L'arc outrepassé atteignit sa plus belle expression dans l'architecture omeyyade de l'émirat de Cordoue où il acquit :
La salle de prière de la Grande mosquée de Cordoue commencée en 785 par l'émir Abd-el-Rahman Ier est ornée de superbes arcatures ajourées présentant deux niveaux d'arcs outrepassés aux claveaux blancs et rouges.
L'arc outrepassé orne également en abondance les portes de la mosquée, au niveau des portes elles-mêmes (le plus ancien exemplaire orne la porte dite Bâb-al-Wuzara ou porte des ministres de 785, qui est le modèle de toutes les autres portes de la mosquée) mais aussi au niveau des arcatures aveugles qui surmontent les portes, constituées d'arcs outrepassés entrecroisés ou non.
Arcature d'arcs outrepassés |
L'arc outrepassé est omniprésent dans l'architecture omeyyade et il orne de nombreux autres édifices omeyyades, tant de l'époque de l'émirat de Cordoue que du califat de Cordoue :
Toutes les formes d'architecture hispano-mauresque qui succéderont à l'architecture omeyyade lui emprunteront ce type d'arc, de même que l'architecture chrétienne mozarabe.
L'arc outrepassé fut utilisé dans le cadre de l'architecture des royaumes de Taïfa (XIe siècle). Il orne par exemple la porte donnant accès à la mosquée de l'Aljaferia de Saragosse ainsi qu'un des accès au Salon Doré.
Il y connut par ailleurs une évolution spécifique : l'arc outrepassé brisé, apparu à l'Aljaferia de Saragosse entre 1065 et 1081.
L'architecture chrétienne dite "mozarabe" ou "art de repeuplement" était une architecture chrétienne héritière à la fois de l'architecture wisigothique et de l'architecture omeyyade de l'émirat de Cordoue.
Elle utilisa donc à double titre l'arc outrepassé : mais ses arcs outrepassés sont clairement de tradition cordouane, plus fermés et cintrés que les arcs de tradition wisigothique.
On trouve ainsi par exemple :
A l'époque romane, les régions constitutives de l'ancienne Septimanie, à savoir le Roussillon et Languedoc, continuent d'être caractérisées par l'utilisation de l'arc outrepassé hérité de la tradition wisigothique (avec une possible influence califale).
Cela se marque cependant plus dans la sculpture que dans l'architecture.
On trouve à Saint-Génis-des-Fontaines et à Saint-André-de-Sorède (en Roussillon) deux bas-reliefs romans du début du XIe siècle qui représentent le Christ en gloire encadré de personnages logés chacun sous un arc outrepassé. Initialement, chacun de ces bas-reliefs constituait probablement un devant d'autel, réemployé ultérieurement comme linteau au niveau du portail.
On trouve en Languedoc plusieurs tables d'autel dont le pourtour est orné d'arcs outrepassés : ces autels sont appelés autels à lobes languedociens.
L'église Sainte-Marie de Quarante contient deux autels à lobes du XIe siècle : le maître-autel avec sa décoration raffinée est un des plus beaux autels à lobes languedociens.
L'arc outrepassé a été utilisé très occasionnellement par l'architecture romane.
On le retrouve par exemple au portail de la chapelle Saint-Hippolyte de Loupian en Languedoc, surmontant un arc festonné.