendataire qui, rappelons-le, ne fait pas partie de la communauté canoniale. Cet ouvrage, aujourd’hui disparu, est attribué à l’architecte Pierre Queudeville, de la paroisse Saint-Nicolas à Caen.

Vers 1680, les chanoines prémontrés achevèrent la construction d’une nouvelle porte monumentale, dédiée à Saint-Norbert. A cette époque, Ardenne règne sur de nombreux établissements et contrôle tous les moulins alentours.

À la Révolution française, les religieux sont chassés et l'abbaye est vendue comme bien national le 1er mai 1791 à un Parisien nommé Chauffrey. En 1795, trois ventes successives dispersent le mobilier et de nombreux tableaux : le maître-autel du XVIIIe siècle, avec ses deux statues en bois polychrome représentant saint Norbert et saint Augustin, est transféré en 1812 dans l'église Saint-Jean de Caen. L'abbaye est acquise en 1799 par un Anglais, William Russell, qui y vit jusqu'en 1814. Il fait de l'église, pour quelques temps, un temple protestant.

XIXe siècle

À partir de 1814, le territoire de l'abbaye est morcelé entre différents propriétaires ; il est alors occupée par trois entreprises agricoles distinctes. Vers 1820-1823, le cloître, ainsi que la majeure partie du logis abbatial sont démolis et vers 1830, Arcisse de Caumont, le célèbre archéologue normand, est témoin d'autres destructions, dues aux prélèvements de pierres pour des constructions. Des bâtiments de ferme agricole sont ensuite construits par les nouveaux propriétaires.

XXe siècle

Plan de l'abbaye

En 1918, la valeur patrimoniale de l'abbaye est officiellement reconnue : une grande partie de l'ancienne abbaye (église, porte nord, mur d'enceinte, grange, porterie ouest) fait l'objet d'un classement au titre des monuments historiques depuis le 28 août 1918. Le reste de l'abbaye fait l'objet d'un classement au titre des monuments historiques depuis le 21 octobre 1947.

Pendant la guerre 1940-1945, un des propriétaires, Roland Vico, se lance dans la résistance. Les bâtiments accueillent un arsenal et un centre clandestin de maniement d'armes, avant d'être évacués par l'occupation des lieux par des soldats allemands. ceux-ci se servent des tours de l'abbaye pour observer les alentours, jusqu'à la mer, visible de là. En effet, l'abbaye est sur un point haut de la plaine, à 67 mètres d'altitude.

Le 7 juin 1944, en pleine bataille de Caen, les Allemands contre-attaquent en force les Alliés. La 12e division allemande SS-Panzer Hitlerjugend occupe l'abbaye et s'en sert comme point de résistance. De nombreux soldats canadiens faits prisonniers pendant la bataille sont amenés à l'abbaye. Onze d'entre eux sont emmenés derrière l'abbaye et exécutés, au mépris des conventions de Genève et des droits des prisonniers[1]. L'abbaye est au cœur des combats et est gravement endommagée, notamment la grange médiévale. Elle est prise par l'armée canadienne le soir du 8 juin. L'abbaye est fortement endommagée, et son classement dès 1945 permet aux propriétaires d'engager des travaux de restauration grâce aux indemnisations de dommage de guerre. Mais en 1947 la façade de l'église s'écroule, ce qui n'empêche pas sa reconstruction.

Restauration architecturale et renouveau culturel

Plusieurs projets sont élaborés autour de l'abbaye, dont celui de la ville de Caen, qui souhaite, en 1971, en faire un centre culturel. En 1985, Ardenne est acquise par l'EPBS (Établissement public et financier de la Basse-Seine). Finalement, la Région Basse-Normandie achète l’ensemble de l’abbaye, encore partagée entre trois propriétaires, au début des années 1990 afin d’accueillir des étudiants américains dans le cadre du programme “Normandy Scholar program”. Une nouvelle campagne de restauration reprend, sous la direction de l’architecte Bruno Decaris, architecte en chef des monuments historiques. Cependant, le site est sous-exploité en regard de son potentiel d'accueil. À partir de 1996, la restauration de l’abbaye, financée par la région avec la participation de l’État, se trouve motivée par un projet de décentralisation régionale : l'emménagement en ses murs de l'Institut mémoires de l'édition contemporaine. Les architectes choisis sont Bruno Decaris et Agnès Pontremoli. Leur travail d'adaptation des bâtiments aux futurs usages bouleverse profondément l'aspect intérieur de l'église abbatiale et de la grange aux dîmes, tout en respectant l'aspect originel des extérieurs. L'abbaye devient donc un centre de recherche important, devenant en 1998 membre du réseau européen des centres culturels de rencontre (Label CCR) qui compte quarante membres en Europe aujourd'hui.

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