« Je suis vie qui veut vivre, entouré de vie qui veut vivre. Chaque jour et à chaque heure cette conviction m’accompagne. Le bien, c’est de maintenir et de favoriser la vie ; le mal, c’est de détruire la vie et de l’entraver. »
— La civilisation et l’éthique, 1976
« Chaque fois que je suis sur le point d'abîmer une vie quelconque, il faut que je me pose clairement la question de savoir si c'est nécessaire. Jamais je ne devrai m'autoriser à aller au-delà de l'indispensable, même dans des cas apparemment insignifiants. »
— La civilisation et l'éthique, chap. XXI, 1976
James Cameron, un journaliste britannique qui vécut un temps avec lui afin d'écrire une série d' articles pour le "News Chronicles" le décrit ainsi : "Le docteur ne mange que fruits et légumes, mais en grandes quantités : avocats, mangues et soja, ainsi que particulièrement une très grande variété de bananes bouillies. Le Docteur n'a que peu d'illusions quant à la civilisation moderne et c'est pourquoi il en défend une nouvelle basée sur le Respect de la Vie. Il pense que la civilisation moderne basée sur l'arme atomique est faussement basée sur la destruction de la vie."
Plutôt que supporter du colonialisme, Schweitzer en fut l'un des plus rudes critiques. Dans un sermon prêché le 6 Janvier 1905, avant qu'il n' ait annoncé à quiconque ses plans humanitaires il discourait ainsi :
« Notre culture divise les gens en deux classes : les hommes civilisés, un titre accordé à ceux qui effectuent le classement; et les autres, qui ont seulement forme humaine, et qui pourraient périr ou être jetés aux chiens pour ce que les "hommes civilisés" en ont à faire.Oh cette "noble" culture qui est la nôtre ! Elle parle si pieusement de dignité humaine et de droits humains, puis faillit à respecter cette dignité et ces droits d'innombrables millions avant de les fouler à ses pieds, au prétexte qu'ils vivent outre-mer ou que leurs peaux sont de différentes couleurs, ou qu'ils ne peuvent pas "s'aider eux-mêmes". Cette culture ne sait pas combien elle est creuse et misérable et pleine de désinvoltes parlottes, combien banale elle paraît pour ceux qui la suivent par delà les mers et voient ce qu'elle a commis là-bas [...] Je ne vais pas énumérer tous les crimes perpétrés au nom de la justice. Des gens ont volé les indigènes de leurs terres, en ont fait des esclaves, libérant sur eux la vermine de l'humanité. Pensez aux atrocités commises sur ces populations rendues serviles [...] et tout ce que nous avons fait... Nous les décimons, puis par un trait de stylo, prenons leurs terres si bien qu'ils n'ont plus rien du tout... Si toute cette oppression et tout ce péché et honte sont perpétrés sous l'œil du Dieu Germain, ou du Dieu Américain, ou du Dieu Britannique, et si nos états ne se sentent pas obligés premièrement de laisser de coté leur affirmation d'être "Chrétien" — alors le nom de Jésus est blasphémé et tourné en dérision. Et la Chrétienté de nos états est blasphémée et tournée en dérision devant ces pauvres gens. Le nom de Jésus devient imprécation, et notre Chrétienté -votre et mienne- devient contre-vérité et disgrâce, si les crimes ne sont pas suivis de réconciliations là-même où ils furent commis. Car pour toute personne ayant commis au nom de Jésus un crime, quelqu'un doit s'avancer pour aider au nom de Jésus; pour toute personne qui vole, quelqu'un doit apporter compensation; pour chaque personne qui maudit, une autre doit bénir.
Et dorénavant, lorsque vous parlez de missions, laissez ceci être votre message : Nous devons restaurer l'harmonie pour tous ces crimes lus dans les journaux. Nous devons recréer l'harmonie pour ces crimes, encore pires, à propos desquels nous ne lisons rien dans les magazines, ces crimes étouffés dans le silence nocturne de la jungle..." »
— Essential writings de Albert Schweitzer; James Brabazon Éditeur : Maryknoll, NY Orbis Books 2005