Pour les aborigènes, l'arrivée de colons européens représenta une véritable catastrophe. On n'en trouve plus aucun sur l'île aujourd'hui. Les premiers habitants de l'île Fraser étaient le peuple Butchulla. Les recherches archéologiques ont montré qu'ils y vivaient depuis plus de 5 000 ans mais des recherches plus approfondies pourraient faire remonter l'occupation de l'île à des temps plus anciens encore. Aujourd'hui, des pièges à poissons, des traces de feux de camp, des empreintes laissées sur les troncs d'arbres ou des déchets (principalement des coquillages) témoignent de la présence de ces premiers habitants.
A l'arrivée des Européens, ce peuple vivait surtout sur le continent proche, un petit groupe de 400 à 600 individus vivant sur l'île de façon permanente. En hiver, les aborigènes se rassemblaient sur l'île Fraser pour célébrer et profiter de l'abondance de la nourriture que leur livrait l'océan en cette saison. La population de l'île passait alors à 2 000 ou 3 000 individus. Les aborigènes utilisaient des canoës, fabriqués à partir d'une longue pièce d'écorce, fermée hermétiquement à chaque extrémité avec de la cire d'abeille.
Les canoës étaient également utilisés pour pêcher. Un feu était aménagé à l'intérieur des canoës et les poissons pouvaient être cuits immédiatement après avoir été pêchés. Les aborigènes pêchaient au moyen de lances en bois ou avaient recours à des pièges en pierre qui isolaient les poissons à marée basse. Ainsi, de l'océan, les aborigènes tiraient une alimentation variée : coquillages, dugongs, tortues, anguilles, oiseaux aquatiques, œufs,...
Les aborigènes chassaient aussi sur l'île. Ne connaissant pas le métal, ils taillaient leurs couteaux dans la pierre. Ils possédaient aussi des hâches pour chasser les quelques animaux présents sur l'île, notamment des opossums. Ces haches étaient faites d'un roc solidement attaché à un manche à l'aide de cire d'abeilles stingless locales. Ces abeilles tenaient une place prépondérante dans la culture du peuple Butchulla. Non seulement pour la cire mais également pour le miel qui était la source principale de sucre.
Les aborigènes se nourrissaient aussi de patates sauvages et autres racines que les femmes récoltaient. Les Grass Tree ou xanthorrhoea, représentaient la base de la nourriture des Butchulla. Ils utilisaient la partie inférieur des feuilles qui s'apparentent à celle des choux. Les feuilles étaient mangées crues ou cuites et le fruit grillé. Les aborigènes connaissaient parfaitement la flore locale. Les fruits des pandanus, non comestibles, étaient placés dans un sac que les aborigènes trempaient dans les cours d'eau afin de les débarrasser des substances toxiques. Ils en utilisaient aussi les feuilles pour confectionner des paniers. Dans la forêt, ils trouvaient aussi des baies, tiraient le nectar doux du banskia. Les femmes fabriquaient de la farine en martelant les racines des fougères de bungwall.
Le cannibalisme était aussi pratiqué mais aucun homme n'était tué délibérément pour être mangé. Il s'agissait d'hommes morts au combat ou les enfants morts en bas âge. Les os des morts étaient séchés et placés dans un sac au creux d'un arbre appelé arbre funéraire.
Les aborigènes vivaient dans des abris dont la toiture était formée de longues bandes d'écorce d'environ deux à trois mètres. En hiver, des peaux d'opossums et un feu allumé à l'entrée réchauffaient le refuge.
Un homme ne pouvait pas se marier à une femme du même clan et leurs enfants appartenaient au clan de la mère.
Le déclin de la population aborigène s'amorça brutalement dans les années 1860 avec l'arrivée de bûcherons et d'équipages de la marine marchande qui apportèrent avec eux des maladies, de l'alcool et de l'opium. En 1904, l'île ne comptait plus que 150 habitants qui furent déportés dans des réserves sur le continent.