Jacques Guillemeau - Définition

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Introduction

Portrait de Jacques Guillemeau
Portrait de Jacques Guillemeau.

Jacques Guillemeau (Orléans 1549 – Paris 1613) est un chirurgien français du XVIe siècle. Il a fait faire d'importants progrès à la chirurgie, l'obstétrique et la pédiatrie.

Biographie

Jacques Guillemeau à Orléans - 1549-1569

Jacques Guillemeau naquit à Orléans en septembre 1549. Il est issu d'une famille de chirurgiens, son père étant, à cette époque, chirurgien de Henri II et sera, par la suite, attaché aux rois de France François II et Charles IX.

Acte de baptême de Jacques Guillemeau
"De Quinte Mens Soptembris 1549, Baptistus Fuit Jacobus Filius Jacobi Guilmeau a sacrofonte levantis per venerabilis viros Guillelmum Chrestien medicinae doctorem et Michaellus Perret espiscopatum aureliensis secretarium et Nicolus Martineau uxorem honorabilis virum Guillelmum Toutin".Ce que l'on peut traduire par : "Le cinq septembre 1549 fut baptisé Jacques Guillemeau, fils de Jacques Guillemeau. Parrains, Guillaume Chrestien, Docteur en médecine et Michel Perret, Secrétaire de l'Evêque d'Orléans. Marraine, Nicole Martineau, épouse de l'honorable Guillaume Toutin".
État de la maison du roi François II du 1er janvier 1559 au 31 décembre 1560
Il s'agit du plus ancien document conservé aux Archives Nationales traitant des "chirurgiens et valets de chambre" de la maison royale française. Ce document permet d'affirmer que Jacques Guillemeau (père) fut attaché comme chirurgien auprès : de Henri II, jusqu'au 10 juillet 1559, de François II, de juillet 1559 à décembre 1560, et de Charles IX, à partir du 10 décembre 1560 jusqu'à son décès en 1569.
Ascendants de Jacques Guillemeau
La fratrie Guillemeau compte, outre Jacques, deux frères : un Jean, dont on ne retrouve pas de trace dans l'histoire locale et d'un Ascanius qui fut "machang appothicaire et espicier bourgeois de Paris"

Le jeune Jacques Guillemeau s'initia à Orléans aux rudiments de la chirurgie au côté de son père et de son oncle Laurent.

Activité et salaire de Laurent Guillemeau
Cet oncle avait, au sein de l'Hôtel Dieu d'Orléans, une intense activité chirurgicale dont témoigne les comptes de l'Hôtel Dieu. Son nom est d'ailleurs, parmi les dix-sept chirurgiens recensés dans cette ville, le plus souvent cité. On peut notamment lire dans ce document : "au dict Guillemeau la somme de dix huit livres Tournoys pour avoir par lui vacqué est présent à la dite Maison Dieu à venir couper à dix huit personnes les jambes et bras et aussi pour avoir fourny les ungueus à faire guéris ung petit enfant du dict Hôtel Dieu d'un mal qu'il avait eu la main comme appert par ordonnance et quittance du 25ème jour d'octobre mil cinq cent soixante ung pour ce".

Jacques Guillemeau suivit également les cours de cet art dispensés au couvent des Cordeliers. Ces activités ne l'empêchèrent pas d'acquérir, en outre, une solide culture générale et de devenir un fin lettré épris de belles lettres, ce qui explique l'exceptionnelle qualité de ses œuvres écrites. Les langues anciennes lui étaient également familières, ce qui lui permettra de traduire en latin les œuvres d'Ambroise Paré.

Mais cette époque apparemment studieuse et paisible fut très perturbée par un événement brutal et inattendu : la mort du roi François II, le 10 décembre 1560, à l'âge de 16 ans. Jacques Guillemeau était alors âgé de 11 ans. Son père (et son ami Ambroise Paré) étant, ce jour, absents d'Orléans, ils ne purent assister le roi dans ses derniers moments, ce qui explique vraisemblablement que jamais dans ses œuvres Jacques Guillemeau ne fit mention de cet événement.

Premier séjour à Paris - 1569-1570

En 1569, au décès de son père, Jacques Guillemeau quitte Orléans pour continuer à Paris ses études auprès d'un maître prestigieux : Ambroise Paré, confrère et ami intime de son père. Jacques Guillemeau reçut de ce maître non seulement le fruit de son savoir et de son expérience, mais aussi une chaleureuse aide matérielle. Il habita, en effet, chez Ambroise Paré, de façon discontinue, il est vrai, de 1569 à 1584.

Bien qu'assez court, ce séjour fut particulièrement fructueux. Outre les leçons de son maître, Jacques Guillemeau affinera ses connaissances en travaillant sur le De humani corporis fabrica de Vésale, dont la dernière édition n'était sortie des presses que depuis quelques années.

Séjour à Montpellier - 1570-1573

Comme il était de coutume à la Renaissance, les étudiants voyageaient beaucoup, ce qui permettait aux esprits jeunes et ambitieux de s'enrichir de l'expérience et des connaissances d'autres maîtres.

A la fin de l'année 1570, après avoir passé deux ans auprès d'Amboise Paré, Jacques Guillemeau décide de partir à Montpellier, haut lieu de la culture médicale et chirurgicale française, avec son très célèbre Collège Royal de Médecine, qui attirait l'élite des futurs chirurgiens français.

Bien que cette ville fut le lieu de graves conflits religieux, les maîtres avaient toujours gardés vis-à-vis de leurs élèves une stricte neutralité confessionnelle et Jacques Guillemeau y passa trois années paisibles, voués à l'étude de la chirurgie et de l'obstétrique.

Non seulement, les étudiants pouvaient, sans problème, consulter toutes les œuvres scientifiques jusqu'alors publiées, quel qu'en soit l'auteur, mais surtout ils étaient entourés d'hommes d'une culture médicale, chirurgicale et obstétricale exceptionnelle. Ainsi, Jacques Guillemeau pu écouter les leçons des grands maîtres de Montpellier, comme Laurent Joubert, dont il dressera, à plusieurs reprises, un portrait flatteur. Il travailla également avec Nicolas Pouget,Villeneuve et Barthélémy Cabrol. Mais la personnalité médicale à laquelle Jacques Guillemeau fut le plus attaché fut Michel Héroard, chirurgien au fait de sa gloire, chez qui il vécut pendant son séjour à Montpellier. Jacques Guillemeau, qui ne sera d'ailleurs pas ingrat, puisque, à son retour à Paris, il prendra en charge Jean, le fils de Michel Héroard, et contribuera à son ascension sociale.

Second séjour à Paris - 1573-1576

A la fin de l'année 1573, Jacques Guillemeau est de retour à Paris, en passant par Lyon, Bâle et Heidelberg.

En 1574, Jacques Guillemeau reprend ses activités chirurgicales. Sa réputation et son entregent lui permettent de présenter Jean Héroard à Charles IX, qui l'engagea comme « hippiatre » (ainsi commence pour lui une prestigieuses carrière qu'il terminera comme premier médecin du dauphin, puis premier médecin de roi Louis XIII. Il rédigea le Journal d'hygiène d'un prince.) Mais cette année est surtout pour Jacques Guillemeau l'occasion de sortir de l'anonymat en pratiquant, à la demande de ses confrères, conscients de ses excellentes qualités d'anatomiste, l'autopsie de Charles IX, décédé dans la nuit du 29 au 30 mai.

Cette demande témoigne de l'estime de l'élite du corps médical vis-à-vis de ce jeune chirurgien, âgé de seulement 26 ans et pas encore attaché à la maison du roi. Le protocole d'autopsie pratiqué par Jacques Guillemeau témoigne d'une parfaite connaissance de l'anatomie et de la pathologie dont il est peu d'exemple à cette époque. En décrivant les lésions constatées et le processus morbide fatal, il préfigure ainsi Morgagni, qui, un siècle plus tard, reprendra la même démarche intellectuelle : diagnostiquer une pathologie, c'est rechercher la cause et le siège de la lésion en se libérant du poids de la tradition et du dogme.

Séjour en Flandres - 1576-1580

L'année 1576 et les trois années qui suivirent furent pour le jeune Jacques Guillemeau d'une toute autre nature, puisqu'il va être confronté à un autre type de pathologie chirurgicale : la chirurgie de guerre. Ce sera pour lui l'occasion d'acquérir une expérience que l'exercice d'une seule chirurgie réglée ne saurait lui donner. C'est donc à sa propre demande que Jacques Guillemeau s'enrôla sous les bannières du roi d'Espagne Philippe II, en guerre contre les Pays-Bas. L'arrivée de Jacques Guillemeau en Flandres est difficile à préciser, mais elle eut lieu, selon toute vraisemblance, à la fin du mois de novembre 1576.

En 1577, profitant d'une « permission » qui lui fut accordée pour un très obscur problème de remaniement du statut de la corporation des chirurgiens, Jacques Guillemeau se maria le 13 mai avec Martine Malartin. De cette union naquirent sept enfants, dont cinq survécurent.

Descendants de Jacques Guillemeau
"Savoir faisons que le traité du mariage de maître Jacques Guillemeau, Chirurgien du roi et Juré à Paris, fils de deffunct et honorable Maître Jacques Guillemeau, Chirurgien du roi, demeurant à Orléans avec Marguerite Malartin, fille d'honorable gen Malartin"

Cette année 1577 fut particulièrement faste puisque, outre son mariage, Jacques Guillemeau eut l'honneur d'être nommé chirurgien du roi de France Henri III.

A la fin de l'année 1577, Jacques Guillemeau retourne guerroyer aux Pays-Bas où il participa au siège de Maëstricht.

Installation définitive à Paris - 1580-1613

C'est après quatre ans d'activité de chirurgien militaire, au sein de l'armée espagnole, en 1580, que Jacques Guillemeau rentra à Paris.

Entre 1580 et 1585, Jacques Guillemeau reprend ses activités chirurgicales auprès d'Ambroise Paré et d'autres confrères au sein de l'Hôtel Dieu, toujours domicilié chez son maître, rue de l'Hirondelle, qu'il ne quittera définitivement qu'en 1584. C'est durant cette période que vraisemblablement, en signe de reconnaissance, il traduisit en latin l'œuvre de son maître, l'« Opera Ambrosii Parei regis primarii et parisiensis chirugi ».

A partir de 1585, Jacques Guillemeau vole de ses propres ailes, il est devenu une personnalité chirurgicale très appréciée de la maison royale, et sa clientèle personnelle lui apporta sans nul doute une confortable aisance financière.

Si, en 1589, il ne peut assister le roi Henri III, blessé mortellement à Saint-Cloud, ni pratiquer son autopsie, ce fut le fait de la confusion des évènements d'alors. Jacques Guillemeau aurait été, semble-t-il, retenu à Paris par les ligueurs. Cette défaillance (involontaire) n'altéra pas la confiance dont l'honorait la couronne de France puisqu'il fut reconduit dans sa charge de chirurgien du roi par Henri IV.

La nomination de Jacques Guillemeau comme chirurgien du roi Henri IV témoigne non seulement des grandes compétences de ce chirurgien mais surtout de la sympathie, de l'absolu dévouement et de la confiance que devait inspirer cet homme de bien.[non neutre]

En effet, la dynastie des Valois s'étant éteinte avec Henri III, règne alors sur la France une nouvelle dynastie : les Bourbons. L'émergence d'une nouvelle famille régnante implique toujours d'importants changements, que ce soit dans le personnel administratif, les conseillers et les intimes. Or Jacques Guillemeau fut le seul à être reconduit comme chirurgien dans la maison des Bourbons, ce qui témoigne, sans équivoque, la haute estime dans laquelle il était tenu.

Jusqu'à son décès, cette existence laborieuse sera ponctuée de quelques évènements qui confirment son statut social et ses qualifications de chirurgien.

En 1595, il est élevé à la dignité de prévôt du Collège de Paris, titre qu'il gardera jusqu'à son décès.

En 1597, Jacques Guillemeau se fixa définitivement 10, rue des Archives (anciennement rue des Billettes), en achetant une partie des bâtiments des évêques de Beauvais, demeure qu'il n'aura de cesse d'agrandir et de décorer.

C'est dans ce cadre élégant et raffiné que vécut Jacques Guillemeau et qu'il rédigea ses œuvres les plus intéressantes, tout en continuant de jouir de la protection des grands puisqu'il est appelé à rédiger, le 15 mai 1610, le protocole d'autopsie de Henri IV.

Au décès de ce roi, Jacques Guillemeau est reconduit dans sa charge auprès du nouveau souverain, Louis XIII.

Jacques Guillemeau meurt le 1er mars 1613 et est inhumé en l'église de Saint Jean de Grève.

Tombe de Jacques Guillemeau
Tombe de Jacques Guillemeau, décédé le 1er mars 1613

Sa descendance

Trois de ses enfants, Marguerite, Charles et Jean, connurent un destin assez flatteur :

  • Marguerite, l'aînée de ses filles, épousera en deuxième noce Nicolas Lambert dit « Lambert de Thorigny », de cette union naquit un fils, Jean, qui fit élever le plus fastueux hôtel particulier du XVIIe siècle : l'Hôtel Lambert,
Hôtel Lambert - Ile Saint-Louis
Hôtel Lambert - Ile Saint-Louis
  • Charles, nommé chirurgien de Louis XIII en 1618, fut reçu docteur en médecine en 1627 et doyen de la faculté de médecine en 1635. Il fut à l'origine des Guillemeau médecins et chirurgiens qui exercèrent jusqu'au milieu du XIXe siècle,
  • Jean, d'abord trésorier de l'Argenterie Royale, puis secrétaire du roi, s'éleva dans la hiérarchie sociale, son petit fils ayant pour titre seigneur de Freval, avocat puis conseiller au parlement de Paris, titres armoirisés.
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