Euler a calculé (dans le cadre de sa solution au problème de Bâle) la valeur de la fonction
valable pour tout entier positif k, où les B2k sont les nombres de Bernoulli. De là, nous obtenons des séries infinies correspondant aux puissances paires de π :
Pour les entiers impairs, le calcul n'est pas si simple. Ramanujan a beaucoup travaillé sur ces séries et Apéry a démontré en 1979 que ζ(3), qui vaut environ 1,2020569... est irrationnel (voir constante d'Apéry). En 2000, Tanguy Rivoal a démontré qu'il existe une infinité de nombres irrationnels parmi les valeurs aux entiers impairs. On conjecture que toutes les valeurs aux entiers impairs sont irrationnelles et même transcendantes.
La fonction
, par la série de Dirichlet
La série ne converge pas en s = 1 : on a
qui tend vers l'infini avec m (voir l'article détaillé série harmonique pour d'autres démonstrations de ce résultat, et une estimation plus précise de la valeur des sommes partielles). La valeur s = 1 est donc une singularité de la fonction.
À partir de la série de Dirichlet de
où μ est la fonction de Möbius,
où
où σa est la fonction diviseur à la puissance a :
La fonction
La formule d'Euler-MacLaurin, appliquée à la fonction
où les coefficients Bk sont les nombres de Bernoulli,
où les Bn(x) sont les polynômes de Bernoulli et où [x] désigne la partie entière de x.
En faisant tendre N vers l'infini et en restant dans le demi-plan , on en déduit pour tout entier
Les fonctions
Donc le membre de droite définit une fonction,
, holomorphe en dehors de 1, qui prolonge
Ces identités permettent donc de définir une unique fonction méromorphe sur tout le plan complexe (avec un seul pôle en 1), coïncidant avec la fonction
et qu'on appelle encore
La fonction
C désigne un lacet longeant l'axe réel et englobant 0 parcouru de +∞ à +∞ dans le sens trigonométrique.
Une fois cette formule démontrée initialement pour , l'expression à droite restant valable pour tout valeur bornée de s définit donc une fonction analytique. D'après le théorème du prolongement analytique, elle représente le prolongement (sauf en s = 1) de la fonction
Il est facile de démontrer que pour tout on a:
en effet:
on pose u = nt alors:
et d'après le Théorème de convergence monotone on peut intervertir somme-intégrale on a:
enfin pour tout complexe s tel que on a:
D'une autre part, on considère la fonction h sur l'ensemble
avec
C1,ν: Demi-droite dont les points d'argument 0 décrite de
C2,ν : cercle de rayon ν et de centre 0, dont ces points croit de 0 à 2π.
C3,ν: Demi-droite dont les points ont d'arguments 2π, décrite de ν à
alors pour que h soit holomorphe sur tout le plan complexe on prend
d'une part il est clair que:
alors:
et que:
ce qui entraine le fait que:
et enfin que:
et puisque la fonction h est indépendante de ν alors:
En utilisant les Formules d'Euler on trouve que :
alors en substituant l'expression on aura:
et d'une autre côté, d'après la formule des compléments de la fonction gamma, on a pour tout s tel que
d'où:
finalement:
et puisque h est holomorphe sur tout le plan ce qui implique le prolongement de la fonction ζ en fonction méromorphe dans
Cette formule conduit à l'expression
où {u} désigne la partie fractionnaire de u. Comme {u} est toujours compris entre 0 et 1, l'intégrale est convergente pour .
On peut encore étendre la fonction
à partir de la définition de la série alternée (appelée fonction êta de Dirichlet)
Cette série est convergente pour s réel strictement positif, par application du critère des séries alternées ; il en est en fait de même pour , ce qui se démontre en utilisant le lemme d'Abel. Cela réalise ainsi le prolongement de la fonction
. Le pôle en 1 de
et en appliquant la relation fonctionnelle (voir plus loin), on obtient le prolongement partout sauf en 1 + 2ikπ / ln(2) (
Pour ces points, on peut appliquer soit la série de Dirichlet de
De ce que
est convergente pour
Dans les formules précédentes, il est à remarquer que le prolongement ne s'obtient que dans une portion du plan et qu'il faut utiliser la relation fonctionnelle pour avoir un prolongement au plan tout entier. Les deux formules qui suivent n'ont pas ce défaut. Ces deux autres méthodes de prolongement de
On a ainsi la formule publiée par Landau
Ou la formule de Ramaswami
Ces formules se démontrent par des manipulations classiques sur les termes des séries.
Le prolongement analytique s'effectue par bandes de largeur 1. La série de Dirichlet étant absolument convergente sur , la formule choisie prolonge sur
. En appliquant à nouveau la formule, on prolonge à
, et ainsi de suite.
Remarque: la présence du facteur 1 − 21 − s dans la formule de Ramaswami montre que le prolongement de