La carte Kangnido ("Carte historique des pays et des villes") fut réalisée en Corée en 1402 par Kim Sa-hyeong (김사형:金士衡), Yi Mu (이무:李茂) et Yi Hoe (이회), à partir de sources de données chinoises.
La carte décrit la totalité de l'Ancien Monde, de l'ouest, avec l'Europe et l'Afrique, à l'est, avec la Corée et le Japon. Elle comprend une Chine surdimensionnée au milieu. Cette carte date d'un temps qui précède les Grandes découvertes européennes, et même apparemment les voyages du grand amiral chinois Zheng He. Elle prouve une connaissance géographique profonde de la Chine et de la Corée de l'époque, supposant des explorations à une époque très reculée.
La Chine commença à explorer les territoires vers l'ouest à partir de l'ambassade de Zhang Qian en 126. Différents pays furent alors identifiés: K'ang-chü (la Sogdiane), Ta-Yuan (dans l'actuel Ouzbékistan oriental, An-shih (파사:pa-sa:Parthie, Perse de l'époque) et Dagin (대진:Daejin:l'Empire romain). La Chine entreprit également des voyages maritimes, notamment après l'expansion de l'islam sur le continent au VIIIe siècle.
Selon les notes explicatives de la carte, elle fut rédigée en combinant deux cartes chinoises plus anciennes: l'une (聲教廣被圖) par Li Tse-min (李澤民), produite vers 1330; l'autre (混一疆理圖) par Ch'ing Chün (清浚), rédigée vers 1370. Ces deux cartes sont depuis perdues. Elles étaient parvenues en Corée grâce à l'ambassadeur coréen Kim Sa-hyeong (1341-1407), avant d'être fondue en une seule.
Seules trois copies de la carte sont connues, toutes conservées au Japon. Deux d'entre elles faisaient partie du butin de guerre japonais de l'invasion de la Corée de 1592-1598 par Hideyoshi. La carte actuellement conservée à l'université Ryūkoku est celle que Hideyoshi a offerte au temple Honganji. L'autre carte, à présent au temple Honmyōji, lui fut donnée par Katō Kiyomasa, qui participa également à la guerre en Corée. Le troisième exemplaire connu est réputé être une adaptation de la carte Honganji et se trouve à l'université Tenri.
La carte décrit de façon très détaillée l'Empire de Chine, ainsi que la Corée et le Japon, même si les positions relatives des trois pays ne sont pas exactes. Chine et Corée sont surdimensionnées, alors que l'Asie du Sud-Est (avec son promontoire et sa profusion d'îles) est arrondie, tout comme l'Inde qui se perd dans la masse globale du continent.
À l'ouest, la péninsule Arabique, l'Afrique et l'Europe sont assez correctement dessinées, bien que ces aires continentales soient montrées plus petites qu'elles ne le sont, comparativement à la Chine. La Méditerranée est particulièrement clairement dépeinte, tout comme la péninsule Ibérique, l'Italie et l'Adriatique. Il y a plus de cent noms pour les seuls territoires européens, dont Alumangia (le mot latin Alemania pour Allemagne).
La connaissance du contour réel de l'Afrique indique des explorations précoces de la région, antérieures aux voyages de Bartolomeu Dias et de Vasco de Gama. La pointe sud de l'Afrique a des contours généraux corrects et laisse apparaître un fleuve qui pourrait être l'Orange. Au nord du continent, au-delà du "blanc" de la carte, une pagode symbolise le phare d'Alexandrie, près du mot arabe Misr (Égypte) translittéré en chinois.
La plupart des transcriptions chinoises des noms de lieux en Asie du Sud-Ouest, en Afrique et en Europe proviennent d'originaux arabes persanisés, indiquant que la carte Kangnido serait liée pour une grande part aux connaissances venant du Moyen-Orient.