Jusqu'à présent nous avons décrit les prérequis au développement des cyclones tropicaux. Dans cette section, on montrera la provenance des éléments dynamiques qui influencent les endroits où se forment ces systèmes.
Les ondes de Rossby, identifiées et théorisées par Carl-Gustaf Rossby en 1939, sont des variations latitudinales de grande longueur d'onde à l'échelle planétaire dans le flux d'air en altitude. Elles sont des ondes d'inertie de l'atmosphère et leur déplacement donne lieu au développement des dépressions des latitudes moyennes.
Ces ondes atteignent parfois les latitudes près de l'équateur et la recherche a montré qu'elles peuvent, bien qu'elles y soient faibles, augmenter la probabilité de cyclogénèse tropicale dans le Pacifique. Elles y augmentent les vents d'ouest de basse troposphère ce qui augmente le tourbillon. Ces ondes se déplacent en "paquets" dont les ondes individuelles peuvent atteindre des vitesses de l'ordre de 1.8 m/s mais la vitesse de groupe est en général presque nulle.
Lors de périodes d'El Niño dans l'El Niño-Oscillation australe (ENSO), les eaux chaudes du Pacifique se déplacent vers l'est ce qui change les zones de MPI. Comme les ondes dans le flux qui servent de déclencheurs aux systèmes tropicaux du Pacifique nord-est et de l'Atlantique nord se propagent le long de la même zone d'alizés, ce déplacement a pour effet de déplacer les zones de formation des cyclones tropicaux. La probabilité de formation diminue alors dans le bassin Atlantique mais augmente celle dans le nord-est du Pacifique sans influencer notablement le nombre dans le nord-ouest du même océan. Près de la ligne internationale de changement de date, de chaque côté de l'équateur, on voit alors une augmentation nette ces années-là
Il existe une relation inverse entre l'activité cyclonique dans le Pacifique de l'ouest et celui de l'Atlantique nord. Lorsque l'un est très actif, l'autre est plutôt calme. La raison principale semble être la relation avec la phase de l'oscillation de Madden-Julian (OMJ) dans lequel se trouve le bassin le plus actif.
L' OMJ est un patron anormal de précipitations le long de l'équateur à l'échelle planétaire. Il se caractérise par une progression graduelle vers l'est des zones de pluies tropicales et des zones sèches concomitantes. On l'observe surtout dans les océans Indien et Pacifique. Les pluies anormalement fortes se développent d'abord dans l'ouest de l'océan Indien et se déplacent vers l'est sur les eaux chaudes du Pacifique ouest et central. Par la suite, ces zones de pluies deviennent diffuses quand elles passent sur les eaux plus froides de l'est du Pacifique mais reprennent leur développement lorsqu'elles passent sur l'Atlantique tropical.
Ces zones pluvieuses, où l'on retrouve surtout des nuages convectifs, sont suivies par des zones sèches très prononcées où l'air est très stable. Chaque cycle dure entre 30 et 60 jours ce qui fait que l'OMJ est aussi connu comme l' Oscillation 30-60, l' Onde 30-60 et l' Oscillation inter-saisonnière. En général, l'augmentation des vents d'ouest d'OMJ génère un plus grand nombre d'ondes tropicales ce qui accentue la probabilité de cyclogénèse tropicale. À mesure, que l'OMJ progresse, de l'ouest vers l'est, elle déplace vers l'est la zone de formation des tempêtes tropicales au cours de la saison.