Claude Nachin est un psychanalyste français né en 1930. Il réalise ses études de médecine à Lyon entre 1949 et 1957. Ancien psychiatre des hôpitaux, il est responsable de secteur pendant dix-sept ans, chargé de cours en psychopathologie à l'université de Picardie. Il travaille à Amiens plus de trente ans comme psychanalyste.
Athée, issu d'une famille d'enseignants et d'un milieu protestant luthérien du pays de Montbéliard, Claude Nachin a été marqué vers l'âge de 15 ans en apprenant l'exécution par les Nazis d'un jeune oncle et d'un ami intime juste avant la Libération de la région.
La pratique clinique et la réflexion théorique de Claude Nachin poursuivent les travaux de Maria Torok et de Nicolas Abraham. Sa pensée se caractérise par une grande souplesse et l'affirmation que l'écoute du patient passe avant toute forme de théorie. "La psychanalyse suppose le renoncement à toute espèce de diagnostic psychiatrique qui amène toujours à objectiver le sujet et à le mettre à part du psychanalyste", affirme par exemple Claude Nachin. Il précise : "Il y a lieu de nous défaire de tout automatisme - ce qui n'est pas facile - pour être un humain (avec son expérience de vie particulière, privée, sociale et professionnelle) qui rencontre un autre humain (avec son expérience particulière)". La signification des symptômes et des rêves est personnelle. Il convient de la découvrir dans sa singularité. Ainsi, la psychanalyse est à réinventer, à chaque fois, pour chaque patient(e)...
La recherche sur le processus du deuil, notamment lorsqu'il est entravé et perturbé, tient une place significative dans son œuvre : "Pour que les défunts (nous dirions les défunts tels que nous nous les représentons mentalement) soient en paix ou retrouvent la paix, et pour que les survivants aillent en paix, il est nécessaire que des paroles de vérité puissent être dites et des sentiments authentiques exprimés, à l'occasion du deuil, entre les proches du défunt et partagés avec l'ensemble de la communauté." (Les fantômes de l'âme, pp. 30-31.)
« La psychanalyse [...] suppose la levée de deux préjugés courants. Le préjugé de l’archaïsme : l’importance capitale des premières années de la vie, découverte par S. Freud et Mélanie Klein, n’implique pas que ce qui advient ultérieurement dans le psychisme ne puisse avoir une grande importance. Le préjugé du ’’sujet supposé savoir’’ : les convictions du psychanalyste ne doivent pas lui faire oublier que les éléments généraux que l’on retrouve dans toute psychanalyse ne sont découverts qu’au décours de l’expérience singulière qui naît du discours de chaque patient. » (Le deuil d'amour, p. 119.)
Claude Nachin précise la dynamique de l'introjection, en trois étapes :
"L’introjection est le mécanisme psychique fondamental qui nous permet de prendre et de garder dans l’esprit les traces de toutes nos expériences – qu’il s’agisse de nos sentiments, de nos désirs, des événements ou des influences du monde extérieur. […] Comme il n’est pas possible d’accueillir dans l’esprit les choses et les gens, ce sont des symboles qui les représentent, fondés d’abord sur les traces des sensations, des sentiments, des gestes et des premières images. Plus tard, l’introjection deviendra un processus principalement fondé sur le langage verbal – avec les immenses possibilités culturelles qu’il autorise, mais aussi les conflits qu’il fait naître entre le monde des mots et celui du corps, des sentiments et de l’action." (A l’aide, y a un secret dans le placard !, p. 48.)