"L’outil nécessaire pour notre travail nous a été fourni par Nicolas Abraham avec le nouveau concept psychanalytique de "travail du Fantôme dans l’inconscient". Il l’a défini comme le travail, dans l’inconscient d’un sujet, du secret inavouable (bâtardise, inceste, criminalité…) d’un autre (ascendant, mais aussi objet d’amour, voire patient ou thérapeute)." Claude Nachin étend la définition "au travail induit dans l’inconscient d’un sujet par sa relation avec un parent ou un objet d’amour important porteur d’un deuil non fait, ou d’un autre traumatisme non surmonté, même en l’absence d’un secret inavouable." (Idem, pp. 10-11)
Les manifestations cliniques fantomatiques découlent du "travail psychique incessant et désespéré de l’enfant pour combler la lacune". Du point de vue métapsychologique, le fantôme correspond au travail psychique de l'enfant "pour comprendre et soigner son parent, avec l’espoir d’en être à son tour mieux compris et soigné." (p. 12)
Militant syndical et militant politique de gauche, Claude Nachin s'est aussi engagé en faveur d'une psychanalyse progressiste à visage humain.
"La crypte freudienne n'a pas seulement eu des effets sur les psychanalyses et sur les positions théoriques de Freud. Elle poursuit son action fantomatique sur ces successeurs. Dans les milieux psychanalytiques, de pieux hommages à Freud s'accompagnent comme de son temps d'un manque d'attention scientifique suffisante et de gentillesse vis-à-vis de collègues plus proches dans le temps et dans l'espace. L'œuvre de Sandor Ferenczi a été entourée d'une haine et d'une incompréhension cinquantenaires dont les effets ne sont pas encore éteints. L'argumentation point par point d'un travail est souvent remplacée par de pures déclarations de désaccord, comme s'il s'agissait de goûts et de couleurs, ou par le passage sous silence. C'est dire qu'il importe de s'intéresser au travail du Fantôme dans la psychanalyse." (Les fantômes de l'âme, pp. 97-98.)
Maladie du deuil