Château et parc de Crans-près-Céligny, sur le lac Léman, Suisse (1764, projet non retenu) : Pour le compte d'Antoine Saladin, Jallier travailla sous la supervision de son maître Soufflot. « Ils ménagèrent à l'arrivée un effet de surprise favorisé par la déclivité du terrain, mais donnèrent une large assise à la terrasse et orientèrent les grandes perspectives en direction du lac. Le mémoire de Jallier qui accompagne le projet dans les archives du château manifeste des préoccupations de confort, et des attentions pour les dames, qui n'étaient pas encore exigibles dans la bonne société genevoise. “Chaque maître ayant sa chaise dans son appartement, et y ayant des lieux à l'anglaise, les domestiques seuls auront la peine de les aller chercher dans la cour.” On jugea que les commodités perdaient de la place au détriment des pièces les plus nobles : à Crans, ce qui a été réalisé par les Suisses Bovet et Vaucher-Faton est digne, mais n'égale pas en distinction l'architecture de Jallier. »
Château de Montvillers à Bazeilles, Ardennes (1770) : Construit pour Jean-Abraham Poupart de Neuflize, drapier à Sedan. Selon Michel Gallet, c'est « l'un des plus beaux châteaux de style Louis XVI. Sur les façades principales, l'ordre ionique embrasse deux niveaux, mais les hautes toitures sont traditionnelles, comme il convient sous le climat ardennais. Du côté du parc, la rotonde du grand salon se mire dans la pièce d'eau alimentée par la Givonne ; il faut reconnaître ici, fixé dans la pierre des Vosges, l'écho des somptueux dessins présentés au concours de 1758 : “un pavillon au bord d'une rivière”. La frise de l'entablement porte des emblèmes maçonniques, des sphinx, un niveau, une équerre, des compas. »
Projet pour l'hôtel de Thellusson. Sceaux, Musée de l'Ile-de-France.
Hôtel de Thellusson, Paris (projet non réalisé) : Pour le banquier genevois résident à Paris Georges-Tobie de Thellusson (1728-1776), Jallier proposa un projet d'hôtel particulier à bâtir à l'angle de la rue Louis-le-Grand et du Boulevard. La rotonde, comparable à celle du château de Montvillers, aurait équilibré celle du Pavillon de Hanovre, construit vingt ans auparavant par Jean-Michel Chevotet à l'angle adjacent du carrefour. Si ce projet ne fut pas mis à exécution, il revint curieusement à Jallier de superviser en 1782 la fin des travaux du célèbre hôtel Thellusson, construit pour la veuve du banquier sur des plans donnés en 1778 par Claude-Nicolas Ledoux.
Projet pour la Comédie-Italienne (1772, en collaboration avec François-Joseph Bélanger, projet non réalisé).
Projet d'aménagement de la ville de Brest, Finistère (1784, projet non réalisé) : Le projet comprenait, au bas de la rue du Château, une place d'armes de forme ovale, plantée d'arbres. Allant de cette place jusqu'à l'extrémité du Parc-au-Duc, la rue Royale, une large rue permettait de se trouver sur la place Louis XVI aménagée face à la rade, dominée par la statue royale. Le projet faisait raser le château de Brest, vénérable témoin de quatorze siècles d’histoire. Selon l'architecte : « le public verrait avec quelque émotion un monument à Louis XVI rendant les privilèges à la Bretagne et la liberté des mers, élevé sur les débris d'un édifice consacré à ce César qui l’ôta aux Romains et mit aux fers le monde entier. » Le projet fut approuvé par le Conseil du roi à Versailles le 28 mai 1786, mais en avril 1788, le comte d'Hector, commandant la Marine, le déclara inconciliable avec les travaux que la Marine envisageait sur le terrain du Parc-au-Duc, qui venait d’être concédé par le département de la Guerre. Le projet de Jallier de Savault a pu inspirer Thomas de Thomon à Saint-Pétersbourg, sur un site comparable.
Projet de rehaussement du phare de Cordouan (1786-1788, en collaboration avec le chevalier de Borda).