Fonction zêta de Riemann - Définition

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Liens avec les nombres premiers

Leonhard Euler par Emanuel Handmann.

Le lien entre la fonction \zeta\, et les nombres premiers avait déjà été établi par Leonhard Euler avec la formule, valable pour \Re(s) >1 :

\zeta(s) \ = \ \prod_{p\in\mathcal{P}} \ \frac{1}{1-p^{-s}}

où le produit infini est étendu à l'ensemble \mathcal P des nombres premiers. Cette relation est une conséquence de la formule pour les suites géométriques et du théorème fondamental de l'arithmétique. On appelle parfois cette formule produit eulérien.

Un autre lien existe avec cette fois la fonction π(x) qui compte le nombre de nombres premiers inférieurs ou égaux à x. On a en effet

\ln \zeta(s) = s \int_2^\infty{\frac{\pi(u)}{u(u^s-1)}\mathrm du}\,\!

valable pour \Re(s) >1.

En fait, la position des zéros de la fonction \zeta\, de Riemann fournit la position des nombres premiers. On peut même trouver une formule exprimant chaque nombre premier en fonction des zéros de la fonction \zeta\, de Riemann.

Relation fonctionnelle et zéros triviaux de la fonction zêta

La fonction \zeta\, satisfait à l'équation fonctionnelle :

 \zeta(s) = 2^s \pi^{s-1} \sin \Big( \frac{\pi s}{2} \Big) \Gamma(1-s)\zeta(1-s)

valable pour tout nombre complexe s différent de 0 et 1. Ici, Γ désigne la fonction gamma.

La fonction zêta de Riemann ζ(s) dans le plan complexe. La couleur d'un point s code la valeur de ζ(s) : des couleurs vives indiquent des valeurs proches de 0 et la nuance indique l'argument de la valeur. Le point blanc pour s = 1 est le pôle ; les points noirs sur l'axe réel négatif et sur la droite critique Re(s) = 1/2 sont les zéros.

Par la relation fonctionnelle, il apparaît que la fonction \zeta\, s'annule pour tous les entiers de la forme -~2n , (n \in \mathbb{N}-\{0\}) par suite du facteur \sin \Big( \frac{\pi s}{2} \Big) mais pas en s=0 par suite du facteur ζ(1 − s). Ces zéros sont appelés zéros triviaux.

Il en existe d'autres. Une étude plus détaillée figure ci-dessous au paragraphe .

Le comportement au voisinage de 1 : théorème de Dirichlet et nombres de Stieltjes

Utilisant la formule sommatoire d'Abel, on trouve

 \zeta(s)=\sum_1^\infty{\frac{1}{n^s}}=s\int_1^\infty{\frac{[u]}{u^{1+s}}\mathrm du}.\,\!

La partie entière [u] se décompose en u − {u}. On a alors

 \zeta(s)=\frac{s}{s-1}-s\int_1^\infty{\frac{\{u\}}{u^{1+s}}\mathrm du}.\,\!

Comme {u} est toujours compris entre 0 et 1, l'intégrale est convergente et le terme est borné. Le premier terme vaut aussi

 \frac{s}{s-1}=\frac1{s-1}+1

qui montre que la fonction \zeta\, admet un pôle d'ordre 1 en 1 et de résidu 1. Cela constitue le théorème de Dirichlet. Le développement en série de Laurent de la fonction ζ(s) s'écrit donc

\zeta(s)=\frac{1}{s-1}+\gamma+\sum_{n=1}^\infty{(-1)^n\frac{\gamma_n}{n!}(s-1)^n}

où l'on a

 \gamma_n=\lim_{k \rightarrow \infty}\left({\sum_{m=1}^k{\frac{(\ln m)^n}{m}-\frac{(\ln k)^{n+1}}{n+1}}}\right).

Ces nombres sont appelés nombres de Stieltjes. Concernant ces nombres, Matsuoka, en 1985, a montré que l'on avait pour n>4

|\gamma_n| \le 10^{-4}e^{n\ln \ln n}.

On sait aussi qu'il y a asymptotiquement la moitié de ces nombres qui sont positifs.

Thomas Joannes Stieltjes s'intéressa de près à la fonction \zeta\, de Riemann. Il est l'auteur d'une tentative avortée de démonstration de l'hypothèse de Riemann à partir d'une hypothèse voisine de celle de Mertens qu'il fut incapable de démontrer.
valeur des coefficients de Stieltjes
Valeur
γ = γ0 0,57721566490153286061
γ1 -0,072815845483676724861
γ2 -0,0096903631928723184845
γ3 0,0020538344203033458662
γ4 0,0023253700654673000575
γ5 0,00079332381730106270175
γ6 -0,00023876934543019960987
γ7 -0,00052728956705775104607
γ8 -0,00035212335380303950960
γ9 -0,000034394774418088048178
γ10 0,00020533281490906479468
γ11 0,00027018443954390352667
γ12 0,00016727291210514019335
γ13 -0,000027463806603760158860
γ14 -0,00020920926205929994584
γ15 -0,00028346865532024144664

Le développement de Laurent en 1 montre que \zeta\, est négative sur l'axe réel avant 1 (elle est positive après 1 de manière élémentaire puisque tous les termes de la série de Dirichlet sont alors positifs). En effet, on a

(s-1)\zeta(s)=1+\gamma(s-1)+\mathcal{O}((s-1)^2)

or, en supposant (s − 1) < 0 et suffisamment petit, on a

(s-1)\zeta(s) \ge 0

donc

\zeta(s) \le 0
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