Château de Lunéville - Définition

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Architecture de fête d’un roi bâtisseur

Stanislas Ier Leszczyński

En arrivant à Lunéville, Stanislas trouve un château en parfait état, tout à fait adapté à une vie princière. Il ne lui reste qu’à mettre à son goût l’aménagement et la décoration intérieurs qui ont été démontés sur l’ordre de François III. L’architecture du château ne subit donc aucune modification. Cependant, la distribution des appartements ducaux ne correspondant pas aux impératifs du cérémonial de l'ex-roi polonais, le nouveau "souverain" fait modifier l’agencement des pièces, qu’il remeuble et décore avec de nombreux objets, tapisseries et tableaux.

Les travaux les plus importants ont lieu dans le parc. Si Stanislas conserve le plan général des « Bosquets », il augmente leur superficie. Au sud, il crée de nouveaux parterres le long des maisons de la rue d’Allemagne, dans le prolongement de ses appartements et de ceux de son épouse. Au nord, il achète en 1738 et 1739 les terrains marécageux du bord de la Vezouze qu’il fait assainir et aménager en « Nouveaux Bosquets ». Puis il y fait élever des constructions tout à fait originales, dans la tradition des jardins orientaux agrémentés de nombreux pavillons et fabriques.

Pour réaliser ses projets, Stanislas fait appel à l’architecte Emmanuel Héré. Né en 1705, formé très jeune sur le chantier de Lunéville où son père travaille en qualité de « commis des travaux », il entre à l’agence de Germain Boffrand et devient à l’âge de 32 ans « premier architecte » de Stanislas. Homme de cour, Emmanuel Héré sait répondre aux exigences (voire s’accommoder des caprices) de Stanislas. Connu aujourd’hui dans le monde entier pour avoir créé la célèbre Place Royale de Nancy, c’est à Lunéville qu’il développe le mieux son génie d’invention architecturale en élevant dans le parc un ensemble remarquable de fabriques, notamment « la Pêcherie » (à l’extrémité du « Grand Canal ») ou encore « le Pavillon de la Cascade », élevé en 1743 au-dessus de chutes d’eau disposées de façon savante sur trois niveaux. Toutefois, la réalisation la plus extraordinaire est celle du « Rocher » qui transforme en 1742 le soubassement de la terrasse du château du côté nord. Sur 250 mètres environ, le long du « Grand Canal », pierres et blocs de grès sont disposés au pied de la terrasse et forment un ensemble artificiel de collines et de grottes traversées de sentiers et de ruisseaux. Sur ce fond rocheux, l’horloger François Richard installe quatre-vingt-huit automates, grandeur nature, qui s’animent grâce à des systèmes hydrauliques ingénieux. Le thème général est une pastorale, où sont représentés de nombreuses scènes paysannes et bucoliques. Symbole des fantaisies du roi Stanislas, ce théâtre d’automates, qui émerveille les visiteurs prestigieux tels Voltaire, Montesquieu ou Helvétius, met en scène un monde utopique, tel que l’imaginent certains philosophes du Siècle des Lumières auxquels Stanislas peut être rattaché.

Entre le « Grand canal » et la « Pagode », bassin parallèle à la rivière, Emmanuel Héré construit, à la demande de Stanislas, un ensemble de huit petites maisonnettes identiques nommées les « Chartreuses ». Le roi les distribue à ses favoris, qui y cultivent leur jardin durant une saison. Intimement liées à la vie de la cour, ces constructions reflètent la vie du souverain. Quant au jardinage, c’est une manifestation précoce de l’esprit romantique du « retour à la nature », bien que cette composition ne soit pas nouvelle : on le trouve déjà vers 1680 à Marly, où Jules Hardouin-Mansart avait construit douze petits pavillons que Louis XIV destinait à ses invités.

Les fabriques de Lunéville les plus remarquables sont le « Kiosque » et le « Trèfle ». Bâtis entre 1738 et 1740, leur forme exotique, faisant appel à des éléments chinois et turcs, est une nouveauté dans l’architecture française du milieu du XVIIIe siècle. Ici Emmanuel Héré est un des premiers maitres-d’œuvre de ces formes originales, après l’exemple précoce donné en 1670 par Louis Le Vau à Versailles, au Trianon de porcelaine. De façon plus générale, les créations d’Emmanuel Héré intégrées dans le parc du château marquent une étape dans l’art des jardins, qui voit apparaitre et se multiplier les fabriques dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. Fréquents en Angleterre comme dans la plupart des pays d’outre-Rhin, ces bâtiments sont pour la plupart proches de ce type de et « fantaisies architecturales » nées à Lunéville vers 1740. (Pour preuve, Stanislas Leszczyński à introduit le mot « kiosque » dans la langue française).

Le château de Lunéville connait ses heures les plus fastes. Les plus grands philosophes du Siècle des Lumières se pressent à la cour du roi Stanislas. Lunéville devint un des principaux centres intellectuels d'Europe, au même titre que le Palais de Sanssouci, où l'on trouve, d'ailleurs, une réplique (à échelle réduite) du fameux « Trèfle » de Lunéville.

Le 23 février 1766, Stanislas meurt. Louis XV ne voulant pas assumer les frais coûteux de l'héritage d'un beau-père qu'il méprisait, Lunéville perd son statut et son prestige.

La cour n’a plus de raison d’être, l’important personnel constituant la « Maison civile » et la « Maison militaire » du souverain est simplement tout remercié. La vie du château s’arrête.

Il ne reste plus que les murs. Le somptueux mobilier est dispersé et vendu. Le parc est mutilé par manque d’entretien et par disparition du décor. La plupart des statues sont vendues à l'encan. Certains groupes de plomb sont achetés pour le compte de l’électeur palatin Charles Théodore de Bavière pour son château de Schwetzingen, où ils sont toujours visibles. Les fabriques sont cédées à des particuliers, puis tombent en ruine. Nonobstant, à la différence des autres demeures de Stanislas, Lunéville n'est pas détruit.

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