Golden Gate Bridge - Définition

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Strauss et la sécurité de ses employés

Un chantier de l'ampleur de celui du Golden Gate Bridge présentait évidemment des dangers pour les ouvriers, contraints de travailler au-dessus du vide pour réaliser certaines parties de l'édifice. En moyenne, à l'époque, un accident mortel était recensé pour chaque million de dollars dépensé sur un chantier de cette envergure. Mais pour l'ingénieur en chef du pont, Joseph Strauss, les quelques vingt millions de dollars dépensés pour la construction ne devaient pas être synonymes de vingt morts parmi ses employés. Des centaines de milliers de dollars furent ainsi investis pour assurer la sécurité des ouvriers, en premier lieu celle des charpentiers métalliques, qui prenaient tous les risques sur les chantiers.

Des mesures de dissuasion et de prévention…

Vue depuis le sommet de la tour sud, en 1984.

Dès le début du chantier, Strauss imposa le port du casque et d'un câble de sécurité à tous ses employés. C'est l'ingénieur Russell Cone qui était chargé de contrôler le respect des règles de sécurité chez les ouvriers. Il était donc chargé de vérifier que les employés portaient bien leur casque rigide. En outre, le fait de boire ou de se lancer volontairement dans des « cascades » était un motif de renvoi. Cone remplit ainsi sa mission de manière sévère, mais efficace. De son côté, Strauss imagina même des protections contre le soleil pour ses employés, ainsi qu'un remède à base de chou, pour lutter contre la gueule de bois, étant donné que ses ouvriers étaient aussi actifs au travail qu'après. Cependant, les innovations les plus marquantes dans le domaine de la sécurité arrivèrent plus tard.

En 1936, alors que les premiers retards ralentissaient le chantier, Strauss décida d'investir 130 000 dollars dans un élément de sécurité à toute épreuve : un immense filet de sécurité, semblable à celui utilisé dans les cirques, qui pourrait recevoir à la fois les ouvriers maladroits ou malchanceux, et d'éventuels objets qui seraient tombés pendant la construction. Le filet était placé en suspension sous la travée en construction, à plusieurs dizaines de mètres au-dessus de l'eau. Cet élément nouveau dans la construction eut un impact très positif, et justifia amplement les coûts consentis pour son acquisition : non seulement il sauva la vie de dix-neuf personnes (qui créèrent même un club baptisé Halfway-to-hell c'est-à-dire « À mi-chemin de l'enfer ») mais il eut également un effet très positif sur la confiance des ouvriers, et la vitesse d'avancement des travaux, à tel point que les chefs de chantier menacèrent les employés qui se jetaient dans le filet pour s'amuser d'être renvoyés. Le pari de Strauss semblait donc fonctionner mais ses innovations ne prévenaient pas tous les accidents.

… qui n'empêchent cependant pas les accidents

Jusqu'en 1936, un seul accident avait entraîné la mort d'un ouvrier : celle de Kermit Moore le 21 novembre 1936. Face à la réussite de son filet, l'entreprise J. L. Stuart Company qui l'avait conçu déposa un brevet. Cependant, le 16 février 1937, un terrible accident eut lieu, et remit en question l'infaillibilité du filet. Ainsi, alors qu'une équipe de onze hommes était en train de travailler sur une plate-forme à proximité de la tour nord, une partie de cette dernière s'écroula sur le filet, où deux autres ouvriers étaient occupés à ramasser des débris. La structure de cinq tonnes fut retenue dans le filet mais, confronté à un tel poids, ce dernier finit par rompre, dans un vacarme similaire à des tirs de mitraillette. Un des ouvriers, Tom Casey était parvenu à se raccrocher à une poutre avant d'être secouru, mais ses onze camarades tombèrent à pic dans les eaux glaciales du Golden Gate. Un seul d'entre eux survécut, Slim Lambert, le contremaître de l'équipe. Celui-ci, alors âgé de vingt-six ans, parvint à s'extirper du filet sous l'eau et s'en sortit avec des côtes, des vertèbres ainsi que le cou blessés. Les dix autres employés moururent, soit des suites du choc, soit par noyade, mettant ainsi fin à la copie, jusque là parfaite, de Joseph Strauss.

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