Ancienne abbaye de Pairis | |
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Latitude Longitude | |
Pays | France |
Région | Alsace |
Département | Haut-Rhin |
Ville | Orbey |
Culte | Catholique romain |
Type | Abbaye |
Rattaché à | Ordre de Cîteaux |
Début de la construction | 1138 |
Fin des travaux | 1790 |
Style(s) dominant(s) | Roman cistercien |
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L'abbaye de Pairis était une abbaye cistercienne qui a existé entre 1138 et 1790. Elle se trouvait dans le creux du vallon de Noirupt, dans le hameau de Pairis, près de la commune d'Orbey (Haut-Rhin) en Alsace. Ce hameau se trouve à 700 mètres d'altitude et est situé à la sortie de la commune d'Orbey en direction du lac Blanc. De cette ancienne abbaye ne subsistent plus que le porche (XVIIe siècle) et un mur d'enceinte, vestiges de cette époque. Un hospice de vieillards occupe actuellement les lieux de cette ancienne importante abbaye.
Fondée en 1138 par le comte Ulrich de Ferrette sur des terres appartenant aux comtes d'Eguisheim et peuplée de moines venus de Lucelle en Suisse. Elle comprenait une forte activité agricole et une activité littéraire très dynamique. L'abbaye reçoit du comte d'Eguisheim de vastes domaines situés entre le lac Blanc et le lac Noir. Les rapports entre l'abbaye et les habitants d'Orbey sont très chaleureux. Dans une bulle pontificale de 1160 d'Alexandre III, celui-ci place l'abbaye de Pairis sous la protection de l'église. L'abbaye de Pairis possède aussi depuis 1168 une riche propriété agricole au Bouxof à Mittelwihr reçue d'Ulrich d'Eschenbach. Vers 1185, le hameau de « Chincindal », devenu depuis le village de Katzenthal, est cédé par la famille des Eguisheim à l'abbaye de Pairis. Le pape Luce III confirme d'ailleurs cette donation dans une bulle parue la même année. L'abbaye reçoit de nombreux privilèges de l'empereur Frédéric Barberousse (1122-1190). Il accorde l'exemption de tout impôt. L'abbaye jouissait du privilège d'être libérée de toute autorité spirituelle et laïque et de toute juridiction, ne dépendant que de l'ordre cistercien et du pape.Elle disposait du libre choix de son abbé.Les empereurs étaient les avoués de l'abbaye. Le 18 octobre 1356, l'abbaye est pillée par les Français, qui, profitant d'un tremblement de terre, s'emparent d'une partie des biens de l'abbaye. L'abbaye de Pairis possède d'autres propriétés. En 1444, les Armagnacs pillent l'abbaye de Pairis.
Certains moines de l'abbaye de Pairis, dont l'abbé Martin, participent à la quatrième croisade (1198-1204). Le pape Innocent III ayant chargé l'abbé Martin de Pairis de prêcher en Alsace la quatrième croisade contre les infidèles, son appel fut entendu. Un grand nombre de personnes prirent le chemin de la croisade. Parmi les personnalités importantes se trouvait Egenolf, seigneur de Ribeaupierre et Baudouin de Flandres. Constantinople fut prise le 12 avril 1204. Martin, prieur de l'abbaye de Pairis tentera en vain d'empêcher les soldats de se livrer au pillage. Il sauvera toutefois les reliques des églises. Il réussira notamment à se procurer des fragments de la Vraie Croix. Gunther, un moine de Pairis, poète, historien et théologien, rédige journellement les combats et les pillages de Constantinople. Il livre dans son historia Constantinopolitana minutieusement une liste de toutes les merveilles et reliques découvertes dans la ville et emmenées par Martin, abbé de l'abbaye de Pairis. L'auteur tente de justifier les pillages de son abbé en l'innocentant, prétextant que les Grecs « schismatiques » n'étaient pas dignes de posséder de telles merveilles. À son retour à Pairis, l'abbé Martin s'arrêtera à Sigolsheim, où la population l'accompagna en procession jusqu'à l'abbaye de Pairis le jour de la Saint Jean Baptiste en 1205. C'est sans doute de cette époque que date la procession que la paroisse de Sigolsheim fit à Alspach jusqu'à la destruction de l'église, dont Kaysersberg récupérera les fragments de la Vraie Croix. Les reliques de la Vraie Croix furent ensuite achetées aux Bénédictins de Kaysersberg par les Clarisses qui en devinrent les propriétaires et les placèrent dans le monastère d'Alspach.
L'abbaye de Pairis était propriétaire depuis 1328 des domaines viticoles appelés sous la dénomination de « Zem Kefersberg », aujourd'hui connus sous le nom de Kaefferkopf à Ammerschwihr. Depuis 1464, elle possède également le domaine viticole du Bouxof à Mittelwihr. Une chapelle dédiée à sainte Barbe y est installée et consacrée. Elle est agrandie en 1507.
Elle fut unie en 1452, comme simple prieuré, à l'abbaye de Maulbronn à la suite d'une décadence intérieure. En 1537, les moines de Maulbronn, chassés par la Réforme protestante, se réfugièrent à Pairis. Après la commende imposée à l'abbaye de 1595 à 1625, Pairis retrouva son ancien rang abbatial. En 1568, la ville de Colmar vendit à l'abbaye de Pairis les droits qu'elle possédait à Lapoutroie.
À partir du XVIe siècle les Ribeaupierre s'emparent de la Seigneurie de Honack et le reçoivent en fief d'Albert d'Autriche, dont fait partie l'abbaye de Pairis. Mais plus tard la seigneurie de Honack retrouve le bailliage du val d'Orbey.
À partir du XVIe siècle, avec l'arrivée et la prise de contrôle des seigneurs de Ribeaupierre dans la région l'abbaye sombre dans le déclin et s'appauvrit. Les Ribeaupierre qui optent pour la Réforme encouragent la population à se convertir à la nouvelle religion. Certains moines sont même tentés de suivre les Ribeaupierre dans leur démarche. Mais la seigneurie de Honack veille jalousement à la religion catholique et font tout pour décourager les conversions. Ils sont soutenus dans leur démarche par les Habsbourg et les empereurs germaniques qui se rangent du côté de Rome.
Le 23 avril 1525, plusieurs révoltés Rustauds se réunissent à Beblenheim. Ils décident alors de s'emparer de la cour dîmière du Bouxhof située à Mittelwihr propriété de l'abbaye de Pairis. Ils décident aussi de se rendre à Saint-Dié, en passant par le col du Bonhomme. En passant, ils saccagent et pillent l'abbaye de Pairis. Ils sont arrêtés par les habitants de Saint-Dié qui sonnent le tocsin pour faire front aux insurgés. Le duc de Lorraine craignant une contagion dans sa province décide de réagir en pourchassant les insurgés. Ils sont écrasés à Scherwiller (Bas-Rhin) la même année. L'abbaye se relève difficilement à la suite de ces vandalismes.
Avec la Guerre de Trente Ans, l'abbaye sombre de nouveau dans un piteux état. Les Suédois réduisent l'abbaye en ruine. La population des moines diminue des deux tiers. Ils donnèrent l'abbaye en 1632 au noble Wetzel von Marsilien, et à sa veuve, puis le droit de collation revint au roi de France Louis XIII après 1648 qui y nomma un abbé français, Bernardin Buchinger, qui le restaura au au XVIIIe siècle. Au XVIIIe siècle l'abbaye de Pairis possédait également l'hôtel de ville de Colmar
A la Révolution de 1790 l'abbaye est vendue et disparaît en grande partie. Les bâtiments sont vendus comme biens nationaux.Le dernier abbé, Antoine Delort et les neuf moines quittent les lieux, et les bâtiments furent entièrement détruits.
En 1849, la commune d'Orbey installe un hôpital dans les anciens bâtiments restaurés de l'abbaye: actuellement c'est un hospice pour personnes âgées. A la fin du XIXe siècle, construction d'une chapelle en style néo-roman. Près de Pairis le lieu dit de Bethléhem viendrait de Bettlerheim, asile de mendiants de l'abbaye.