Federico Commandino (né en 1509 à Sassocorvaro, dans la province de Pesaro et Urbino, dans la région des Marches - mort le 3 septembre 1575 à Urbino), dont le nom fut francisé en « Commandin » par les géomètres du XVIIe siècle, est un humaniste et mathématicien italien, qui fut le principal traducteur et restaurateur des œuvres scientifiques de l'Antiquité.
Federico Commandino traduisit du grec les œuvres d'Euclide, Ptolémée, Pappus, Apollonius de Perga, Archimède et Héron d'Alexandrie, améliorant de manière décisive grâce à ses connaissances mathématiques les éditions antérieures de Zamberti (pour Euclide), de Giorgio Valla (pour Archimède), d'Hermannus Secundus (pour Ptolémée). Ses traductions firent référence jusqu’aux éditions Teubner au XIXe siècle, et c'est d'elles que Stevin, Galilée, Descartes, Fermat, Huygens, Wallis, Newton et tant d'autres se servirent.
Commandino est né dans le duché d'Urbino, citadelle qui devint, aux mains de la famille des della Rovere, un centre militaire et culturel majeur dans l'Italie de la Renaissance. Son père, Giovan Battista Commandino, était un architecte réputé, et sa mère Laura Benedetti lisait le latin. Il étudia la médecine à Padoue (1534) puis à Ferrare (1544), un cursus qui lui permit certainement d'acquérir des connaissances de géométrie et d'astronomie poussées.
De retour à Urbino en 1546, le duc Guidobaldo II della Rovere (1514-1574) le prit à son service pour qu'il lui enseigne les mathématiques. L'éditeur vénitien Paul Manuce, soucieux de concurrencer les éditions bâloises, demanda à Federico Commandino de réviser :
Commandino, s'appuyant sur ses connaissances mathématiques, produisit pour les deux collections une édition bilingue latin grec accompagnée de commentaires (1558). Pour bien des termes de géométrie, il dut rechercher un équivalent latin des mots grecs, s'appuyant comme il put sur les rares indices présents chez Cicéron, Vitruve, Frontin, créant ainsi de toutes pièces un latin mathématique, qui s'imposa à ses lecteurs.
En 1563, le prince héritier François Marie II della Rovere avait rappelé Commandino à la cour ducale pour qu'il y poursuive l'enseignement qu'il avait dispensé à son père quelques années plus tôt. Là, il se lia avec Le Tasse et le philosophe Bernardino Baldi, mais n'interrompit pas pour autant son prodigieux travail de traduction et de critique textuelle.
Les fatigues et les dangers du voyage vers Venise incitèrent Commandino à travailler avec une imprimerie plus proche d'Urbino : en effet, il était d'usage dans les débuts de l'imprimerie que l'auteur relise les épreuves de son texte dans une salle attenante aux ateliers de presse, tâche qui pouvait durer plusieurs semaines. Sous le patronage du duc d'Urbino, Commandino obtint (1565) la création d'une imprimerie dans la ville voisine de Pesaro, où ses œuvres seront désormais publiées.
Le succès de ses traductions commentées fit rapidement de Commandino une célébrité dans l'Europe savante, et nombre de chercheurs prirent le chemin d'Urbino pour le rencontrer et solliciter son avis, comme l'Anglais John Dee. Il correspondait par ailleurs avec Francesco Maurolico et enseigna les mathématiques au jeune Guidobaldo del Monte.