Alexandre Guy Pingré, né à Paris le 4 septembre 1711 et mort à Paris le 1er mai 1796, est un astronome et géographe naval français.
Il fit ses études à Senlis au collège des pères génovéfains, chanoines réguliers de l’ordre de saint Augustin, où il entra lui-même à l'âge de seize ans. En 1735, il fut nommé professeur de théologie. Vers 1749 il accepta le poste de professeur d'astronomie à l'Académie de Rouen qui venait d'être fondée. Bien que son talent d'observation fût limité par une mauvaise vue, il acquit une réputation d'excellent mathématicien et, déjà célèbre pour avoir détecté une erreur de quatre minutes dans le calcul fait par Lacaille de l'éclipse lunaire du 23 décembre 1749, il se distingua encore en 1753 par l'observation du transit de Mercure, ce qui lui valut d'être nommé membre correspondant de l'Académie des sciences.
Par la suite, il fut bibliothécaire de Sainte-Geneviève et chancelier de l'université. Il construisit un observatoire à l'abbaye Sainte-Geneviève et y passa quarante ans de travail assidu. En 1753, il compila le premier almanach nautique pour l'année 1754, et encore en 1755-1757, lorsque Lalande fut chargé de la publication. Lacaille avait calculé pour son traité, L'art de vérifier les dates, les éclipses des dix-neuf premiers siècles de l'ère chrétienne ; Pingré dans une deuxième édition reprit ses calculs et les étendit à plus de dix siècles avant Jésus-Christ.
En 1760, il se joignit à une expédition à l'île Rodrigues dans l'Océan Indien dans l'espoir d'observer le transit astronomique de Vénus le 6 juin 1761. Elle ne réussit pas mais il décrivit un certain nombre d'espèces animales jusqu'alors inconnues - en souvenir de cette contribution, une localité de l'île porte son nom. Une expédition au Cap français à Haïti pour observer le transit suivant le 3 juin 1769 donna des résultats plus satisfaisants. Vers 1757, il se passionna pour l'histoire des comètes, et sa Cométographie ou Traité historique et théorique des comètes (2 vol., Paris, 1783-4) présenta méthodiquement et filtra avec un grand esprit critique ce que contenaient toutes les anciennes annales et les publications plus récentes.
En 1756, il publia un Projet d'une histoire d'astronomie du dix-septième siècle, laquelle fut réalisée en 1786. Grâce à l'influence de Lalande, l'Assemblée nationale accorda trois mille francs pour couvrir les frais de publication, mais l'affaire traîna et à la mort de Pingré tout s'arrêta. En 1901, l'ensemble du travail fut réédité par Guillaume Bigourdan sous le titre: Annales célestes du dix-septième siècle. Pingré publia aussi un Manuale Astronomicon libri quinque et Arati Phænomena, cum interpretatione Gallica et notis (2 vol., 1786), et de nombreuses observations astronomiques dans les Mémoires de l'Institut (1753-87), dans le Journal de Trévoux, dans le Phil. Trans etc.
Dans les ouvrages encyclopédiques, on affirme communément que Pingré prit une part active aux querelles jansénistes, et, par conséquent, ce qui lui valut d'être relégué dans des villes de province et des collèges, et on le présente souvent comme une victime de l'intolérance romaine. Le fait est que, dans les débuts de sa carrière, Pingré semble avoir été imbu de conceptions jansénistes, comme le confirment les Nouvelles ecclésiastiques, le grand organe janséniste. En 1737, Mgr François-Barthélemy de Salignac-Fénelon, évêque de Pamiers, très actif contre le jansénisme, fit citer Pingré, le réprimanda sévèrement et finalement l'obligea à se soumettre à un examen devant quelques pères jésuites. Il se dit lui-même prêt à condamner « de cœur et d'esprit » les cinq propositions, maintenant en même temps qu'il ne pouvait les condamner comme propositions de Jansénius, puisqu'on ne pouvait pas les trouver dans ses œuvres (il faut rappeler qu'en 1653 et 1656 les papes avaient déclaré à plusieurs reprises que les propositions étaient contenues de facto dans l'Augustinus).
En 1745, un chapitre général des pères de Sainte-Geneviève fut convoqué et, par ordre du roi, le père Chambroy fut élu supérieur général. Des ordres stricts avaient été donnés à la hiérarchie des établissements conventuels stipulant qu'ils ne pourraient envoyer que des délégués disposés à souscrire aux bulles papales et surtout à la bulle Unigenitus. Une telle mesure souleva de l'opposition et le père Pingré, qui résidait à Senlis, se joignit à quelques-uns de ses collègues religieux pour émettre une protestation véhémente contre les actes du chapitre. Le père Scoffier, l'un des adversaires les plus déterminés de l'élection, fut écarté de Senlis. Une sanction disciplinaire fut infligée à Pingré, alors professeur de théologie.
Selon une notice d'introduction en préface aux mémoires de l'abbé janséniste Arnauld d'Andilly, dans la collection Mémoires sur l'histoire de France de Michaud et Poujoulat (2ème série, IX), c'est Pingré qui fut leur éditeur (Leyde, 1756). Il s'agit donc d'un janséniste actif, au moins jusqu'en 1747, mais son influence n'a jamais été sérieuse ni durable. Dans l'histoire religieuse du XVIIIe siècle, en particulier dans les Mémoires pour servir à l'histoire ecclésiastique pendant le XVIIIe siècle de Picot, son nom n'est pas mentionné.